La grande tranchée d’Havrincourt est située sur les communes d’Hermies et de Ruyaulcourt. Un extrait du bulletin de La Société Préhistorique de France de 1913 décrit précisément la raison de son implantation géographique et géologique.

"Le canal du Nord remonte le cours supérieur du ravin du Bois des Charmes, tributaire de l’Escaut, jusqu’au faite séparatif des bassins de l’Escaut et de la Somme, qu’il franchit en souterrain, pour déboucher dans la vallée de la Tortille, affluent de la Somme. La Vallée du bois des Charmes présente localement une dénivellation d’une trentaine de mètres et son ravin, orienté d'est en ouest sur le territoire d’Hermies, et s’infléchit vers le Sud-est, en pénétrant sur celui de Ruyaulcourt. Le canal ne peut épouser les méandres du thalweg ; aussi, sur le territoire d’Hermies, est-il creusé à flanc de coteau, alternativement sur les pentes exposées au Sud, où la craie affleure, et sur celles qui regardent au Nord, où d’épaisses couches d’alluvions se sont développées." (SALOMON, 1913).

Ce chantier débute en 1908, lors de la première phase de construction du canal du Nord entre 1908 et 1914. Il est achevé avant le début de la Première Guerre mondiale. Quelques cartes postales illustrent les travaux de cet ouvrage (voir illustrations) et nous informent sur les méthodes de construction :

1. Affouillement du premier niveau et construction d'un pont en pierre (assez similaire au pont du Fresnoy de Tourcoing) et d'un pont ferroviaire métallique.

2. Affouillement du niveau suivant et réalisation des murs de soutènement en briques qui constitueront les berges. Et ce jusqu’à atteindre le niveau de circulation du canal. Quatre niveaux sont ainsi creusés et maçonnés à l'endroit le plus profond (au droit des ponts).

3. Enfin, les travaux se terminent par le creusement de la cuvette du canal et la maçonnerie du cuvelage. L'ouvrage présente alors une longueur d'environ 600 mètres de murs de soutènements positionnés en gradins et maçonnés en briques.

Lors de la Première Guerre mondiale, l'ouvrage est partiellement, mais lourdement atteint. Une partie des berges supérieures est détruites ainsi que les deux ponts. Les troupes du Génie anglais mettent rapidement en place un pont métallique provisoire qui permet le rétablissement de la circulation.

Lors de la reprise des travaux sur le canal du Nord entre 1957 et 1965, la tranchée d’Havrincourt voit une large partie des murs de soutènement réduites au strict minimum (sous l’axe des ponts). Une nouvelle cuvette, plus large, est réalisée en béton armé pour accueillir le nouveau gabarit du canal (voir illustration).

Enfin, l’ancienne ligne de chemin de fer n’étant plus en activité, deux nouveaux ponts routiers sont mis en place. La particularité de l’un d’entre-eux est d’être un pont métallique ferroviaire posé à l’envers. La raison de cette inversion reste à déterminer, mais doit probablement être en relation avec une nécessité technique.

Dans la cadre de la construction du futur Canal Seine-Nord Europe, la Grande Tranchée d'Havrincourt devrait être comblée avec les remblais d'affouillement du nouveau canal.