Cette maison dite villa Normande fut édifiée très vraisemblablement dans la dernière décennie du XIXe siècle, certainement avant 1900, et elle fut affectée, semble-t-il, très vite, par son propriétaire, Victor Chéronnet (par ailleurs photographe et propriétaire du magasin la Civette sis rue Carnot), en « maison de famille pour hommes et jeunes gens », c'est-à-dire en hôpital marin. Elle était en effet citée dès 1904 comme appartenant à ce type d'établissement et il était déjà précisé qu'elle était dédiée à l’accueil de malades payants. Le succès rencontré par cet usage sanitaire auprès de la clientèle amena son propriétaire à réaliser une première extension au noyau primitif de l'édifice du côté sud-est, le long de la rue de Lhomel, en 1906-1907, dates portées par les deux pignons de ce nouveau corps de logis. Un certain Lasneret, donné comme architecte de la villa d'après la légende d’une carte postale du début du 20e siècle, serait très vraisemblablement le maître d’œuvre de cette première extension dont la maçonnerie de brique apparente tranche avec le style néo-normand plus pittoresque du corps de logis primitif de la villa dont les murs sont revêtus d'un faux pans de bois. En 1912, la villa Normande était toujours citée parmi les maisons de santé payantes de Berck-Plage, dans une liste publiée dans une revue de médecine.
Durant la Première Guerre mondiale, l’établissement fut réquisitionné et devint l’hôpital militaire temporaire numéro 45. Elle appartenait alors à monsieur Vaudry, important propriétaire de Berck possédant aussi le Petit Trianon et le Cottage des Dunes, ancien casino transformé lui aussi en hôpital marin. Après avoir recouvré son statut civil au lendemain de la guerre, l'édifice fut agrandi entre 1928 et 1934 d’un nouveau corps de logis du côté sud-ouest, parallèlement à la rue Eugène-Trigoulet, disposé donc en retour d’équerre par rapport à celui correspondant à la première extension réalisée en 1906-1907. Au revers de ce nouveau corps de logis, haut de deux étages, furent disposées des galeries de cure élevées sur trois niveaux. Sa façade antérieure fut revêtue de faux pans de bois ce qui lui donnait une touche néo-normande qui s’accordait fort bien avec le style de la partie la plus ancienne de la villa. La dualité des extensions sud-est, puis sud-ouest s’explique peut-être par celle de l’accueil d’enfants et d’adultes des deux sexes alors que seuls ceux de sexe masculin étaient reçu ici au départ. En 1934, l’établissement, ayant alors atteint probablement son maximum d'extension, était crédité d’une capacité d'accueil de 200 lits par le Comité national de défense contre la tuberculose.
En 1945, la Villa Normande fut louée par la Fondation franco-américaine afin d’y transférer les services de l’ancien hôpital Jalaguier qui avait été détruit par l'armée allemande durant les hostilités. L’établissement continua à dépendre de la fondation franco-américaine tout comme le centre médical Jacques-Calvé bâti sur l'emplacement de l'hôpital Jalaguier. Aussi cet établissement se trouva-t-il rattaché au groupe Hopale, institution résultant de la fusion de l'institut Calot avec à la fois la fondation franco-américaine et l’Union des établissements hélio-marins. Il demeure toujours dédié au soin de malades et son usage actuel est celui d’une maison de repos.
Né en 1950 en Algérie. Titulaire d’un doctorat en médecine - thèse soutenue en 1995 : « Histoire et architecture des amphithéâtres d’anatomie et des salles de dissection à Paris sous l’Ancien Régime » -, d’un certificat de médecine tropicale-santé dans le monde, d’une licence de langue et civilisation arabe, enfin d’un D.E.A. d’histoire de l’art soutenu en 1999 : « Histoire des locaux destinés à l’enseignement de l’anatomie dans les institutions parisiennes : de la création de l’École de santé de Paris à la construction du premier institut d’anatomie (1794-1832) ».
Après sa réussite au concours de conservateur du patrimoine en juin 1985, Pierre-Louis Laget a occupé de 1985 à 2017 un poste de chercheur dans le service de l’Inventaire de la Région Nord-Pas-de-Calais (puis Hauts-de-France).