Bien qu’il n’en reste plus de trace visible aujourd’hui, l’origine de l’église d’Oroër remonte à l’installation d’un monastère mérovingien dirigé par saint Évrost (ou Évrou) à la fin du 6e siècle. Au siècle suivant, c'est Angadrême qui, sous l'impulsion de l'évêque de Paris Chrodebert, rénove l’établissement religieux grâce à une communauté de moniales autour du tombeau du saint. Un église ou une chapelle est alors construite. L’abbaye de femmes aurait été dispersée à la suite des raids des Normands au 9e siècle. Les religieuses se seraient retirées à Beauvais avec les reliques de saint Évrost (abbé André Delettre, 1842).
D’après les découvertes réalisées lors de travaux au 17e siècle, l’église actuelle aurait été construite sur les fondations de l’ancienne abbaye (documentation de S. Leclerc recueillie par l’association pour la connaissance et la conservation des croix et calvaires du Beauvaisis). Il est possible que l’élévation nord de la nef construite en silex et épaulée par des contreforts en faible saillie appartienne à la période romane (fin 11e siècle ?). Le tracé légèrement oblique de ce mur en comparaison du reste de l’édifice semble en tout cas confirmer son antériorité.
L’édifice est en effet presque entièrement reconstruit à la fin du 15e (côté sud de la nef et chœur avec remplages des baies de style gothique flamboyant, blochets sculptés de la poutre sablière) et au du début du 16e siècle pour la chapelle du côté sud (date de 1605 inscrite sur la clé pendante de la voûte) et l'entrée occidentale de style Renaissance (chapiteaux ioniques, fronton triangulaire et portique à l’antique). Enfin, une sacristie est construite au cours du 19e siècle (analyse stylistique).
Le dossier renseignant les différentes campagnes de travaux de l’église conservé aux Archives Départementales de l’Oise permet d’étayer l’histoire architecturale de l’édifice au cours du 19e siècle. Des restaurations dans les maçonneries ont lieu en 1836 par Mr. Tallart. Le clocher connaît également plusieurs campagnes de travaux à partir de la seconde moitié du 19e siècle : charpente et couverture réparées en 1866-1867 par Alexandre Parmentier, couvreur à Noyers-Saint-Martin et Rémy Potier, charpentier à Tillé. En 1876, un ouragan détruit une partie du clocher qui doit être réparé. En 1905, la foudre vient le frapper et de nouveaux travaux sont entrepris. En 1926, M. Jumel Defrance, couvreur à Sainte-Eusoye, refait les toitures du clocher en ardoise d’Angers et répare une partie du toit en ardoise de l’église. Enfin, la couverture en tuiles de la nef est refaite en 1934.
Durant l’Occupation, les Allemands détruisent le clocher en raison de la proximité de l’église avec l’aéroport de Tillé et les pistes de décollage (documentation de S. Leclerc). Comme le montre une carte postale du début du 20e siècle (coll. part.), l’ancien clocher était beaucoup plus haut et effilé que l’actuel.
D’importants travaux sont réalisés au début des années 2000 (les travaux prennent fin en 2011). À cette occasion, le plafond de la nef est refait, la couverture en tuile de la chapelle est remplacée par de l’ardoise, le porche de la façade occidentale est restauré, les façades sont ravalées, des poutres du clocher sont changées et le carrelage central de la nef est remplacé (documentation de S. Leclerc).
Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).