Dossier d’œuvre architecture IA60005310 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Ancienne grange cistercienne de Grandmesnil puis fermes
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Campremy
  • Lieu-dit Grand Mesnil
  • Cadastre 1934 C 55, 56, 57, 58, 58bis  ; 2020 C 57, 145, 156, 157
  • Dénominations
    ferme, grange monastique
  • Précision dénomination
    grange cistercienne
  • Parties constituantes non étudiées
    grange, étable, bergerie, fenil, écurie, logis, puits, chapelle, usine de papeterie, briqueterie

Origine du domaine agricole

L’implantation d’un domaine agricole à Grandmesnil pourrait remonter à l’époque gallo-romaine (villa ?) ou au Haut Moyen-Âge. Des fouilles archéologiques dans les environs ont en effet révélé des vestiges de cette époque. Comme l’indique Robert Fossier (1968), les noms de lieux en "mesnil" sont nombreux à émerger dès les 8e et 9e siècles. D’après Émile Lambert (1982), la première occurrence connue de "Granmesnil" remonte toutefois aux années 1120 (cartulaire de l’abbaye de Saint-Germer).

Une ferme importante est donc déjà bien structurée lorsqu’en 1142 Odon de Grandmesnil, chevalier, cède ce domaine à l’abbaye cistercienne de Froidmont.  P. de Baynast (2009) indique que le domaine s’agrandit ensuite grâce à de nombreux dons successifs (surtout en terres et en bois) des seigneurs locaux (ceux de Mouy, Le Quesnel, Wawignies, Bucamp ou Campremy). Pierrette Bonnet-Laborderie rapporte que dans son Introduction à l’histoire de Picardie (1856), Don Grenier signale qu'en 1256 le domaine agricole est doté de 23 chevaux, 5 poulains, 37 vaches, 3 veaux, 680 brebis, 214 agneaux et 180 porcs.

Architecture cistercienne

L’élément le plus remarquable est l’imposante grange en pierre (inscrite Monument historique, PA00114562) probablement construite dans le premier quart du 13e siècle (d’après le dossier de protection de la DRAC). Elle était soutenue par d’imposants piliers surmontés d’arcades à arc brisé. Le vaisseau central était complété par deux collatéraux qui accompagnaient la pente prononcée de la toiture. Des contreforts en pierre extérieurs épaulaient l’ensemble. Des analyses dendrochronologiques en 2022 ont permis de dater la majeure partie de la charpente du premier quart du 16e siècle. Cette période pourrait correspondre à une importante campagne de travaux sur le site avec notamment la construction de la chapelle. Le style de ses poutres sablières semble en effet caractéristique du début du 16e siècle. D’après Pierrette Bonnet-Laborderie (op. cit.), elle abritait encore une statue de la Vierge en bois polychrome dans les années 1980. Elle est restaurée dans les années 1990.

Certaines parties des murs de clôture ou encore le puits de la ferme côté sud pourraient avoir une origine médiévale.

Enfin, le porche en pierre accompagné de la porte piétonne de la ferme côté route semble dater du 17e siècle même si ses fondations pourraient être plus anciennes.

La ferme après la Révolution

Vendue comme bien national en 1790, elle est achetée par Charles Meurine. Le domaine est alors séparé en deux propriétés dans les années 1830, entre le fils et la fille des propriétaires de l’époque, la famille Daudin.

Les deux exploitations familiales évoluent alors de façon indépendante et de nombreux bâtiments agricoles sont reconstruits en brique dans la seconde moitié du 19e siècle. Des remises agricoles sont élevées le long de la route à l’est de la porterie tandis que de l’autre côté de celle-ci, le logis de la ferme est réédifié. Des bâtiments d’élevage le prolongent. La ferme côté sud est pourvue de bergeries et d’écuries (dans le prolongement du logis actuel) ainsi que de porcheries à l’ouest de la mare. Un travail à ferrer les bœufs est toujours visible tout comme les clapiers à lapins qui prennent place entre les contreforts en pierre de la grange. D’après une inscription gravée sur l’une des pierres de la grange (ill.), Achille Obry a réalisé la couverture en tuile de l’édifice en 1866.

La chapelle sert à cette époque de cave à cidre. Les jambages de l'entrée sont retaillés pour pouvoir faire passer les tonnelets de cidre. La forme bombée du passage est encore visible.

Enfin, une distillerie est établie à cette époque juste à l’ouest des deux fermes. Une photographie de 1985 (Daniel Delattre, 2020) indique la présence de sa cheminée.

Évolutions au 20e siècle

De nouveaux chantiers sont entrepris dans la première moitié du 20e siècle. D’après son style néo-normand, le logis de la ferme côté sud semble avoir été construit dans les années 1930, tout comme celui de la ferme de Troussures. Des bâtiments à usage de papeterie sont construits dans le prolongement de la grange médiévale, côté est. Le puits situé dans l’enceinte de la ferme côté sud est doté d’un mécanisme permettant de remplir une citerne située au-dessus par pompage de l’eau. La ferme était ainsi alimentée en eau courante.

Comme le montre une photographie prise en 1985 (Daniel Delattre, 2020), la partie ouest de la grange médiévale est déjà dégradée à cette époque. En 1993, elle est inscrite au titre des monuments historiques. Seule la partie est de la grange conserve charpente, toiture et collatéraux.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 12e siècle , daté par travaux historiques , (détruit)
    • Principale : 2e moitié 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1140, daté par travaux historiques
    • 1866, porte la date
  • Auteur(s)

L’ancienne grange cistercienne de Grandmesnil est implantée dans une zone de plaine au lieu-dit Grand Mesnil, écart de Campremy. Elle est aujourd’hui séparée en deux propriétés : l’une le long de la route, au nord de la grange proprement dite ; l’autre au sud de cette dernière. Chaque ferme possède une moitié de la grange médiévale : la partie ouest est rattachée à la ferme côté nord ; la partie est à la ferme côté sud.

 

La grange médiévale

 

L’ancienne grange médiévale consiste en un vaisseau central flanqué de deux collatéraux soutenus par des contreforts qui rythment les neuf travées régulières de l’édifice. L’ensemble mesure 55 mètres de long pour environ 23 mètres de large. Ses maçonneries sont principalement en pierre de taille calcaire de différentes provenances : si les premières assises des murs et des piliers sont en pierre dure, les murs sont principalement construits en craie plus friable. La brique a été utilisée pour les réfections postérieures des façades (murs et chambranle d’une baie), de certains contreforts ainsi que dans les murs du collatéral côté nord.

La façade occidentale de la grange est percée d’une entrée monumentale en arc plein cintre. De part et d’autre, les façades des collatéraux sont pourvues chacune d’une entrée, en brique et arc plein cintre pour le côté nord, en pierre de taille et arc brisé pour le côté sud.

En partie cachée par des bâtiments, la façade orientale n’est pas entièrement visible de l’extérieur, mais deux baies sont observables au sommet du vaisseau central : elles sont brisées à l’intérieur mais surmontées d’une plate-bande à l’extérieur. La façade du collatéral visible de la cour de la ferme côté sud comprend une porte à deux battants surmontée d’un linteau en bois.

À l’intérieur de la grange, de grandes arcades en arc brisé définissent les neuf travées régulières et soutiennent la charpente en bois apparente. Elles s’appuient sur des piliers carrés élevés sur des bases plus larges. Une séparation en brique élevée au milieu de la cinquième arcade marque la limite des deux propriétés.

Sa toiture est en tuile plate et tôle.

L’édifice est dans un état inégal. Si pour sa moitié occidentale, il a perdu sa charpente, ses toitures et ses collatéraux, sa moitié orientale conserve ces éléments.

 

Les deux fermes autour de la grange

 

La ferme côté nord de la grange

 

Elle se développe autour d’une cour, alignée le long de la route qui traverse Grand Mesnil. La porterie permettant de pénétrer dans la cour comprend un premier niveau avec un porche et une entrée piétonne. Les deux entrées sont en pierre et surmontées d’arcs en plein cintre. Un second niveau en brique, percé d’une baie, surélève l’ensemble. À droite de cette entrée monumentale, s’élève le logis en brique prolongé par des bâtiments d’élevage. À gauche, le mur en brique d’une remise agricole longe la route. Un bassin et un jardin clôturé se trouvent en fond de cour.

Le logis principal comprend un sous-sol, un rez-de-chaussée et un étage de comble.

Les toitures des bâtiments sont principalement à longs pans et pignons découverts. À l'exception du toit de la remise agricole et du bâtiment annexe, en tôle ondulée, les couvertures sont d'ardoise.

 

La ferme côté sud de la grange

 

Organisée également autour d’une cour au centre de laquelle se trouve une mare, elle est accessible par le chemin côté est de la ferme. Les bâtiments en brique et béton de l’ancienne papeterie se trouvent à droite en entrant dans la propriété. Ils sont couverts d’un toit à longs pans de tuile mécanique. Ils s’étendent jusqu’à la grange médiévale qui ferme le côté nord de la cour. Des clapiers à lapins en brique ainsi qu’un travail à ferrer les bœufs sont implantés de ce côté. En face, de l’autre côté de la mare, se trouvent les anciennes écuries en brique prolongées à l’ouest par le logis de la ferme édifié dans un style néo-normand.

Ce dernier comprend un sous-sol, un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble à surcroît. Sa façade est ornée d’un faux pan de bois aux motifs géométriques variés. Ses toits, soutenus par des pièces de charpente apparentes, sont à longs pans brisés et pignons couverts. Ils sont couverts d’ardoise.

Un bâtiment agricole en brique ferme le côté ouest de la cour. Il comprend un rez-de-chaussée rythmé par huit portes et un comble aménagé (grenier ou fenil ?). Couverts de tuiles plates, ses toits sont à longs pans et pignons découverts.

Sur le chemin d’accès au jardin, dans l’angle sud de la cour, se trouvent d’autres bâtiments techniques dont le puits couvert, surmonté d’une citerne protégée par des murs essentés de clins de bois. La construction comprend un toit à deux pans couvert d’ardoise.

Enfin, dans le jardin est édifiée une chapelle, restaurée dans les années 2000. Construite en pierre de taille, elle comprend un simple vaisseau et mesure environ 9 mètres de longueur pour 6 mètres de largeur. Sa façade sud-est est percée d’une large baie en arc brisé. Son entrée, aménagée dans la façade nord-ouest, s’effectue par une porte inscrite dans un arc surbaissé. La toiture à deux pans est couverte de tuile. À l’intérieur, une charpente lambrissée couvre l’édifice. Elle s’appuie sur une poutre sablière entièrement sculptée de motifs géométriques.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • brique
    • brique et pierre à assises alternées
    • faux pan de bois
  • Toits
    tuile plate, ardoise, tôle ondulée, tuile mécanique, tuile flamande
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, comble à surcroît
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
    • toit à longs pans brisés pignon couvert
    • appentis pignon découvert
    • toit à deux pans
  • État de conservation
    inégal suivant les parties, menacé

Bibliographie

  • BONNET-LABORDERIE, Pierrette. Une grange cistercienne gothique en danger : Grandmesnil. Blé et patrimoine, l'exemple cistercien. Bulletin du Groupe d'études des monuments et oeuvres d'arts de l'Oise et du Beauvaisis, 1985, n°24.

    p. 15-20.
  • DE BAYNAST, Philippe. Les granges de l'abbaye de Froidmont sur le plateau picard. Mémoires d'ici. Publications des sociétés historiques de Breteuil, Maignelay-Montigny et Saint-Just-en-Chaussée, Beauvais, 2009.

    p. 85-86.
  • DELATTRE, Daniel. Le canton de Saint-Just-en-Chaussée : 84 communes, 84 lieux incontournables. Grandvilliers : éditions Delattre, 2020.

    p. 135.
  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

    p. 252.
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
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