Dossier d’œuvre architecture IA60003155 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
Le village de Chepoix
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Chepoix
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    croix de chemin, monument aux morts, mairie, école, presbytère, abreuvoir, laiterie industrielle, magasin de commerce, café

Chepoix est implanté dans un site typique du plateau picard : un vallon sec couvert d’une plaine céréalière. Dans sa monographie communale (Précis Statistique du canton de Breteuil, 1843), Louis Graves précise la nature de ce territoire, constitué d’une vaste plaine traversée du sud au nord par un vallon ramifié qui descend vers la vallée de la Noye. La forêt de La Hérelle marque la limite du territoire communal à l’est.          

Warmaise et Petit Chepoix sont les deux écarts de la commune (Warmaise fait l'objet d'un dossier spécifique : IA60003156). Bacouel faisait partie de Chepoix jusqu’en 1867. En 2020, Chepoix comptait 463 habitants, répartis sur un territoire communal de 8,9 km². 193 logements ont été recensés, avec une part des résidences principales de 82,9%.

Le village s’est développé autour d’une forteresse médiévale. Celle-ci, détruite en 1431 sur ordre du roi Charles VII, se trouvait en face de la place communale. Un château est alors construit à Warmaise (aujourd'hui détruit).

L’habitat est essentiellement composé de fermes de type picard (grange sur rue, logis en fond de cour). Particulièrement nombreuses dans la rue Roland Mariage, elles semblent former une muraille le long de la rue. D’après les recensements de population, la population était principalement occupée au XIXe siècle à la tabletterie (bonneterie, ganterie) et à l’agriculture. Une laiterie s’installe rue de la Hérelle à l’extrême fin du XIXe siècle.

Ce dossier concerne l'étude du village de Chepoix et de Petit Chepoix, qui s'inscrit dans son prolongement au sud-est. Le hameau de Warmaise [IA60003156] et son château détruit [IA60005375] font l'objet de dossiers spécifiques.

Origines

                Étymologie de Chepoix

 

La première mention de Cepoi apparait dans un document de 1154 (É. Lambert, 1982). Ce toponyme pourrait être dérivé du latin cippus (tronc d’arbre, souche). Avec l’influence du chuintement picard, le nom aurait évolué en Chepoy . Il pourrait donc s’agir d’un village peuplé à la suite de défrichements au Moyen Âge. Le nom fait également allusion aux souches restées en terre ou bien à la palissade de troncs d’arbres défendant le lieu.

 

                Chepoix sous l’Ancien Régime

 

Les travaux de Louis Graves (Précis Statistique, 1843) et de l’abbé Seillier (Notice sur Chepoix, 1898) donnent des renseignements sur l’histoire de Chepoix. Au Moyen Âge, les principaux propriétaires connus du village sont d’abord les seigneurs des Tournelles, qui possèdent également une partie de la ville de Montdidier. Le roi de France Philippe Le Bel est le suzerain de Chepoix et y possédait également plusieurs terres et droits. Au cours de son règne, il exempte les habitants de subsides qu’il levait sur le royaume. Enfin, l’un des fiefs et la cure de Chepoix dépendent de l’ordre des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

Outre ces possesseurs extérieurs au village, il existait des sires de Chepoix, détenteurs de plusieurs fiefs et du château qui se situait en face de la place communale. Le plus ancien membre connu de cette lignée est Gautier de Chepoix, identifié grâce à sa signature sur une charte de donation en faveur de l’abbaye de Breteuil. Vers 1305, Thibaut de Chepoix est connu pour avoir été amiral et grand maître des arbalétriers de Philippe Le Bel.

Le château fort de Chepoix est endommagé par les Anglais pendant la Guerre de Cent Ans. Il est détruit en 1431 sur ordre du roi Charles VII. Pour le remplacer, un château est construit à Warmaise.

En 1772, la seigneurie échoit à M. de Saint-Fuscien de Vignereuil, maire de Montdidier. Les titres de la seigneurie sont détruits à la Révolution.

En ce qui concerne la paroisse, Chepoix semble d’abord n’avoir été qu’une dépendance de la paroisse dite de Saint-Marc, comprenant La Hérelle et Mory-Montcrux. L’église paroissiale se trouvait alors à l’emplacement de la chapelle Saint-Marc de Mory-Montcrux. Elle a été détruite à la suite d’un incendie provoqué par les Bourguignons en 1434. C’est alors que les habitants de Chepoix et de La Hérelle auraient entrepris la construction d’une église et d’un cimetière pour leur village respectif.

 

Morphologie et parcellaire

 

                Développement du village et morphologie

 

Le premier noyau d’habitation s’est structuré autour d’une forteresse médiévale, située sur la place au croisement de la rue de l’École et de la rue Roland Mariage. Le bâti s’est ensuite développé le long de la rue Roland Mariage qui constituait l’axe principal de circulation entre Bonvillers et Bacouel.

Le territoire communal de Chepoix compte deux écarts, qui, d’après Louis Graves, ont pu être d’anciens villages. Celui de Warmaise, au sud-ouest, en direction de Bonvillers, s’est structuré autour du château construit vers 1450. Quelques fermes s’y trouvent encore aujourd’hui. Ensuite le hameau de Petit Chepoix (ancienne rue d’en Bas), se trouve le long de la route menant à La Hérelle. Visible sur le cadastre napoléonien (premier quart du XIXe siècle), il compte plusieurs petites fermes. Si des éléments de maçonneries du début du XIXe siècle sont encore perceptibles (n°45, 43 rue de La Hérelle), Petit Chepoix est aujourd’hui essentiellement constitué de pavillons modernes.

Comme on l’observe sur le cadastre napoléonien, le village forme un Y dont les branches, à l’ouest, sont la rue Roland Mariage et la rue du 8 Mai. La rue du Petit Paris les coupe perpendiculairement. À l’autre extrémité, l’axe Bacouel-La Hérelle forme la frontière nord-est du village. En 1979, un nouveau cimetière est construit le long de la route menant à Bacouel. La chapelle funéraire de la famille Bellemère lui fait face, de l’autre côté de la route.

 

                Parcellaire et cadre du bâti

 

L’habitat est dense le long de la rue Roland Mariage, la plus ancienne. Sur le cadastre napoléonien, le parcellaire est constitué d’étroites lanières juxtaposées sur lesquelles sont construites les fermes picardes typiques de la région. Ces dernières sont constituées d’une grange sur rue et d’un logis en fond de cour. Derrière ce dernier, la parcelle s’étend jusqu’au sentier du tour de ville, encore praticable à Chepoix.

Le long des branches du Y, le bâti est plus lâche et le parcellaire moins régulier. Les terrains sont plus importants, attestant d’un peuplement plus récent : d’anciennes pièces de terre cultivables ont été divisées afin d’accueillir des habitations. Le long de la rue du Petit Paris, l’habitat est également dispersé, composé de quelques petites fermes et d’une exploitation agricole plus importante, celle de la famille Bellemère. Un dossier spécifique consacré à l'habitat du village [IA60005369] donne plus de détails sur les types et les formes des maisons.

 

Lieux partagés et structurants

 

                Patrimoine religieux : chapelles et croix de chemin

 

                               Les chapelles

 

Outre l’église actuelle, construite au cours du XVe siècle, Chepoix compte trois chapelles dont une chapelle funéraire. La Notice sur Chepoix rédigée par l’abbé Seillier entre 1898 et 190, mentionne notamment la chapelle de la Vierge qui se trouvait rue du Petit Paris, en face de la ferme au n°29. La niche percée dans le pignon du logis pourrait renvoyer à la présence du culte de la Vierge. Sur le cadastre napoléonien, le lieu-dit "La Chapelle" porte la trace de son emplacement. Néanmoins, l’existence de cette chapelle relève de la tradition et n’a jamais été démontrée.

À Warmaise, une chapelle sous le vocable de sainte Marguerite se trouvait dans la cour du château.

Enfin, la chapelle funéraire de la famille Bellemère a été construite en 1925 le long de la route menant à Bacouel. Classée au titre des Monuments historiques (PA60000061), elle est l’œuvre de Gérard Ansart qui y traite pour la première fois le thème de la danse macabre.

 

                               Les croix de chemin

 

Dans sa Notice sur Chepoix, l’abbé Seillier a recensé 14 croix de chemin sur le territoire de Chepoix-Warmaise-Bacouel. Celles qui sont encore présentes aujourd’hui sont visibles en illustrations de ce dossier. Elles datent toutes du XIXe siècle. Les travaux de l’Association pour la Connaissance et la Conservation des Croix et Calvaires du Beauvaisis éclairent l’histoire de ces croix de chemin le plus souvent placées aux sorties et aux croisements des routes.

La seule croix de chemin implantée au cœur du village est celle dite "calvaire de la Pointe du Bas". Elle se situe à l’angle de la rue de l’École et de la rue de La Hérelle. Elle a une première fois été érigée en 1787 par Jean Mine. Rétablie en 1806 après avoir été supprimé en 1793, elle est restaurée en 1818 par Félix Domont et Jeanne Lange. En 1851, elle est remplacée par une croix en fer donnée par Marie Henriette Gervoise, qui est peut-être celle que nous voyons aujourd’hui.

Une seule croix est toujours en place à l'extérieur du village, à la sortie nord vers Breteuil. Elle a été érigée en 1756 par Cécile Bouvet dit Maillotte et semble correspondre à celle encore en place.

La croix au bord de la route de la Hérelle à la sortie du village inventoriée par les bénévoles de l’Association des croix du Beauvaisis n’a pas été repérée en 2021 et a certainement disparu compte tenu de son mauvais état déjà signalé en 2005. C’est également le cas de celle qui se trouvait à la sortie nord du village, vers Bacouel juste après le cimetière.

 

                Patrimoine hydraulique : mares et fossés

 

Installés dans le creux d’une vallée sèche, les habitants du village ont construit plusieurs mares afin de collecter l’eau pour abreuver les troupeaux, disposer d’une réserve en cas d’incendie ou bien contenir les pluies. Sept mares sont dénombrées dans la Notice statistique du département de l’Oise (1902). Les mares citées ci-après figurent toutes sur le cadastre de 1933. La présence d’une mare servant au rouissage du chanvre est mentionnée par l’abbé Seillier dans sa Notice. Elle se situait au chevet de l’église et témoigne de l’activité de préparation du chanvre autour de 1900. Les murs de brique sont encore visibles.

Rue Roland Mariage, une mare se trouvait sur la parcelle de l’actuel n°47. La plus importante se situait au croisement de la rue Roland Mariage et de la rue du 8 Mai. Elle est indiquée sur le cadastre napoléonien. Les murs de brique de celle de la rue du Petit Paris, en face du n°7 témoignent de son existence. Aucune de ces mares n'est encore en eau aujourd’hui.

De plus, un réseau de fossés, déjà visibles sur le cadastre napoléonien montre la nécessité de creuser de tels aménagements afin de faciliter l’écoulement des eaux de pluie. À l’est du village, au croisement de la rue Roland Mariage et de la rue de la Hérelle, un fossé s’écoulait dans les terres en direction de Bacouel. Il est qualifié de "fossé ou égout" sur le cadastre de 1933 et traverse le carrefour pour se poursuivre jusqu’à l’ancienne laiterie rue de la Hérelle.

 

                Le chemin du Tour de Ville

 

Comme la plupart des villages du plateau picard, Chepoix est ceinturé par un sentier qui marque une limite nette entre les champs et les zones de jardins et vergers des habitations. Le chemin dit du Tour de Ville passe ainsi juste derrière les parcelles des habitants. Un portillon aménagé dans la clôture grillagée donne accès à ce chemin, emprunté par les troupeaux et les paysans pour rejoindre leurs parcelles de terre.

À Chepoix, ce réseau de sentiers est encore bien préservé et les chemins situés au nord et au sud de la rue Roland Mariage sont toujours praticables. Pour la partie nord, l’accès se fait via un sentier partant de la rue du Petit Paris. Quant à la partie sud, il faut emprunter un chemin à partir de la rue du 8 Mai.

 

                Les équipements communaux

 

Les documents de la série O conservés aux Archives Départementales de l’Oise donnent des renseignements sur l’histoire des constructions des équipements publics de Chepoix.

 

                               Mairie-école

 

En 1833, le conseil municipal a pour projet de construire une école et une maison pour l’instituteur. La commune acquiert une propriété située en face de l’église (emplacement de la mairie actuelle, voir ill.). La grange qui s’y trouve est détruite et les matériaux réemployés dans l’édification de l’école, maçonnée en pans de bois remplis en bauge (voir plan en ill.). Du mobilier est également commandé : tables et bancs, cloison de séparation entre les sexes, estrade et bureau du maître. La réception des travaux, réalisés par Jean-Baptiste Martin a lieu en 1848, sous la supervision de monsieur Bellanger.

En 1864 il est décidé de reconstruire l’école, qui ne dispose pas de logement pour l’instituteur et demande des réparations incessantes en raison de ses maçonneries en pans de bois. Le projet est confié à l'architecte Portemer. L’ensemble, entièrement en brique, sera édifié entre cour et jardin (voir plans en ill.). Au rez-de-chaussée, un couloir sépare la classe du logement de l’instituteur qui comprend une cuisine, une salle à manger et un jardin. Au premier étage se trouve d’une part deux chambre et un cabinet ; d’autre part une salle de mairie au-dessus de la classe. Deux entrées, une pour chaque sexe, permettent d’accéder à l’école.

Les plans ont dû être modifiés en raison d’un refus de la commission des bâtiments civils qui a jugé la salle d’école trop petite pour le nombre d’enfants scolarisés. Le projet est finalement approuvé en 1867 et les travaux sont réalisés par Alfred Folie, entrepreneur de travaux à Abbeville.

Les bâtiments aujourd’hui à usage de mairie sont toujours en place.

 

                               Presbytère

 

La commune acquiert le presbytère paroissial en 1803 et le reconstruit en 1829 en raison de son mauvais état (il était en pans de bois et couvert de chaume). Il est réédifié au même emplacement et comprend un étage. Également en pans de bois, il est couvert de tuiles et renforcé par des chaînages et des jambages en pierre et brique. Le devis est réalisé par Bellanger et les travaux sont entrepris par Jean-Baptiste Martin, marchand de bois à Ansauvillers. Les travaux sont terminés en 1834.

Le bâtiment de l'ancien presbytère visible aujourd'hui est toutefois une reconstruction en brique plus récente.

 

                               Halte de chemin de fer

 

Si la halte de Chepoix est inaugurée en 1895 au lieu-dit Les Trois Cornets, à l’intersection de la voie ferrée et de la route conduisant aux Bois de La Hérelle, il faut attendre 1899 pour qu’un abri pour les voyageurs soit installé. Il a reçu les subventions de la Compagnie des Chemins de fer du Nord. Il n’en reste plus de trace aujourd’hui.

  • Typologies
    vallée sèche
  • Statut de la propriété
    propriété publique
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Oise. Série J ; sous-série 49 J : 49 Jp 11. Chepoix. Inventaire des croix et calvaires. Archives de l'association pour la connaissance et la conservation des calvaires et croix du Beauvaisis (ACCCCB), 2007.

  • AD Oise. Série M ; sous-série 6 M : 6 Mp 168. Chepoix. Recensements de population (1820 à 1936).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 30245. Chepoix : presbytère et mairie (1833-1936).

  • AD Oise. Série O ; sous-série 2 O : 2 O 30252. Chepoix : presbytère (1821-1939).

Bibliographie

  • LAMBERT, Émile. Dictionnaire topographique du département de l'Oise. Amiens (Musée de Picardie) : Société de linguistique picarde, 1982 (tome 23).

  • Notice descriptive et statistique sur le département de l'Oise. Paris : Imprimerie du service géographique, 1902.

  • SEILLIER, abbé. Notice sur Chepoix. In L'Annuaire de l'Oise. [s. l.] : [s. ed.], [1898-1901].

Périodiques

  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Breteuil, arrondissement de Clermont (Oise). Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1843.

Documents figurés

  • Chepoix. Cadastre napoléonien, section D, feuille 1, [premier tiers du XIXe siècle] (AD Oise ; EDT 175/1 G 1).

  • Chepoix. Cadastre napoléonien, section E, feuille 1, [premier tiers du XIXe siècle] (AD Oise ; EDT 175/1 G 1).

  • Chepoix. Cadastre rénové, section E, feuille 2, 1933 (AD Oise ; 1964 W 39).

  • Chepoix. Cadastre rénové, section D, feuille 1, 1933 (AD Oise ; 1964 W 39).

  • Chepoix (Oise). Extérieur de la laiterie, carte postale, éd. Perrin, Paris, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Chepoix (Oise). La gare, carte postale, éd. C. Magniez, coll. Mathon, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

  • Chepoix (Oise). La place, carte postale, éd. C. Magniez, coll. Mathon, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

Annexes

  • Les anciennes activités des habitants et habitantes de Chepoix
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020, 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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