Dossier d’œuvre architecture IA60005369 | Réalisé par
Chamignon Lucile (Rédacteur)
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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  • inventaire topographique, Communauté de communes Oise Picarde
L'habitat du village de Chepoix
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de l'Oise Picarde - Saint-Just-en-Chaussée
  • Commune Chepoix
  • Dénominations
    maison, ferme

Les types d'habitat : deux types de fermes

 

Village essentiellement agricole, Chepoix est en grande majorité constitué de fermes plus ou moins importantes. C’est sur ce type d’habitat que l’étude se porte, bien que des exemples de logis sur rue ont pu être relevées (n°15 ou 11 (ill.) de la rue du Petit Paris). Après la description des formes de ce bâti, ses matériaux de construction et sa mise en œuvre sont définis.

Deux types de fermes peuvent être identifiés. Le premier est celui de la ferme picarde avec grange sur rue, bien représentée dans les villages du plateau picard. Le second regroupe les fermes à cour, exploitées par les cultivateurs les plus importants.

 

                               La ferme picarde

 

La rue Roland Mariage offre un bel exemple de ces fronts de granges alignées sur la rue (ill.). Les bâtiments sont distribués ainsi sur la parcelle : grange avec façade sur rue, logis en fond de cour parallèle à la grange, jardin et potager puis accès au chemin du tour de ville en fond de parcelle. Entre la grange et le logis, des bâtiments liés aux activités agricoles de subsistance sont répartis perpendiculairement à la rue. Leur nombre varie d’une ferme à l’autre : poulailler, soue à cochons, étable, écurie, fenil, fournil, remise. Ce type d’habitat est dans un premier temps celui des fabricants de bas, tisserands, bonnetiers puis à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, celui des ouvriers (agricole, laitier, brossier), ménagers ou artisans dont la femme est fileuse ou couturière. Il est adapté à la double activité des habitants du plateau picard : travaux agricoles sur la ferme durant la belle saison et emplois complémentaires pendant la morte saison (activités textiles à domicile, travaux agricoles saisonniers chez un gros cultivateur). Cette typologie est la plus fréquente à Chepoix et dans les autres villages des environs.

Rue Roland Mariage, les exemples relevés sont identifiables grâce aux façades de grange percées d’une imposante porte charretière (la "grand ’porte") et parfois d’une porte à engranger (n°59, ill.). Les portes charretières sont à double battants, une porte piétonne étant découpée dans l’un des deux (n°50, 48, 46). Le n°44 offre un bel exemple de porte piétonne surmontée d’une imposte ajourée, ornée d’une croix de saint André agrémentée d’un décor géométrique (ill.).

 

                               La ferme à cour

 

Outre cette première typologie, où habite la famille du paysan-artisan, Chepoix compte plusieurs exemples de fermes de cultivateurs (terme mentionné dans les recensements de population), gros centres d’exploitations qui employaient de la main d’œuvre extérieure. Elles sont organisées autour d'une cour, fermée par les différents bâtiments. La ferme dite de M. Geffroy (n°67 rue Roland Mariage, ill.), propose un bel exemple d’une exploitation agricole qui s’est développée dans la première moitié du XXe siècle. Les bâtiments d’exploitation sont distribués autour de la cour de ferme et s’ouvrent sur elle. Les façades des étables et écuries longent la rue. Elles sont percées d’ouvertures régulières au premier niveau. Une corniche le sépare du second niveau, doté d’une porte à engranger le foin et le grain. La date portée sur le fronton de la façade du logis signale sa reconstruction en 1924.

Rue du Petit Paris, la ferme du n°29 appartient à la même typologie avec son entrée ouverte sur la rue et ses bâtiments d'exploitation distribués autour de la cour (ill.). De la rue, il est possible d’identifier les façades des bâtiments d’étable. Le premier est en brique avec une surélévation plus récente en béton. Le second, au niveau de l’entrée de cour est en brique, et chaque fenêtre est surmontée d’un fer d’ancrage. Au second niveau, deux portes à engranger aujourd’hui comblées permettaient de stocker le foin et le grain directement depuis la rue.

Enfin, rue du 8 Mai, le n°12 témoigne également des reconstructions en brique des fermes les plus importantes, à la suite de leur agrandissement dans le premier quart du XXe siècle. La façade d’un imposant bâtiment de grange et d’étable se déploie le long de la rue. Au premier niveau, de petites ouvertures, aujourd’hui comblées, s’alignent de manière régulière. Au second niveau, des portes à engranger les récoltes s’ouvrent sur la rue. Comme le montre le cadastre de 1933, d’autres bâtiments prolongeaient ceux qui sont visibles sur la rue. Le logis et d’autres édifices agricoles se trouvent dans la cour, la façade parallèle à la rue.

 

Mise en œuvre et matériaux de construction

 

Brique et pan de bois torchis sont les deux mises en œuvres visibles à Chepoix. Rue Roland-Mariage, les granges sur rue des habitations aux n°19 (ill.), 23 et 25 (ill.) sont par exemple déjà visibles sur le cadastre napoléonien. Elles sont antérieures au premier tiers du XIXe siècle. Si les solins sont en brique (assises posées à plat puis la dernière posée à chant), les maçonneries sont en pan de bois et torchis, recouvertes d’un essentage de bois afin de les protéger des intempéries (un autre exemple bien conservé se trouve au n°1 de la rue du Petit Paris (ill)). D’une manière générale, la rue Roland-Mariage a conservé une structure parcellaire ainsi que de nombreuses habitations antérieures au XIXe siècle (qu’une étude plus poussée permettrait d’identifier de manière exhaustive). La brique est presque systématiquement employée pour les solins des granges. Parfois, ces soubassements sont renforcés par des blocs de calcaire, situés aux retombées des poteaux de pan de bois verticaux (n°10).

Concernant les matériaux des murs, la brique est autant présente que le pan de bois. On note quelques exemples de pignons en pierre de taille calcaire (n°3 (ill.), 36 et 52 rue Roland Mariage, n°29 rue du Petit Paris). Ce matériau rare et coûteux (le calcaire du plateau picard étant souvent trop tendre et fragile), n’était employé que pour certains édifices prestigieux et certaines parties sensibles comme les murs de pignons. Ceux qui sont en calcaire sont d’ailleurs tous orientés nord-est. La brique connaît une large diffusion à partir de la seconde moitié du XIXe siècle puis dans la première moitié du XXe siècle. Outre les fermes à cour citées ci-dessus et la laiterie, des maisons (n°11 rue du Petit Paris) ou des maisons d'ouvriers (certainement liés à la laiterie) sont bâtis avec ce matériau dans la rue de l'École (n°22, 24 et 26, ill.).

Si la plupart des façades en torchis et pan de bois sont protégées par un enduit à la chaux, certaines laissent apparaitre la structure en pan de bois. Le n°34 rue Roland Mariage (ill.) permet d’étudier l’ossature formée par les poteaux entre lesquels est tissé le clayonnage, support du torchis. Au-dessus du solin en brique, une poutre sablière accueille les poteaux verticaux qui eux-mêmes maintiennent une poutre horizontale au milieu de la façade. Des pièces posées obliquement, les décharges, sont renforcées par des boutisses. Au-dessus de ce premier niveau, des potelets verticaux irréguliers renforcent la seconde partie des maçonneries, terminée par des poteaux horizontaux. D’une manière générale, l’irrégularité des poteaux frappe, et des pièces de bois viennent renforcer les structures les plus importantes.

Les matériaux utilisés pour les couvertures sont répartis entre l’ardoise, la tuile et la panne. Les recensements de population précisent, pour certaines années, la proportion de toits couverts avec chaque matériau. En 1831, sur les 120 maisons que compte le village, 84 sont en chaume, 25 en tuile, 2 en pannes et 9 en ardoise. Dix ans plus tard, sur les 133 maisons, seules 43 sont en chaume, tandis que 57 sont en tuile et 33 en ardoise. Le chaume a disparu en 1866, au profit des tuiles et de l’ardoise. Cette distribution est encore valable aujourd’hui. La panne est encore très présente dans la rue Roland Mariage, même si la tuile la devance. L’ardoise est toutefois davantage employée sur les couvertures, mais également comme essentage, sur les pignons afin de les protéger du vent et de la pluie.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1924, porte la date

Documents figurés

  • Chepoix. Cadastre napoléonien, section D, feuille 1, [premier tiers du XIXe siècle] (AD Oise ; EDT 175/1 G 1).

  • Chepoix. Cadastre napoléonien, section E, feuille 1, [premier tiers du XIXe siècle] (AD Oise ; EDT 175/1 G 1).

  • Chepoix. Cadastre rénové, section D, feuille 1, 1933 (AD Oise ; 1964 W 39).

  • Chepoix. Cadastre rénové, section E, feuille 2, 1933 (AD Oise ; 1964 W 39).

  • Chepoix (Oise). Ferme de M. Geffroy, carte postale, éd. Delavenne, [premier quart du XXe siècle] (coll. part.).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Chamignon Lucile
Chamignon Lucile

Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France (depuis 2020).

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