USINE I :
Tannerie, puis filature (filature de lin), puis distillerie (fabrique d'amidon), puis moulin à blé, puis ferme
rivière : la petite Brèche
Londres (allée de), Rome (allée de), Dublin (allée de), Copenhague (allée de), La Haye (place de), Luxembourg (avenue du). Nogent-sur-Oise.
Ref. cad. : AX 152 à 229
En 1796 Guillaume Estellé, originaire de Toulouse et arrivé depuis peu à Nogent-les-Vierges, installe une tannerie sur la Petite Brèche équipée d'une roue hydraulique verticale. L'activité est stoppée par les troubles révolutionnaires et les bâtiments sont vendus en 1819 à de Livron qui souhaite développer une filature de lin. Il crée une société avec deux associés Cadet de Vaux (directeur) et Breidt, ce dernier apportant la majorité des capitaux. Dès le mois de juin 1820, deux métiers de 10 broches chacun sont en activité. En 1824, alors que le nombre de broches est passé à 900, la société est dissoute. Breidt reste le seul propriétaire et ne cesse d'améliorer les rendements. En 1826, il contracte une nouvelle association avec la famille Schlumberger. La société apporte un essor à la filature qui est agrandie et emploie 360 ouvriers et ouvrières (160 sur place dont des belges et des lillois ; 200 ouvrières à la maison d'arrêt de Clermont). Malgré des résultats encourageants, Breidt ne renouvelle pas le bail passé auprès de J.-L. François pour l'utilisation de la rivière comme force motrice. Il est probable que des difficultés financières aient conduits à la fermeture du site puisque en 1830 Schlumberger demande une aide au préfet de 30 000 francs. En 1831, les bâtiments et la chute d'eau sont rattachés au moulin supérieur appartenant à Jean-Laurent François. Ils sont ensuite affectés à une fabrique d'amidon entre 1834 et 1840 dirigée par Daulméry et Crapez. En 1840, Antoine Dufour achète la chute d'eau pour faire tourner un moulin à blé. En 1867, les bâtiments sont vendus à Gustave Eugène Demagnez qui le loue à un meunier. En 1892 Demagnez fait construire un château appelé château de la Vallée, à proximité du moulin qui est transformé en ferme. Endommagé pendant la seconde guerre mondiale, le château et le moulin sont détruits dans les années 1960. Un lotissement portant le nom de la Tannerie est construit à cet emplacement en 1982. La rue principale (avenue du Luxembourg) suit l'ancien tracé du bras principal de la Petite Brèche. Il subsiste un pilier en pierre du portail d'entrée du château.
Documents d'archives :
AC Nogent. Série D ; sous-série 1D : 1D4. Délibérations du conseil municipal, 1817-1831 : réparations au moulin François, 14 juillet 1831.
AC Nogent. Série D ; sous-série 1D : 1D5. Délibérations du conseil municipal, 1831-1849 : enquête commodo et incomodo pour l'installation d'une filature de lin par Daulméry et Crapez, novembre 1834-janvier 1835.
AC Nogent. Série F ; sous-série 2F. Statistiques du commerce et de l'industrie, Nogent-les Vierges, 1830-1896 : demande d'une aide de 30 000 francs au préfet par Schlumberger.
USINE II :
Moulin à huile, puis moulin à farine de Franchemont, puis minoterie, puis usine de construction mécanique Geneste et Herscher, puis moulin Jean
rivière : la petite Brèche
12-16 rue Charles Somasco (Creil)
Réf. Cad. : 2005 AK 142-143
En 1343, les moines de l'abbaye Saint-Vincent de Senlis deviennent propriétaires d'un moulin à huile situé sur la rive gauche de la Petite Brèche : il s'agit du dernier moulin établi sur la rivière avant qu'elle ne se jette dans l'Oise. L'huile provient des graines de hêtres, de chanvre et des noix. Le moulin sert également de moulin à tan et alimente les tanneries de la ville. Après 1600, il devient moulin à farine. Il est cédé en 1780 à Noël Cassart (ou Cossart), marchand-tanneur-corroyeur, qui est chargé de sa reconstruction sur les bases du moulin à huile datant de 1597. Le moulin est construit en pierre de taille avec deux paires de meules, le site comprend également un bâtiment d'habitation pour le meunier et sa famille et des dépendances pour les bêtes. Vendu comme bien national, il appartient avant 1800 à Quatremain puis de 1800 à 1867 à Franchemont-Blot. Celui-ci fait installer en 1866 une machine à vapeur de forme cylindrique fabriquée par les établissements Lebrun-Levêque à Creil. Le site de production est constitué en 1865 de deux moulins construits à trente mètres de distance : le moulin Franchemont et le moulin Cléret. L'espace qui les sépare est entièrement couvert de bâtiments. Au cours de la décennie 1870, les deux moulins sont incendiés. La reconstruction en un seul bloc permet la modernisation de la production. En 1880, les moulins sont transformés en ateliers de construction d'appareils de chauffage et de fours locomobile pour la cuisson du pain lors des campagnes militaires sous l'impulsion de deux ingénieurs Geneste et Charles-Georges Herscher. Au début du 20e siècle, le site semble être à nouveau repris par une activité de meunerie. Il appartient en 1916 à Monsieur Jean. En 1965, un incendie détruit l'usine. Les bâtiments ont été démolis et une résidence pour personnes âgées a été construite à leur emplacement.
Documents d'archives :
AC Creil : Série G : sous-série 1G1. Cadastre napoléonien, 1809.
AC Creil. Série I ; sous-série 5I : 5I9. Etablissement d'une chaudière à vapeur par le farinier Franchemont-Blot. 1866.
AC Creil. Série O ; sous-série 1O : 1O1 55. Rue Victor Hugo, travaux, plaintes, alignements : 1847-1937.
AD Oise. Série S ; sous-série 7S : 7Sp232. Services hydrauliques, Creil, 1832-1927.
Bibliographie :
DURVIN, Pierre. La révolution française à Creil, des Etats Généraux à la fin de la Convention. Bulletin de la Société Archéologique, Historique et Géographique de Creil et sa Région, Documents et Recherches, juillet 1989, n°145.
USINE III :
Moulin à farine, puis clouterie, puis tabletterie, puis féculerie, puis usine d'articles en caoutchouc :
rivière : la Brèche
ancien parc du Château de Villers-Saint-Paul
Le moulin du château de Villers-Saint-Paul est établi sur une dérivation de la Brèche entre 1803 et 1809 probablement sur l'initiative du nouveau propriétaire de lieux d'Aucourt de Saint-Just. Il est alimenté par l'un des bras d'eau sortant du moulin de la Moulinière en amont et arrosant une partie du parc du château. Il possède deux roues hydrauliques verticales.
En 1817, le maréchal Gérard acquiert le château et le moulin. En 1824, Petitjean et Meugin commencent les travaux (réfection du moteur hydraulique, transformation des ateliers) pour l'installation d'un atelier de fabrication de clous d'épingles ou pointes de Paris. Ils installent parallèlement à Montataire une seconde usine sur la rivière du Thérain (qui fermera au cours de l'année 1826). Les deux usines sont opérationnelles en février 1825. En juillet 1825, un brevet d'invention est déposé par les deux industriels puis par Meugin seul pour un mécanisme propre à la fabrication de clous d'épingles dits pointes de Paris. L'usine emploie 22 personnes (11 hommes, 3 femmes et 9 enfants) l'année suivante originaires principalement de l'Orne, du Nord mais aussi du Cher et de la Haute-Marne. La matière première provient des tréfileries du Jura et la production atteint près de 500 kg de clous par jour vendus autour de Paris. Les ateliers se composent de trente machines dont seize pour les clous, douze pour les pointes, une à nettoyer et une grande cisaille.
Après la faillite des deux entrepreneurs, la direction de l'usine est confiée en 1829 à François Bonaventure Haimonet. L'activité se poursuit jusqu'en 1850 où elle est remplacée par un atelier de tabletterie pour la fabrication d'éventails. En 1856 les bâtiments brûlent et sont reconstruits l'année suivante. L'activité de tabletterie se poursuit jusqu'en 1860. En avril de cette année Dupier et Robergé établissent dans l'usine de madame la maréchale Gérard une féculerie de pommes de terre dont on ne connaît pas la durée de l'activité. Pendant la seconde guerre mondiale, l'Ecole Nationale Professionnelle y installe ses ateliers de modelage et de menuiserie. Lors du partage du domaine du château en 1946, l'industriel Roland Félix Haret, propriétaire du bâtiment industriel situé sur la Brèche en amont, déploie son activité de fabrique de boutons, puis d'articles en caoutchouc. Il y installe une turbine mue par la rivière, destinée à la production d'électricité. Ces bâtiments comprennent dans les années 1950 un atelier pour la fabrication des moules, trois tours horizontaux, un tour vertical, des fraiseuses, une scie mécanique. L'étage était occupé par les presses à injecter. L'ensemble, d'une superficie au sol de 450 m², est qualifié de remise industrielle à la fin des années 1970. Les bâtiments sont rasés en 1977 lorsque la société TICN (Tuyauterie Industrielle et Chaudronnerie de Nogent) décide d'installer ses ateliers et ses bureaux à cet emplacement. Une partie du bras de la Brèche est comblé, les nouveaux bâtiments industriels sont édifiés sur des pieux de bois. Il ne reste plus aucun vestige du moulin du château.
Le site était constitué de deux bâtiments. Le premier perpendiculaire à la rivière comprenait un étage carré et un étage de comble. Construit en pierre de taille et petits moellons il était couvert d'un toit à longs pans et croupes en tuile plate. Le passage entre les niveaux était souligné par un bandeau saillant en pierre de taille. Ce bâtiment abritait la roue hydraulique verticale puis les différentes machines des industriels successifs. Le second bâtiment élevé parallèlement à la rivière mais dans l'alignement du mur pignon nord du moulin était construit en petit appareil en pierre couvert d'un toit en tuile creuse. Il a servi principalement de bureau et de maison d'habitation.
Documents d'archives et bibliographie :
AC Villers-Saint-Paul : Série W ; sous-série 44W : 44W100. Permis de construire de la société TICN à Villers-Saint-Paul (décembre 1974 ; 1975 ; 1977).
PENIT, Jacques ; ROSE, Gilbert. L'usine de caoutchouc de Villers-Saint-Paul. Les Cahiers de l'Amoi, n°9, juin 2006.
USINE IV
Moulin à farine dit de la Barrière, puis tannerie, puis teinturerie, puis usine de métallurgie (polissage et façonnage), puis usine de tabletterie
rivière : la Brèche
lieu : Villers-Saint-Paul
Le moulin à farine est construit dans la seconde moitié du 18e siècle sur la rive gauche de la Brèche : il est occupé en 1786 par Louis Joseph Lefort et Marie-Madeleine Poitevin son épouse. Il est entouré d'un logement ainsi que de bâtiments à usage de ferme : l'ensemble est construit avec les pierres, l'argile et le sable des carrières de Villers-Saint-Paul mais aussi du château de Verneuil-en-Halatte.
Après être passé entre les mains de la famille Leconte (1802-1811), puis Dechamps (1811-1848), le moulin à farine et la ferme deviennent la propriété de la famille Leclerc (1848-1871). La famille Notaire acquiert le moulin en 1880 et poursuit l'activité de mouture jusqu'en 1900. A cette date les bâtiments sont loués à Cuntz et Masson pour l'installation d'une tannerie et d'une teinturerie de peaux. La rivière permet d'actionner une roue. Les peaux sont travaillées en vase clos dans des bains chimiques. La teinture se fait à la brosse sur les peaux fixées et les teintures employées ne nécessitent aucun lavage. Un puits d'absorption destiné à recevoir les eaux de l'usine est également créé.
En 1906, Vermand directeur de la société française d'alliages de métaux installe ses ateliers de polissage et de façonnage de couverts en métal blanc (à base de nickel) dans le moulin. L'activité perdure jusqu'en 1928 où Camille Barbillon, un fabricant de boutons, transforme les ateliers de Vermand en une tournerie-boutonnerie avec un dépôt d'os ; il y adjoint également une fabrique d'eau de javel. En 1972, la ferme et l'ancien bâtiment industriel sont achetés par la société des Produits Chimiques Ugine Kuhlmann. Cette dernière démoli l'ensemble entre mars et juin 1975. Il ne reste plus aucun vestige.
Documents d'archives :
AD Oise. Série M ; sous-série 5M : 5Mp2571/2. Etablissements insalubres : tannerie Cuntz et Masson (1900) ; société française d'alliages de métaux (1906) .
AD Oise. Série M ; sous-série 5M : 5Mp2572. Etablissements insalubres : tournerie-boutonnerie Barbillon (1928) .
USINE V
Moulin à blé et à huile dit de Caucriamont ou Vieux Moulin, puis moulin à papier, puis moulin à blé
rivière : la Brèche
lieu : Laigneville ; rue de la Gare.
Situé sur sa rive gauche de la Brèche, le moulin à blé est construit à une date inconnue et fait appartient aux biens des religieux de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dont dépend la commanderie de Laigneville. Le moulin est à deux tournants et il est également utilisé comme moulin à tan et à huile. Le 8 juin 1687, la sentence rendue par le maître particulier des eaux et forêts du baillage de Senlis, oblige Louis Leconte seigneur des Landes et de Monchy-Saint-Eloi et son meunier Louis Braban à enlever les vannes qu'ils ont fait construire en amont du moulin et à rétablir deux vannes moins hautes afin de ne pas gêner l'activité du moulin appartenant aux religieux. En 1769, Antoine Cauville est déclaré huilier du moulin et pêcheur de poissons. A la fin du 18e siècle, le moulin est converti en moulin de papier, il est dirigé par Antoine Delattre et appartient à la famille Tricot qui le vend le 17 février 1793 à Alexis Deschamps et son épouse Germaine Charles. Il redevient moulin à blé en 1796, l'un des tournants étant employé occasionnellement pour écraser des graines de pavot et de navette destinées à la fabrication d´huile. Au cours du 19e siècle, la famille Deschamps transforme le moulin en minoterie comportant 3 étage (installation de machines, de chaînes à godets, d'une bluterie, d'une sacherie). Les deux paires meules sont entraînées par deux roues à aubes. En 1848, une passerelle est construite pour permettre de traverser la Brèche en amont du moulin au niveau du déversoir. Au décès de la veuve d'Etienne Deschamps, une liquidation des biens est faite entre trois propriétaires : Auguste Pelletier, notaire et son épouse Antoinette Deschamps ; Joseph Gaillard, fabricant de sucre indigène et Lucie Deschamps, son épouse ; et Charles Deschamps, farinier. En 1876 le moulin est loué à Laîné et Miraux, qui résilient le bail trois ans plus tard : la prisée réalisée à la sortie du bail fait mention de dégradations du bâtiment qui est restauré en 1899 par Brispierre, entrepreneur de maçonnerie à Laigneville. Le moulin est acheté par vers 1900 par la famille Dailly, propriétaire du château de Monchy-Saint-Eloi, qui fait installer en 1910 pour produire l´électricité. Le bâtiment a été détruit après 1945, une rue passe aujourd'hui à son emplacement.
Sources :
Recherches de Monsieur Alain Binet.