USINE I :
Moulin banal de Levrel, puis de Saint-Leu, puis usine d'engrais
Pas d'adresse (Montataire), sur le Thérain.
Le tout premier moulin à blé implanté sur la commune de Montataire dépend du prieuré de Saint-Leu-d'Esserent fondé en 1081. Bien que sa fondation précise ne soit pas connue, il peut dater de la fin du 11e siècle ou du tout début du 12e siècle. Une charte en latin mentionne en effet qu'Aubry Payen de Marle et sa femme Adelaïde donnent à l'église et aux moines de Saint-Leu la mouture d'Esserent et que ceux-ci ne pourront en jouir qu'à leur décès. Ce moulin établi à la limite des territoires de Cramoisy et de Montataire est un moulin banal. Des baux successifs passés entre le 13e siècle et 1777 permettent de suivre l'évolution de ce moulin et des terres qui l'entourent. Le moulin banal est couplé à un moulin à huile installé dans le même bâtiment. Il est loué au meunier de Levrel qui doit fournir au prieuré de Saint-Leu et pour l'usage des moines, des domestiques et du prieur tous les blés nécessaires à leur activité. Celui-ci est également chargé de l'entretenir régulièrement : en 1748 les réparations s'élèvent à 2932 livres. Le moulin et ses terres sont vendus le 4 juin 1791 à Charles Duchâteau, employé de l'administration à Paris. En 1815, le propriétaire perd sa requête contre la commune de Cramoisy pour récupérer un arpent de terre et de bois. Le moulin est loué au début du 19e siècle au meunier Bataille qui poursuit l'activité de meunerie. Au cours de la décennie 1820, le moulin est acheté, comme tous les moulins établis sur le Thérain à Montataire, par Louis et Bernard Mertian propriétaires des Forges de Montataire. L'activité de meunerie se poursuit par intermittence au cours du 19e siècle car les travaux d'entretien ne sont plus réalisés. En 1860, la société des Forges est mise en demeure d'effectuer des travaux sur le moulin de Saint-Leu sous peine de mise au chômage des tournants. A la fin du 19e siècle, le moulin est transformé par Lemaire en usine d'engrais fabriqué à partir de corne torréfiée. En 1937 les Forges et Aciéries du Nord et de l'Est suppriment les vannes et le déversoir du moulin. Les bâtiments sont détruits peu après.
Documents d'archives :
AD Oise. Série C ; sous-série 1C : 1CP247/1. Plan du territoire de Montataire.
AD Oise. Série H. Clergé régulier : religieux de Saint-Leu-d'Esserent (ordre de Cluny). Moulin banal à Montataire.
AD Oise. Série Q ; sous-série 1Q : 1Q2/1503. Prieuré de Saint-Leu-d'Esserent, biens de première origine, Cramoisy, moulin, 1812-1815.
AD Oise. Série S ; sous-série 7S : 7Sp231. Services hydrauliques, Cramoisy. Suppression du moulin de Saint-Leu, 1937.
USINE II :
Moulin à blé dit de Montataire, puis moulin d'Adin, puis moulin à papier (fabrication de sacs en papier), puis usine de verres optiques Muller dite les Lunettes
Pas d'adresse (Montataire), sur le Thérain.
Une charte non datée entre Odemar, prieur de Saint-Leu d'Esserent et l'abbaye de Jumièges autorise les moines bénédictins de Saint-Pierre de Jumièges à construire un moulin à blé sur la rivière du Thérain pourvu qu'il ne préjudice en rien au moines de Saint-Leu qui ont déjà deux moulins (le moulin banal et le moulin à huile). Le moulin est édifié à l'écart de la ville, sur un bras du Thérain, à proximité du prieuré Saint-Léonard possession de Jumièges. Il est connu sous le nom de moulin de Montataire. Après la Révolution, le moulin est acheté par la famille Bataille-Quitton qui poursuit l'activité de mouture du blé, le moulin prend le nom de moulin d'Aden (ou Dadin). Le moulin est alimenté par deux bras du Thérain sur lesquels sont installés deux roues hydrauliques verticales. Au début des années 1820, les frères Mertian, directeurs de l'usine des Forges à Montataire deviennent propriétaires du moulin et le louent pour différentes activités. Le 21 juin 1822, Legros (ou Legras) devient locataire du moulin qu'il transforme en moulin à papier. Celui-ci entre en activité dès le 1er novembre 1822. Deux ans plus tard, la papeterie est dirigée par mademoiselle Hullot qui fait fabriquer essentiellement du papier gris d'emballage. En 1825, Petit reprend les rênes de l'usine pour la fabrication de sacs en papier. En 1830, le moulin est en mauvais état : il est muni de 4 piles et d'une seule cuve. Les laines et les toiles de dernière qualité sont utilisées pour la fabrication du papier. Elles proviennent des chiffonneries de la campagne environnante et de Paris. Trois hommes et deux femmes travaillent 75 jours par an. Malgré ses difficultés, la papeterie livre pour l'année 1835, 15 000 rames de papier. Peu après une tréfilerie est substituée à l'activité de papeterie mais sans succès. Vers 1850 Emile Dauge installe une papeterie mécanique dans le moulin. En 1859, la papeterie est un vaste établissement en L comprenant deux roues hydrauliques verticales. A la charnière du 19e et du 20e siècle, le système hydraulique et les bâtiments sont utilisés par Muller pour une usine de fabrication de verres optiques. Le moulin prend le nom des Lunettes ou de moulin à papier (en référence à son activité précédente). En 1937, la société des Forges et Aciéries du Nord et de l'Est demande sa suppression afin d'être libérée des servitudes du curage. Seules les vannes sont arasées. Le bâtiment est démoli en 1943. Le bras du Thérain sur lequel était construit le moulin a été canalisé et il n'est plus possible aujourd'hui de localiser précisément l'emplacement de ce moulin.
Documents d'archives :
AD Oise. Série M ; sous-série 9M : 9Mp3713. Réglementation et contrôle des industries : moulin à papier de Montataire, 1822.
AD Oise. Série S ; sous-série 7S : 7Sp231. Services hydrauliques, Cramoisy. Suppression du moulin de Montataire, 1937.
AD Oise. Série S ; sous-série 9S : 9Sp182. Déclarations de machines à vapeur, commune de Montataire : papeterie Dauge, 1859.
USINE III :
Moulin à blé des Prés, puis des Planches, moulin Neuf, puis moulin à huile, puis moulin à foulon dit petit moulin, puis chamoiserie (moulin à chamois), puis logements d'ouvriers dits le vieux moulin
Pas d'adresse (Montataire), sur le Thérain.
En 1444, un bail établi par Pierre de Vaudelles entre Jean Hérouart et Jean Crespin fait mention pour la première fois de deux moulins établis côte à côte dont le moulin des Prés situé sur une dérivation du Thérain. En 1492, un nouveau bail est passé par Guichard Madaillan, seigneur de Montataire, à Jacques Cochet, charpentier, pour l'exploitation des deux moulins en ruine réunis sous l'appellation moulins des Planches (l'un à huile et l'autre à blé). Lors d'un bail passé en 1532 entre Guillaume Madaillan et Antoine Vacquier, les moulins sont reconstruits et tournent avec une seule roue. Au milieu du 16e siècle l'appelation Moulin Neuf englobe les deux moulins. Ils sont acquis par Dastier au début du 19e siècle et leur activité sera dès lors bien distincte. Le petit moulin est utilisé comme moulin à foulon puis comme moulin à chamois entre 1806 et 1816 environ. Au début des années 1820 il est acheté par les frères Mertian, propriétaires des Forges de Montataire : il est transformé en logements ouvriers pour l'usine de scierie située sur l'autre rive du Thérain. Peu à peu laissé à l'abandon, l'ancien moulin prend au début du 20e siècle l'appellation le vieux moulin.
USINE IV :
Moulin à blé dit Coulette puis du Locifer, puis Coulette, puis école primaire de soeurs de Saint-Aubin.
Pas d'adresse (Montataire), sur le Thérain.
Sur le cadastre napoléonien daté de 1809, on trouve la mention du moulin Coulette, du nom de son propriétaire. Ce moulin est établi sur une dérivation du Thérain appelée le bras d'or. Dix ans plus tard, le plan réalisé pour le projet de navigation du Thérain mentionne au même emplacement le moulin du Locifer. Le moulin est acheté en 1823 par les frères Mertian qui suppriment son vannage. Peu après, l'activité de meunerie est abandonnée et le moulin utilisé pour divers usages. En 1905, les soeurs de l'ordre de Saint-Aubin s'installent provisoirement dans les bâtiments de l'ancien moulin.
Le moulin Coulette visible jusqu'au milieu des années 1980 était une construction massive en pierre contrefortée de pilliers également en pierre. Le bâtiment à un étage carré était coiffé d'une toiture à longs pans en tuile mécanique. Un bâtiment en brique a un étage carré, couvert d'un toit à longs pans en tôle lui était accolé.
Documents d'archives :
AD Oise. Série S ; sous-série 9S : 9Sp182. Profil de la manufacture de fer blanc de Montataire, de l'ancien moulin dit Coulette ou Vitel, des moulins du sieur d'Astier situés même commune, et de la rivière du Thérain entre ces usines, selon les nivellements faits et les mesures prises par l'Ingénieur ordinaire de Senlis le 19 et 20 octobre 1823 et les 19 juillet et 19 octobre 1824.