Dossier d’œuvre architecture IA60001178 | Réalisé par
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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  • patrimoine industriel, arrondissement de Senlis
Filature de laine Lefèvre, puis Poiret Frères et Neveu, puis filature de laine et usine de teinturerie des Laines du Bon Pasteur, puis de la Société des Filatures et Teintureries de Saint-Epin
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes Thelloise - Neuilly-en-Thelle
  • Hydrographies le Thérain
  • Commune Balagny-sur-Thérain
  • Lieu-dit Saint-Epin
  • Cadastre 2003 A 260, 489, 493, 267
  • Dénominations
    filature, usine de teinturerie
  • Précision dénomination
    filature de laine
  • Appellations
    Laines du Bon Pasteur, Société des Filatures et Teintureries de Saint-Epin
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, chaufferie, salle des machines, entrepôt industriel, magasin industriel, bureau, conciergerie

En 1826, Louis-Frédéric Poiret travaille avec ses deux oncles, négociants à Paris du magasin "Le Bon Pasteur", spécialisé dans le commerce de laine à tricoter et à tapisser. Il participe activement au développement de l'établissement et décide, en 1853, d'acquérir une filature de laine, exploitée jusqu'alors par M. Lefebvre.

En 1858, Poiret demande l'autorisation d'ouvrir une briqueterie à Saint-Epin, pour la construction de nouveaux bâtiments industriels, qui complètent la filature initiale de Lefebvre, construite en pierre de taille. La nouvelle filature oriente désormais sa production vers le fil bobine, la laine en pelote et le canevas. A proximité immédiate du lieu de production, l'industriel se fait construire en 1864 son logement patronal, appelé "le Pavillon" avec un ensemble de serres. En 1868, l'atelier Lefebvre, à usage de filature et peignage de laine est prolongé de trente quatre mètres vers la rivière, qu'il enjambe. En 1870, le site est complété par une teinturerie, puis, quelques années plus tard, par un atelier de bonneterie circulaire, destiné à la fabrication de la "ouatine". En 1905, l'usine devient la société des filatures et teintureries de Saint-Epin. Poiret décède en 1929. Il est remplacé par son gendre, Michel Machart. Ce dernier engage la modernisation de l'usine. Entre 1931 et 1933 il décide de la construction d'une centrale thermique, comportant deux chaudières automatiques au charbon et une grande cheminée avec réservoir d'eau, ainsi qu'un autre bâtiment destiné à abriter les turbines hydroélectriques, assurant le complément électrique nécessaire pour l'éclairage de nuit. Ce nouvel équipement entraîne la démolition de certains bâtiments, comme l'usine à gaz, devenue inutile. Mais en 1934, Machart et son épouse, Marguerite Poiret, meurent accidentellement. Le baron de la Rochette, gendre de Machart, prend alors la tête de l'entreprise qu'il est contraint de restructurer en 1936 et 1937. Les sites d'Amiens et de Saleux sont revendus pour racheter l'établissement d'Ernest Lesur établi à Mello et à Cires-les-Mello. Après la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle l'usine avait cessé de fonctionner, faute de matières premières, la production est orientée davantage vers les fibres synthétiques, et trouve notamment un débouché important avec les colonies françaises, comme l'Indochine et l'Algérie. Mais avec le retrait de la France dans ces pays, et le début de la crise économique qui touche particulièrement le milieu textile, la filature de Saint-Epin est finalement revendue à son concurrent DMC en 1972, qui, après un grave incendie survenu en 1976, décide de cesser la production du site l'année suivante. L'usine ferme définitivement ses portes en octobre 1979. Le site est racheté en 1984 par Jean-Jacques Dubourget, qui y installe son entreprise d'assainissement. Son fils Laurent Dubourget a pris la succession depuis avril 2001.

Le régime des eaux et les ouvrages régulateurs de l'usine sont réglementés par arrêté préfectoral du 29 avril 1852. Vers 1870, la roue hydraulique est remplacée par une machine à vapeur Corliss de 250 ch. Cette machine est complétée en 1910 par une autre machine à vapeur plus petite en 1910. En 1931, l'usine est alimentée par une centrale thermique et un groupe de turbines complémentaires. En 1936, l'usine compte 235 machines, dont 45 % est antérieure à 1900 et 32 % de la période 1920-1935. Entre 1955 et 1975, l'usine produit annuellement 150 t de laine à tricoter main, 50 t. de laine à tricoter machine, 5 t. de laine à repriser et 80 t de laine à tapisserie et tapis.

Lors de l'établissement de la filature Poiret en 1858, l'usine compte 55 personnes En 1870, l'usine passe à 200 ouvriers, dont une partie est logée dans la cité ouvrière qu'il a fait construire sur la commune de Bury. En 1890, l'établissement compte 647 salariés et appartient à la dizaine d'entreprises du département de l'Oise de plus de 250 salariés. Le point culminant sera atteint en 1906 où l'on recense 800 ouvriers. En 1962, l'entreprise compte 277 salariés et 244 en 1968. Actuellement, la société Dubourget compte 25 employés.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle, 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1864, daté par travaux historiques
    • 1931, daté par travaux historiques

Le site industriel est développé à proximité de la gare de Balagny-sur-Thérain et reçoit un embranchement ferroviaire. Les bâtiments sont desservies par un réseau de voies de communication internes, véritables rues le long desquelles les ateliers sont érigés. Nombre de bâtiments anciens ont été détruits, en partie lors des restructurations de l'usine. Il en subsiste parfois quelques éléments, en ruine, parmi les zones laissées en friches. Le grand atelier de filature de Lefebvre, exploité par Poiret ensuite, est implanté perpendiculairement à la rivière. Bâti en pierre de taille, il présentait une élévation à vingt-six travées, sur deux étages carrés, couverts d'un toit à longs pans et pignons couverts. Il a été amputé de plus de la moitié de sa longueur à la suite de l'incendie de 1976. Sa couverture, initialement en ardoise, a depuis été remplacée par une simple toiture en tôles ondulée. Une partie des ateliers en shed a également été démontées. Ceux qui sont conservés présentent la particularité de développer des sheds à redents de pierre, percés d'occulis au sommet des pignons. Ils sont supportés à l'intérieur par une série de colonnes hexagonales en fonte, avec chapiteaux, situés aux trois-quarts de leur hauteur. A l'extrémité d'une partie de ces ateliers, se prolongent deux bâtiments en briques, en rez-de-chaussée, construits en brique et couvert de toits en ardoise à longs pans et pignons couverts débordants. Les magasins en brique et pan de fer, avec charpente métallique apparente, sont de type basilical, à cinq travées en façade transversale. L'un d'eux est surmonté d'un lanternon assurant un éclairage zénithal de l'édifice. La chaufferie est construite en béton armé et brique. Elle possède un étage carré, à l'intérieur duquel la charpente en béton armé apparente porte une série de dévidoirs, également en béton armé. Ces éléments étaient utilisés pour l'approvisionnement en charbon de la chaudière. Au dessus de son toit bombé en béton armé, couronné d'un lanternon à évents, s'élance la cheminée polygonale, munie d'un réservoir d'eau. Sa hauteur atteint plus de quarante mètres. L'entrée monumentale de l'usine, est marquée par la présence d'une conciergerie, construite en pierre de taille, avec motifs décoratifs en brique. Longue de quatre travées, elle présente une élévation à un étage carré et comble à surcroît, couvert d'un toit en tuile mécanique à longs pans et croupes. Le logement patronal a été détruit. Les ateliers n'ont conservé aucune machine énergétique ou de production.

  • Murs
    • brique
    • béton armé
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile mécanique, ardoise, tôle ondulée, verre en couverture, béton en couverture
  • Étages
    2 étages carrés
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
    • charpente en béton armé apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • shed
    • pignon couvert
    • croupe
  • Énergies
    • énergie hydraulique
    • énergie thermique
    • énergie électrique
    • produite sur place
    • produite sur place
    • produite sur place
    • achetée
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Coordonnées du propriétaire : Laurent Dubourget 03.44.56.51.69.

Documents d'archives

  • AD Oise. Série M ; Mp 2514. Etablissements insalubres et dangereux. Mouy.1837-1938.

  • AD Oise. Série M ; Mp 2409/5. Etablissements insalubres et dangereux. Balagny-sur-Thérain (1858-1934).

  • AD Oise. Série S ; 7 Sp 162. Cours d'eau et usines. Balagny-sur-Thérain. 1822-1930.

  • AD Oise. Série S ; 9 Sp 184/1. Déclarations de machines à vapeur. Arrondissement de Senlis. Canton de Neuilly-en-Thelle. 1846-1901.

Bibliographie

  • L'Opinion économique et financière. Les Pays de l'Oise, édition illustrée. 7e année, décembre 1954, n°19.

    p. 32
  • Licenciements à Balagny : les Filatures de Saint-Epin veulent réduire leurs effectifs de moitié. Le Courrier Picard, 29 mars 1976.

    p. 4
  • GRAVES, Louis. Précis statistique sur le canton de Neuilly-en-Thelle, arrondissement de Senlis (Oise). In Annuaire de l'Oise. Beauvais : Achille Desjardins, 1842.

    p. 140.
  • THIBAULT, André. L'industrie et le département de l'Oise. Ms dact, 1994.

    p. 153-154
  • LES AMIS DU PATRIMOINE DE BALAGNY. Balagny-sur-Thérain : histoire locale de 1830 à 1940. Paris : Imprimerie Nationale, 2002.

  • WARME, A.-J. Histoire de Balagny-sur-Thérain. Beauvais : D. Père, 1872 (Monographie des villes et villages de France).

    p. 47-49

Documents figurés

  • Plan général de l'usine de Saint-Epin, dressé en 1906, rectifié en 1912 et mis à jour en 1919 (AD Oise ; 24 J 195. Fonds de la filature de Saint-Epin).

Annexes

  • Description de l'usine de M. Poiret par Warmé dans Histoire de Balagny-sur-Thérain, 1872, p. 47-49.
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

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