En 1826, Louis-Frédéric Poiret travaille avec ses deux oncles, négociants à Paris du magasin "Le Bon Pasteur", spécialisé dans le commerce de laine à tricoter et à tapisser. Il participe activement au développement de l'établissement et décide, en 1853, d'acquérir une filature de laine, exploitée jusqu'alors par M. Lefebvre.
En 1858, Poiret demande l'autorisation d'ouvrir une briqueterie à Saint-Epin, pour la construction de nouveaux bâtiments industriels, qui complètent la filature initiale de Lefebvre, construite en pierre de taille. La nouvelle filature oriente désormais sa production vers le fil bobine, la laine en pelote et le canevas. A proximité immédiate du lieu de production, l'industriel se fait construire en 1864 son logement patronal, appelé "le Pavillon" avec un ensemble de serres. En 1868, l'atelier Lefebvre, à usage de filature et peignage de laine est prolongé de trente quatre mètres vers la rivière, qu'il enjambe. En 1870, le site est complété par une teinturerie, puis, quelques années plus tard, par un atelier de bonneterie circulaire, destiné à la fabrication de la "ouatine". En 1905, l'usine devient la société des filatures et teintureries de Saint-Epin. Poiret décède en 1929. Il est remplacé par son gendre, Michel Machart. Ce dernier engage la modernisation de l'usine. Entre 1931 et 1933 il décide de la construction d'une centrale thermique, comportant deux chaudières automatiques au charbon et une grande cheminée avec réservoir d'eau, ainsi qu'un autre bâtiment destiné à abriter les turbines hydroélectriques, assurant le complément électrique nécessaire pour l'éclairage de nuit. Ce nouvel équipement entraîne la démolition de certains bâtiments, comme l'usine à gaz, devenue inutile. Mais en 1934, Machart et son épouse, Marguerite Poiret, meurent accidentellement. Le baron de la Rochette, gendre de Machart, prend alors la tête de l'entreprise qu'il est contraint de restructurer en 1936 et 1937. Les sites d'Amiens et de Saleux sont revendus pour racheter l'établissement d'Ernest Lesur établi à Mello et à Cires-les-Mello. Après la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle l'usine avait cessé de fonctionner, faute de matières premières, la production est orientée davantage vers les fibres synthétiques, et trouve notamment un débouché important avec les colonies françaises, comme l'Indochine et l'Algérie. Mais avec le retrait de la France dans ces pays, et le début de la crise économique qui touche particulièrement le milieu textile, la filature de Saint-Epin est finalement revendue à son concurrent DMC en 1972, qui, après un grave incendie survenu en 1976, décide de cesser la production du site l'année suivante. L'usine ferme définitivement ses portes en octobre 1979. Le site est racheté en 1984 par Jean-Jacques Dubourget, qui y installe son entreprise d'assainissement. Son fils Laurent Dubourget a pris la succession depuis avril 2001.
Le régime des eaux et les ouvrages régulateurs de l'usine sont réglementés par arrêté préfectoral du 29 avril 1852. Vers 1870, la roue hydraulique est remplacée par une machine à vapeur Corliss de 250 ch. Cette machine est complétée en 1910 par une autre machine à vapeur plus petite en 1910. En 1931, l'usine est alimentée par une centrale thermique et un groupe de turbines complémentaires. En 1936, l'usine compte 235 machines, dont 45 % est antérieure à 1900 et 32 % de la période 1920-1935. Entre 1955 et 1975, l'usine produit annuellement 150 t de laine à tricoter main, 50 t. de laine à tricoter machine, 5 t. de laine à repriser et 80 t de laine à tapisserie et tapis.
Lors de l'établissement de la filature Poiret en 1858, l'usine compte 55 personnes En 1870, l'usine passe à 200 ouvriers, dont une partie est logée dans la cité ouvrière qu'il a fait construire sur la commune de Bury. En 1890, l'établissement compte 647 salariés et appartient à la dizaine d'entreprises du département de l'Oise de plus de 250 salariés. Le point culminant sera atteint en 1906 où l'on recense 800 ouvriers. En 1962, l'entreprise compte 277 salariés et 244 en 1968. Actuellement, la société Dubourget compte 25 employés.
Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France