Dossier d’œuvre architecture IA02010636 | Réalisé par
Fournier Bertrand (Rédacteur)
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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  • patrimoine industriel, le Chaunois industriel
Ancienne villa Grand-Mère, devenue demeure de l'industriel Alfred Maguin, puis d'Abel Maguin, actuelle mairie de Charmes
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Chaunois - Coucy-le-Château-Auffrique
  • Commune Charmes
  • Adresse 9 rue Aristide-Briand
  • Cadastre 2015 AE 190
  • Dénominations
    demeure
  • Genre
    d'industriel
  • Appellations
    Villa Grand-Mère
  • Destinations
    mairie
  • Parties constituantes non étudiées
    parc, remise, kiosque

En 1879, la parcelle qui accueille déjà une maison bourgeoise de 11 pièces est achetée par le père d'Alfred Maguin, militaire de carrière, originaire de Charmes. Il semble toutefois qu'Auguste Maguin n'y habite qu'à partir de 1882, après y avoir fait d'importants travaux. Au regard de la construction figurée sur une carte postale datée de 1911, il est même possible que la maison ait été entièrement reconstruite vers 1880. Alfred Maguin, qui est par ailleurs déjà propriétaire du château d'Andelain depuis 1891, hérite de la villa Grand-Mère en 1903, à la mort de son père.

A l'époque, l'édifice, représenté sur une carte postale, est une simple maison en brique, implantée en retrait d'une cour fermée. Elle suit une élévation de type ternaire avec porte centrale. Toutefois, par sa situation face à la nouvelle place aménagée en 1865 et par ses dimensions et la présence d'un étage, elle constitue l'une des maisons bourgeoises de la commune de Charmes.

En 1912, Abel, le fils d'Alfred Maguin vient de se marier avec Yvonne Planchet. A la même période, l'industriel fait agrandir la maison et édifier de nouveaux communs, afin de pouvoir y loger le jeune couple. Le dossier de dommages de guerre constitué après la destruction de l'immeuble fournit les plans et coupes des extensions signés des architectes parisiens Philippe Jouannin et Charles-Albert Wulffelff. Ces plans réalisés en avril 1912 soulignent la volonté de créer un pendant au volume existant séparé d'une travée centrale dans laquelle prend place la nouvelle entrée. Ils s'en distinguent toutefois par la mise en saillie de la première pièce, occupée par une salle de billard, dont le débord permet l'aménagement d'un balcon. L'élévation se distingue également par un percement de baies moins symétrique et surtout par un traitement de la façade en pignon. La façade arrière sur le jardin est traitée à l'économie, avec des ouvertures assez petites. La maison n'est pas orientée sur le jardin. La distribution intérieure souligne la distinction d'usage entre la partie ancienne, qui comprend surtout les pièces de service, une petite salle à manger et les chambres de enfants, et la partie neuve, qui concentre des pièces de réception communicantes. A l'étage, se développent les chambres des époux, selon un système d'appartements séparés : la chambre de madame avec boudoir, salle de bain et garde-robe ; la chambre de monsieur, plus petite, avec cabinet de toilette et penderie. Les escaliers reprennent cette distinction, avec l'escalier principal, dans le hall qui dessert les chambres du maître et de la maîtresse de maison, tandis que l'escalier secondaire dessert la chambre d'amis et celle des enfants. Enfin, de nouveaux communs sont élevés sur le côté ouest de la cour. Ils comprennent remise, lavage, écurie, sellerie, buanderie avec chambre à l'étage de comble et sanitaires. Les travaux semblent avoir été menés rapidement puisqu'en septembre 1912 a lieu la pose de 26 radiateurs.

Occupée par l'armée allemande, la villa est détruite en grande partie à leur départ en 1917. Plusieurs photographies témoignent de l'importance des dégâts et montrent un édifice largement éventré dans sa partie centrale. En 1920, Alfred Maguin confie la reconstruction de la villa à Joseph-Charles de Montarnal et son fils Jean, également architecte. L'ancienne maison des années 1880 n'est pas reconstruite et les architectes se concentrent sur la reconstruction de la partie la plus récente, datant de 1912 et dont la valeur estimée en 1914 était évidemment plus importante. En 1920, la valeur de la maison détruite est estimée à 673 355 francs. La reconstruction qui est engagée à partir de 1920 respecte globalement l'allure de l'édifice antérieur, à l'exception du traitement de l'élévation des combles à surcroît, qui sont recouverts d'un enduit ciment à faux pan de bois, et de la forme des toitures, plus complexe, par l'emploi de demi-croupes. En avril 1922, le nouvel édifice semble achevé (cf. illustration) et peut à nouveau être habité par Abel Maguin, qui a pris la direction de l'entreprise de construction mécanique. Les représentations de la maison reconstruite montrent une simplification des volumes et du décor des façades. Les clôtures et les arbres ont été conservés mais l'entrée a été déplacée en pignon, vers l'ouest, permettant ainsi une mise en relation fonctionnelle entre l'accès cocher, la remise avec ses écuries et l'entrée même de la villa. A l'emplacement de la partie détruite à l'est, une terrasse a été aménagée.

En juin 1951, la municipalité de Charmes envisage d'acquérir la villa Grand mère, idéalement placée au sud de la place principale du village, pour en faire sa nouvelle mairie. L'achat est conclu le 27 octobre 1952. L'année suivante, la municipalité charge M. Blary, architecte à Tergnier, d'aménager la villa pour son nouvel usage. Les travaux qui n'affectent en rien la structure de l'édifice sont réalisés au cours de l'année 1954. Ils sont achevés au tout début du mois de février. Si la nouvelle mairie ouvre ses portes au public le 3 février 1955, l'inauguration officielle n'a lieu que le 20 février. Symboliquement, le Conseil municipal de Charmes et son maire, Louis Carpentier, quittent l'ancienne mairie pour rejoindre en procession le nouvel édifice.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle, 1er quart 20e siècle
    • Principale
  • Dates
    • 1912, daté par source
    • 1922, daté par source
  • Auteur(s)
    • Personnalité :
      Maguin Alfred
      Maguin Alfred

      Alfred Louis Auguste Maguin nait le 18 août 1851. Ingénieur civil des mines, puis Industriel spécialisé dans la fabrication de couteaux et coupe-racines de l'industrie sucrière, il développe son entreprise à Charmes (Aisne). Homme politique.

      Nommé Chevalier de la Légion d'honneur le 3 janvier 1892, puis Officier de la Légion d'honneur le 14 août 1900, puis Commandeur de la Légion d'honneur le 9 mars 1908. Il décède le 21 mars 1935 dans sa 84e année.

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    • Auteur :
      Jouannin Philippe
      Jouannin Philippe

      Architecte parisien, actif dans le premier quart du 20e siècle, installé au 43 rue Saint-Didier. Il est connu pour avoir travaillé en collaboration avec l'architecte Charles-Albert Wulffleff (autorisation de permis de construire délivré Jouannin et Wulfleff le 8 novembre 1911 pour un immeuble au 57 rue Riquet à Paris). L'oeuvre majeure de Philippe Jouannin reste immeuble du Temps-qui-passe (61-63 rue Réaumur à Paris) construit en 1898 avec son beau-père Edouard Singery.

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    • Auteur :
      Wulffleff Charles-Albert
      Wulffleff Charles-Albert

      Architecte parisien, actif dans le premier quart du 20e siècle et durant l'entre-deux guerres. Formé à l'école des Beaux-arts de Paris, il travaille d'abord à Fribourg (Suisse) avec l'architecte Frédéric Broillet de 1901 à 1909. Il revient ensuite à Paris où il est associé à Jouannin vers 1910 : une autorisation de permis de construire est délivrée à Jouannin et Wulffleff le 8 novembre 1911 (immeuble au 57 rue Riquet à Paris).

      Après la Première Guerre, il participe à plusieurs concours de reconstruction des villes et villages dévastés de l'Aisne, dont La Fère et Chauny, où il obtient le 3e prix décerné par la Renaissance des cités pour la Reconstitution de Chauny (Revue des Dommages de guerre : organe des sinistrés, juillet 1919, p. 22). Il est ensuite connu pour ses travaux auprès du ministère des Colonies. Il gère notamment plusieurs projets pour les colonies d'Afrique, dont la cathédrale de Dakar (1922-1936).

      Œuvres connues : Charmes, villa Grand'mère (1912) ; Auteuil, temple protestant (1930) ; Dakar, cathédrale (1922-1936).

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    • Auteur :
      de Guirard de Montarnal Jean , dit(e) Jean de Montarnal
      de Guirard de Montarnal Jean

      Architecte. Jean de Montarnal, dessine les plans d'une maternité, rue Eugène-Millon à Paris, en 1922, en collaboration avec son père, Joseph-Charles de Guirard de Montarnal. Il co-signe la plupart des plans de reconstruction des édifices de la commune de Charmes après la Première Guerre mondiale.

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    • Auteur :
      de Guirard de Montarnal Joseph Charles , dit(e) Charles de Montarnal
      de Guirard de Montarnal Joseph Charles

      Architecte parisien, qui réalise notamment La maison Eymonaud (7 impasse Marie-Blanche à Paris), entre 1892 et 1897. Cette maison de style néogothique est inscrite MH par arrêté du14 septembre 1995.

      Il réalise également

      Il participe à la réalisation de la section française de l'exposition universelle d'Amsterdam (1895) de Bruxelle (1897) de Paris (1900) et d'Hanoï (1902). A la même époque, il réalise l'institut orthopédique de Berck (Pas-de-Calais) et des immeubles HMB à Levallois-Perret, pour Ernest Cognacs, directeur de la Samaritaine.

      EN 1904, il reçoit le grand Prix du jury à l'exposition de Saint-Louis.

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    • Auteur :
      Blary Pierre
      Blary Pierre

      Architecte actif dans les années 1950 à 1980 à Tergnier. A Charmes, il réalise la plupart des bâtiments communaux (salles de fêtes, écoles), ainsi que les extensions de la cité-jardin en 1958.

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Située en bordure de la rue principale (rue Aristide-Briand), sur le côté nord de la place, l'actuelle mairie occupe une position centrale dans le village de Charmes. Elle est implantée en retrait de la rue et donne directement sur la place, face aux écoles. A l'arrière, sur le terrain de l'ancien jardin de la propriété, ont été construits la salle des fêtes et de nouvelles écoles. De plan massé, l'édifice à un étage carré et étage de combles, est construit en brique. Son élévation est marquée par un pignon en façade, prolongé à l'est d'une travée supplémentaire. Le toit en ardoise est à longs pans et pignons couverts en demi-croupe débordantes.

Sur le plan stylistique, l'édifice combine aussi bien des emprunts au style néo-Louis XIII, comme les chainages harpés en brique ocre jaune en séparation de travées, ou les ouvertures en œil-de-bœuf, que des emprunts au style régionaliste avec l'utilisation d'un enduit ciment en faux pan de bois pour les combles et le sommet des pignons.

Mutations observées : aménagements permettant l'accessibilité.

  • Murs
    • brique
    • ciment enduit partiel
    • faux pan de bois
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans demi-croupe
  • Typologies
    maison de type ternaire ; villa

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série R ; 15 R 772. Dossier de dommages de guerre des propriétés de M. A. Maguin à Charmes et Andelain, 1920-1924.

  • AC Charmes. Registre de délibérations du Conseil municipal, 1953-1967.

  • AC Charmes ; [non coté]. MORELLE (Henri). Charmes (Aisne), un village, une histoire. Manuscrit. [Histoire communale].

Bibliographie

  • SUDANT, Pierre. Évolution économique et sociale d'une commune rurale de l'Aisne, Charmes. XIXe & XXe siècles. Mémoire de maîtrise : Paris Sorbonne : 1975.

Documents figurés

  • Charmes. Rue de la Mairie [En 1911 Villa Grand-mère], carte postale, 1911 (coll. Martine Hilt-Maguin).

  • Charmes (Aisne). La Villa, carte postale, L. Leclère édit., à La Fère, 1914 (coll. part.).

  • La Villa Grand'Mère sous l'occupation allemande, tirage photographique, 1917 (coll. Martine Hilt-Maguin).

  • Charmes (Aisne). Villa Grand'Mère après 1918, carte postale (coll. part.).

  • Transfert officiel du Conseil municipal de Charmes vers la nouvelle Mairie, tirage photographique noir et blanc, 20 février 1955 (AC Charmes).

  • Villa de M. A. Maguin. Plan du rez-de-chaussée modifié exécuté, plan par Jouannin et Wulfelff, architectes [8 août 1912] (AD Aisne ; 15 R 772).

  • Villa de M. A. Maguin. Plan du premier étage modifié exécuté, plan dressé par Jouannin et Wulffelff, architectes [1912] (AD Aisne ; 15 R 772).

  • Villa de M. A. Maguin à Charmes. Façade principale. Feuille n° III, élévation par Jouannin et Wulffelff, architectes, 25 avril 1912 (AD Aisne ; 15 R 772).

  • Villa de M. A. Maguin à Charmes. Façade sur jardin, feuille n° V, élévation par Jouannin et Wulffelff, architectes, 25 avril 1912 (AD Aisne ; 15 R 772).

  • Villa de M. A. Maguin à Charmes. Coupe longitudinale et coupe entre le grand pignon et le comble existant, par Jouannin et Wulffelff, architectes, [1912] (AD Aisne ; 15 R 772).

  • Villa de M. A. Maguin à Charmes. Plan du rez-de-chaussée des communs par Jouannin et Wulffelff, architectes, 1912 (AD Aisne ; 15 R 772).

  • Villa de M. AB. Maguin, ing. à Charmes. Bâtiment des communs. Feuille n°34. Élévation de la façade sur cour par Jouannin et Wulffelff, architectes, 1912 (AD Aisne ; 15 R 772).

  • La villa Grand Mère "après que les boches l'aient fait sauter", tirage photographique noir et blanc, 1919 (coll. Martine Hilt-Maguin).

  • Les communs de la Villa Grand Mère, tirage photographique noir et blanc, novembre 1919 (coll. Martine Hilt-Maguin).

  • Vue d'ensemble de la villa détruite, tirage photographique noir et blanc, 1919 (coll. Martine Hilt-Maguin).

  • La Villa Grand Mère, dessin aquarellé par De Montarnal, architecte, 1925 (coll. Martine Hilt-Maguin).

  • La villa Grand mère reconstruite, façade sur rue, tirage photographique noir et blanc, septembre 1926 (coll. Martine Hilt-Maguin).

  • La villa Grand Mère en cours de reconstruction, vue d'ensemble postérieur, tirage photographique noir et blanc, avril 1922 (coll. Martine Hilt-Maguin).

  • Le jardin et le kiosque de la villa Grand Mère, tirage photographique noir et blanc, 1932 (coll. Martine Hilt-Maguin).

Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Fournier Bertrand
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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