Largement pillés pendant les Guerres de Religion, les habitants de Craonne obtinrent en 1573 la permission de ceinturer leur village d´un mur protecteur. La commune retomba ensuite aux mains des royalistes, qui fut à nouveau dévastée. A la Révolution, Craonne devint chef-lieu de canton du district de Laon. La commune eut également à souffrir, comme ses voisines, des invasions prussiennes de 1814, au point qu´une bataille engagée sur son territoire le 7 Mars 1814 porte son nom. La position défensive qu'offrait le village à l'extrémité orientale du Chemin des Dames lui valut d'être largement sollicitée tout au long de la Première Guerre mondiale. Situé au nord de l'Aisne, sur une colline dominant la plaine jusqu'à Reims à 140 mètres d'altitude, l´ancien Craonne offrait une vue imprenable sur les vallées de l'Aisne et de l'Ailette, à l'extrémité sud-est du plateau du Chemin des Dames. Exposé au sud, le village, composé de 152 habitations au milieu du 19e siècle, était bâti au flanc d´un coteau. Les rues peu larges et très abruptes étaient bordées de maisons mitoyennes, ne permettant pas le passage d´engins agricoles. Les caves voûtées de l'ancien village, qui résistèrent aux bombardements, sont encore aujourd'hui visibles. Le village fut totalement ravagé par les bombardements à tel point que la délimitation des rues n'était plus visible ; 47 % de sa surface furent classés Zone Rouge par décision ministérielle du 10 juillet 1922 (soit 405 hectares sur 861). Jusqu'en 1921, la reconstruction du village était en pourparler alors que l'architecte était déjà choisi (M. Adrien Bastié, architecte à Reims, travaillant pour une entreprise parisienne créée pour l'occasion par Jacques Hesbert, architecte des bâtiments communaux). Seule une infime partie des habitants était rentrée au village. Le service de la Reconstruction renonça alors à relever Craonne ; mais c´était sans compter sur la détermination des agriculteurs. Le 4 septembre 1921, la nouvelle position de l'agglomération n'était toujours pas arrêtée alors que la ville de Stockholm (Suède) versait une somme importante destinée à sa réhabilitation (en souvenir des volontaires suédois qui se sont battus au côté des Alliés). Le Conseil Municipal demanda le déplacement du village le 18 décembe 1921 au lieu-dit Champ de Comice, des Tuileries Martignon pour les raisons suivantes : l'endroit, plus sain, facilitait l'exploitation des champs par les agriculteurs, revenus les premiers ; ayant moins à souffrir des vents du nord puisque protégé par la montagne, le terrain était plus résistant donc plus facilement constructible. Les travaux débutèrent enfin en 1922 pour s'achever en 1925, employant 400 ouvriers, main d'oeuvre totalement étrangère à l'Aisne. Seulement 28 maisons bénéficièrent d'une reconstruction. Les multiples dons versés au village martyr de Craonne compensèrent la faiblesse des subventions : outre la Suède, le Canada (pour les travaux urgents d'adduction d'eau potable), les Etats-Unis, Bordeaux et Cannes (pour les besoins scolaires), des particuliers (Mme Durand donna une bibliothèque) participèrent à la reconstruction de la commune. La nouvelle voirie coïncidait avec celle des anciens chemins vicinaux. Seuls les bâtiments publics firent l'objet d'un plan préalable. Des terres durent alors être rachetées par la commune afin de les y installer. Un axe église-école-mairie est choisi. L'église et l'hôtel de ville sont éloignés, permettant ainsi aux nouvelles maisons de s'insérer dans les espaces libres. Mais les modestes indemnités de dommages de guerre empêchèrent certains habitants de reconstruire leur maison. C'est pourquoi Craonne donne cet aspect dispersé, où de nombreuses parcelles restent dénuées d'habitations. Le Conseil Municipal voulut pallier ce vide par la construction de maisons ouvrières. En janvier 1927, le village était totalement reconstruit, "seules les rues restent à rétablir".
- patrimoine de la Reconstruction, Chemin des Dames
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Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Communauté de communes du Chemin des Dames - Craonne
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Commune
Craonne
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Dénominationsvillage
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Période(s)
- Principale : 1er quart 20e siècle
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Auteur(s)
- Auteur : architecte attribution par source
- Auteur : entrepreneur attribution par source
Le village de Craonne occupe un terrain sablonneux. Il dispose d´un habitat trop développé proportionnellement au nombre d´habitants présents. L´axe église-école-mairie place l´édifice religieux en retrait du coeur de la commune. L´école et la mairie sont indépendantes, fait rarement rencontré dans les communes du Chemin des Dames.
Des dents creuses sont encore observables, les terrains appartenant aux agriculteurs étant cultivés. Le plan de reconstruction est d'autant plus étrange que la commune ne connut aucune contrainte de l'existant puisqu´elle fut construite sur un terrain vierge.
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Bibliographie
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BOULOC, François. Craonne, des ruines au renouveau. In OFFENSTADT, Nicolas (sous la dir. de). Le chemin des Dames, de l´événement à la mémoire. Paris : Stock, 2004.
p. 414-425 -
MARVIVAL, Dominique. La reconstruction de Craonne. In MEISSEL, René. La Picardie dans la Grande Guerre. Amiens : Centre régional de documentation pédagogique, 1986.
p. 133 -
Picardie 1914-1919, les misères de la guerre, la Reconstruction, le Souvenir. Bulletin d'information et de liaison des professeurs d'Histoire-Géographie. Amiens : CRDP, n° 21-23, 1978.
-
ROUSSEL, E. Le Département de l'Aisne après cinq ans de reconstitution. Nancy, Paris, Strasbourg : Berger-Levrault, 1923.
p. 145-146
Documents figurés
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Commune de Craonne - Bâtiments communaux - Plan de situation, plan, par André Prieur, vers 1950 (AD Aisne : 11 R 7769).
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Craonne (Aisne) - Vue panoramique, carte postale, par H. Guillemin photographe, 1er quart 20e siècle (AP).
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Craonne - Haupstrasse, carte postale, [s.n.], 1er quart 20e siècle (AP).
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Craonne (Aisne) - Place de la Mairie et rue Saint Rémy, carte postale, [s.n.], 8 août 1908 (AP).
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Une rue de Craonne, carte postale, [s.n.], 1er quart 20e siècle (AD Aisne : 2 Fi Craonne 1).
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Craonne (Aisne) - Rue de la Pissoire - l'Abreuvoir, carte postale, par A. Moreau photographe, 1er quart 20e siècle (AP).
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Photographie ancienne, [s.n.], 1917 (AD Aisne : 2 Fi Craonne 25).
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.