Le grenier à sel d'Aubenton fait partie des institutions administratives et fiscales mises en place tout au long du Moyen-Age et de l'Ancien-Régime sous l'égide du comté de Guise dont Aubenton est à partir de 1527 un duché-pairie, devenant le siège d'un bailliage seigneurial dont dépend Martigny, Leuze, Beaumé et Besmont. En 1342, l'ordonnance sur l'impôt de la gabelle se concrétise par la mise en place à Aubenton d'une chambre à sel dont on ignore cependant l'emplacement exact. En 1633, celle-ci est remplacée par un grenier à sel, impôt démembré du grenier à sel de Guise et dépendant de Soissons. L'emplacement qu'il occupe reprend peut-être celui de l'édifice construit au Moyen-Age. Ce grenier à sel est mentionné à de maintes reprises dans les descriptions ou les actes de vente d'habitations ou de terrains dans le faubourg de Saint-Nicolas. Son champ d'action fiscal s'étend dans les Ardennes et une partie du diocèse de Reims, son revenu annuel au 17e siècle est estimé à 112 000 livres. Les élévations anciennes, en particulier la porte cochère et le passage couvert comportant des élévations en pans de bois et torchis sur un soubassement en brique avec quelques éléments de brique vernissée, semblent effectivement dater du 17e siècle. Le 6 avril 1685, le contrat de bail d'une maison située sur la place de l'église et appartenant au marchand Noël Couty nous apprend que son locataire est Adam Granadel, " économe de la chambre à sel ". Le 15 juin 1694 des travaux sont entrepris au grenier à sel, consistant à " refaire de neuf de briques, chaux et simant par Jacques Bardin, marchand de briques et chaux demeurant à Aubenton et François Lambert maçon demeurant à Any " certains des murs. Cependant le 30 décembre 1698, il est fait mention de la construction d'un nouveau grenier à sel " en la place vague quy est située entre le presbytère et la maison des maistresses d'écolles ". La Révolution met fin au rôle fiscal de ce grenier à sel qui devient une maison d'habitation. Les élévations ont été très reprises au 19e siècle, au cours du 4e quart du 19e siècle une remise agricole en brique est construite à l'arrière. Une restauration en 1998 a permis de redonner un peu l'aspect originel à la façade d'un édifice qui a été totalement dénaturé au cours de la 2e moitié du 20e siècle, tout particulièrement par une surélévation et la transformation des espaces intérieurs.