Dossier d’œuvre architecture IA00076661 | Réalisé par
Fournier Bertrand (Rédacteur)
Fournier Bertrand

Chercheur de l'Inventaire du patrimoine - Région Hauts-de-France

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Dufournier Benoît (Rédacteur)
Dufournier Benoît

Chercheur au service régional de l'Inventaire de 1985 à 1992, en charge du recensement du patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, Somme
  • patrimoine de la Reconstruction
  • opération d'urgence
Anciens moulins de la porte de Paris, puis minoterie dite Moulins Damay, puis Grands Moulins de Péronne (détruit)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté de communes de la Haute-Somme - Péronne
  • Hydrographies la Somme
  • Commune Péronne
  • Lieu-dit faubourg de Paris
  • Adresse rue Saint-Fursy
  • Cadastre 1983 AM 68 à 70
  • Dénominations
    minoterie
  • Appellations
    dite Moulins Damay, Grands Moulins de Péronne
  • Parties constituantes non étudiées
    bâtiment d'eau, passerelle, transformateur

Un premier moulin à blé est attesté à cet emplacement à la fin du XVIIIe siècle. L'établissement est acquis en l'an VI (1798) par Foilain Fernet (1759-1817), négociant, brasseur et agriculteur. L'édifice apparait également sur le cadastre napoléonien. En 1819, il devient la propriété de son fils Quentin Fernet (1787-1849), qui obtient la même année l'autorisation de remplacer les cinq petites roues à aubes par trois plus grandes. Il procède également à des agrandissements des bâtiments en 1837 (matrices cadastrales).

Son fils, Victor Fernet, vend le moulin à Alphonse Damay qui vient s'établir à Péronne en 1861. Le fils d'Alphonse Damay, Paul (1862-1943), lui succède. L'important moulin est cependant détruit lors de la Première Guerre mondiale. En 1921, Paul Damay, épaulé par ses propres fils, Jean et Jacques qui ont rejoint l'entreprise familiale, fait reconstruire les moulins et les transforme en minoterie. L'équipement industriel est modernisé en 1928 et l'établissement industriel prend le nom de Grands Moulins de Péronne. Il cesse son activité en 1956.

L'édifice, connu par les relevés effectués en 1920 et par des photographies, est un marqueur fort du paysage urbain par sa monumentalité. Il comprend trois bâtiments mitoyens (les bâtiments de la grande roue et de la petite roue reliés par le bâtiment des vannes), des magasins, un réfectoire pour les ouvriers et un logement de concierge.

Face à la minoterie, le logement patronal, reconstruit en 1891 pour Paul Damay sur les plans de l'architecte Georges Antoine, est également reconstruit après 1923, suivant le nouvel alignement imposé qui touche également l'angle du bâtiment de la grande roue. Meunier et agriculteur, comme il l'indique dans le dossier de dommages de guerre, Paul Damay possédait également la petite ferme de Beauséjour (aujourd'hui détruite).

Équipement industriel et machines

1819 : remplacement des cinq roues hydrauliques par trois roues plus grandes. À la suite des travaux d'agrandissement de 1837, Quentin Fernet fait installer une machine à vapeur. Vers 1870, le moulin fonctionne avec une roue de type Sagebien de 8 m de diamètre et 4 m de largeur. Le plan de 1920 indique la présence de deux roues hydrauliques. Au moment de la première enquête d'inventaire (1990), le moulin est équipé d'une turbine dont la marque de constructeur n'est pas indiquée (absence de plaque).

L'établissement fait l'objet d'un avis de destruction, réalisé en 2024.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle , (détruit)
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1921, daté par source
  • Auteur(s)

La minoterie est située à l’entrée sud de la ville de Péronne, entre l’étang de Robécourt et des eaux de Biaches, à la confluence de la Somme canalisée et de la Cologne. Cette situation en fait une position stratégique marquée par un débit d'eau impressionnant, ainsi que par la présence de trois ponts qui côtoient d’anciens ouvrages de défense de la ville.

Posée sur deux levées de terre protégées de musoirs en béton, face au pont Sainte-Barbe qui enjambe la Somme à cet endroit, l'ensemble n'a cependant pas d'accès direct avec la Somme canalisée, située plus au sud. L'unique accès s'effectuait par voie terrestre, sur le côté des bâtiments, au nord, par la rue du Marin.

L'ensemble architectural se compose de quatre corps de bâtiments construits en charpente de béton armé avec brique en remplissage enduit de ciment. Ils présentent une élévation à travées de quatre étages, à l'exception de la partie centrale qui comporte un étage supplémentaire culminant à vingt mètres de haut. Chaque niveau suit l'animation de grandes baies jumelles, à l'exception du bâtiment en retour qui est destiné au stockage des grains et qui présente donc moins d'ouvertures. L'ensemble développe une superficie de 3 100 m². Il est couvert de 660 m² de terrasses en béton armé, protégées par des balustrades ajourées en béton. Une galerie de circulation semi-ouverte en portique au-dessus du vannage de décharge relie le deuxième étage des principaux ateliers de fabrication de farine et rappelle le dispositif de circulation similaire employé pour la minoterie des Grands moulins de la Somme à Muille-Villette (détruit après inventaire). À Péronne, un platelage en bois, toujours en place à fleur d'eau, double la circulation par l'extérieur. Il permettait notamment d'entretenir les vannages et d'accéder aux turbines.

Enfin, à l'intérieur, à la fois pour absorber les vibrations des plansichters et pour alléger le poids de la structure, les planchers intermédiaires sont en bois. Ils reposent cependant sur une série de poutres transversales en béton armé.

À l'intérieur, la plupart des machines de bluterie et de broyage des grains ont été enlevées et il ne subsiste désormais d'elles que la trace de leur emplacement (découpes rectangulaires dans les planchers) ainsi que la turbine du bâtiment nord. Le vannage est composé de trois ensembles regroupant un total de huit vannes qui permettent la gestion des eaux des différents étangs : les premier et quatrième vannages, dits ouvriers, sont composés de deux vannes. Le second vannage, dit de décharge, comporte quatre vannes.

  • Murs
    • béton béton armé
    • brique
    • ciment enduit
  • Toits
    béton en couverture
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    5 étages carrés
  • Couvrements
    • charpente en béton armé apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place
    • énergie électrique achetée
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté, détruit après inventaire
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Le service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la Région Hauts-de-France a réalisé une actualisation du dossier de repérage établi en 1988 sur le moulin Damay, dans le cadre d'une mission d'urgence, au moment où l'édifice était menacé de destruction. Une mission d'urgence consiste à intervenir ponctuellement avant la transformation ou la démolition programmée d'un élément du patrimoine. Elle ne permet pas de réaliser une recherche historique exhaustive. Les éléments historiques contenus dans ce dossier sont issus d'une recherche documentaire qui reste à compléter par un dépouillement approfondi des sources.

Les Moulins Damay, qui occupent un site dédié à la meunerie depuis la fin du XVIIIe siècle, constituent un grand ensemble particulièrement représentatif de l'architecture minotière en béton armé présente dans le département de la Somme. L'entreprise a été fondée par Paul Damay, également fondateur de la chambre de commerce de Péronne en 1898 et dont il a été le président entre 1921 et 1926.