Le site de Corcy étant mentionné dans un acte (peut-être faux) de Charles le Chauve en faveur de l'abbaye bénédictine Notre-Dame de Soissons - ce que rappelle Ghislain Brunel en faisant le point sur le peuplement de ce territoire au Moyen Âge -, il est vraisemblable qu'une paroisse existait en ce lieu à l'époque carolingienne ou au moins vers la fin du premier millénaire. Toutefois, rien n'est connu sur les bâtiments à usage religieux qui ont précédé l'actuelle église paroissiale Saint-Alban.
La présence d'une corniche à modillons à l'extérieur du sanctuaire incite à en placer la construction dans la seconde moitié du 12e siècle et à y reconnaître la partie la plus ancienne du monument. Au vu de la forme de sa baie, la chapelle nord doit être contemporaine ou avoir suivi de très peu l'édification du sanctuaire. En revanche, la chapelle sud, plus vaste et plus haute, paraît contemporaine de la nef et avoir été comme elle bâtie dans le premier quart du 13e siècle, datation en accord avec la composition des fenêtres, le feuillage des chapiteaux et le décor de la corniche de la nef. Après cette date, plus rien n'est connu sur l'histoire de l'église jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Et si l'observation de l'édifice permet de remarquer sur plusieurs de ses élévations - en particulier celles de la nef et de la chapelle sud - la présence d'arcs brisés qui pourraient être les témoins d'anciens bas-côtés de la nef, aucun document n'en atteste la présence ni ne fait état de leur destruction.
L'église souffre sans doute d'un défaut d'entretien pendant l'époque révolutionnaire, car en 1805, le desservant signale qu'elle exige des réparations au clocher et à la couverture, ainsi qu'aux murs. Elle profite d'embellissements et de restaurations dans la seconde moitié du 19e siècle. Leclercq de Laprairie mentionne en particulier vers 1860 la réfection intérieure de la chapelle sud ou chapelle de la Vierge, qui reçoit alors un nouveau carrelage, ainsi qu'un décor mural peint qui subsiste encore en partie. Le 15 juillet 1860, la vicomtesse de Montbreton - devenue veuve le 9 mars de la même année - acquiert de la commune de Corcy un terrain de 14,85 m2 attenant au côté nord de la nef, dans le but d'y installer un caveau et d'y faire construire une chapelle funéraire privée, dont l'architecte n'est pas connu.
Le dessin réalisé par Amédée Piette en mai 1874 semble être la plus ancienne représentation connue de l'église et témoigne de quelques différences par comparaison avec la silhouette actuelle de l'édifice. Le clocher coiffe alors la chapelle sud ; la maçonnerie de la sacristie - bien plus élevée qu'aujourd'hui - est couverte d'un appentis ; un porche abrite la porte occidentale ; enfin un escalier qui monte contre l'élévation sud de la nef semble donner accès à une tribune intérieure. La plupart de ces particularités ont perduré jusqu'à la Première Guerre mondiale, à l'exception du porche occidental, sans doute supprimé lors d'une restauration de la façade et de la construction de ses puissants contreforts latéraux.
Les combats de 1918, qui anéantissent le village, détruisent en grande partie l'église. À l'issue du conflit, il n'en subsiste plus que le chœur, les deux chapelles (chapelle Saint-Alban au nord et chapelle de la Vierge au sud) et les parties attenantes de la nef, dépourvus de toiture et aux maçonneries disloquées. Les travées occidentales de la nef et la façade ont presque entièrement disparu, comme le montrent diverses photographies et cartes postales de l'époque. L'édifice est néanmoins classé le 20 février 1920, cette mesure permettant sa réparation sous l'égide du service des Monuments historiques. Les dossiers relatifs à la restauration du monument, conservés à la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, permettent de suivre l'avance des travaux. La première moitié des années 1920 est consacrée à la réparation du chœur et des deux chapelles qui l'encadrent, l'ouvrage progressant d'est en ouest. Puis, la seconde moitié de la même décennie est occupée par la réfection de la nef, l'installation d'un clocher en ciment armé sur la croisée et l'achèvement de la toiture. L'édifice, dont le gros-œuvre est alors restauré, est inauguré le 6 septembre 1931 par l'évêque de Soissons (d'après l'hebdomadaire diocésain). L'intervention du service des Monuments historiques s'est néanmoins prolongée jusqu'en 1933-1934. Elle a porté en ces années-là sur la remise en état et l'installation du mobilier, comprenant la pose d'un nouveau chemin de croix en ciment vers 1932 et celle de verrières figuratives dans le sanctuaire en 1934.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.