La date de fondation du village de Corcy, autour de la route romaine de Soissons à Meaux, n’est pas connue, bien que le nom de la localité – Corciacus – se rapporte à l’époque gallo-romaine. Cette affirmation de Ghislain Brunel est corroborée par plusieurs découvertes de mobilier archéologique de cette époque (substructions, tuiles, tessons de céramique), qui ont été effectuées autant sur le plateau de la ferme Saint-Paul qu’à des carrefours situés sur des voies forestières (route du Faîte). Les étapes de la formation de la paroisse n’ont pu également être cernées, ni les raisons de la consécration de l’église à saint Alban, premier martyr d’Angleterre. Les plus anciens documents connus qui citent Corcy sont l’acte - peut-être faux - de Charles le Chauve daté de 858, qui confirme une donation de biens immobiliers à l’abbaye bénédictine Notre-Dame de Soissons, et le don de l'"autel" du village par l’évêque de Soissons Heddo (1052-1064) à la même abbaye, rapporté par l’historien de cette dernière, dom Michel Germain.
Pendant tout l’Ancien Régime, l’abbesse de Notre-Dame de Soissons présente donc le desservant de la cure - un prêtre séculier -, et lève également la dîme en ce lieu. Cette paroisse du diocèse de Soissons appartient alors au doyenné de Vivières, membre du Grand archidiaconé, et possède Fleury comme annexe. Les remaniements consécutifs à la Révolution font de la commune au 19e siècle un élément du doyenné de Villers-Cotterêts. Ayant reçu Longpont comme annexe en 1811, la paroisse devient elle-même annexe de Villers-Hélon après la Première Guerre mondiale. Depuis les regroupements paroissiaux de la fin du 20e siècle, le village de Corcy appartient désormais à la grande paroisse Saint-Nicolas-du-Pays-de-Retz, devenue membre d’un doyenné de Villers-Cotterêts étendu.
Jusqu’à la Révolution, le village relevait de la Généralité de Soissons, de l’Élection de Crépy-en-Valois, et du bailliage de Villers-Cotterêts. Il fait aujourd'hui partie du canton de Villers-Cotterêts et de l'arrondissement de Soissons. Avant la suppression du régime féodal, la seigneurie de Corcy était partagée entre l’abbaye Notre-Dame de Soissons et des seigneurs laïcs. M. de Limon, dans un compte-rendu rédigé en 1786, précise que l'abbaye possède alors les sept-huitièmes de la seigneurie et des justices - haute, moyenne et basse -, ainsi qu'un corps de ferme et 69 arpents de la terre. Selon dom Michel Germain, la seigneurie de Corcy aurait été achetée par l'abbesse Denise Simon en 1507 à Gui d'Harzillemont, son précédent détenteur. En réalité - comme le prouve le dénombrement fourni par Gui d'Harzillemont en 1501 - la cession n'a pu porter que sur la moitié de la seigneurie, l'autre moitié étant déjà tenue conjointement par l'abbaye Notre-Dame et un seigneur laïc.
Les seigneurs laïcs tiennent donc à Corcy le dernier huitième de la seigneurie et des justices seigneuriales, ainsi qu'un fief, le "fief de la Place", qui s'étend sur Corcy et Fleury. Ce fief, qui tire son nom de la famille de la Place encore présente en 1501, comprend les justices, des rentes et différents droits seigneuriaux, le château de Corcy, des terres, des prés et une garenne. D'après diverses pièces d'archives, il est au 16e siècle et jusqu'au milieu du 17e siècle possédé par la famille de Remyart et ses alliés, avant d'être adjugé à Louis Vigneron le 6 octobre 1666. Détenu ensuite par son fils, Robert Vigneron, puis par le cousin germain de ce dernier, Jérôme Hubert, ce fief reste aux mains de la famille Hubert jusqu'au milieu des années 1780. Les biens de Jérôme Hubert sont ensuite achetés, le 17 octobre 1786, par Claude Darras, ancien trésorier de la Caisse des Amortissements, puis, après son décès survenu en mai 1788, passent par succession à sa petite-nièce, mariée à Louis Marquet de Montbreton. Ils ont été conservés par des descendants des Montbreton jusqu'au 20e siècle, avant d’être ravagés par la Première Guerre mondiale qui a totalement effacé l'ancienne demeure seigneuriale du paysage.
Avant l’éclatement de ce conflit, l’événement le plus marquant traversé par la commune est sans doute l’épisode révolutionnaire, au cours duquel un certain nombre de terres et d’immeubles changent de détenteur, faisant disparaître l’Église de la liste des grands propriétaires fonciers, qu’il s’agisse de la cure, de l’abbaye Notre-Dame de Soissons déjà citée ou de la chartreuse de Bourgfontaine. Le moulin et l’étang, dépendant de Notre-Dame, sont ainsi vendus en 1791. En revanche, les deux étangs de La Ramée, propriété de Bourgfontaine, échappent à ce sort en 1794 pour leur rôle dans le flottage des bois qui approvisionnent Paris en bois de chauffe et de construction.
Le village évolue et se modernise tout au long du 19e siècle, comme en témoignent par exemple la construction d’une mairie-école, l’implantation d’un nouveau cimetière à l’écart du centre de l’agglomération et l’arrivée du chemin de fer. L’éclatement de la Première Guerre mondiale stoppe temporairement cette marche paisible vers le progrès. Corcy - tout comme de nombreux villages du canton – est victime de bombardements et devient, vers le milieu de l'année 1918, le cadre de violents combats qui le ravagent mais arrêtent la progression de l'armée ennemie. Le courage des habitants sous les obus et pendant l'occupation allemande vaut à la localité d'être citée à l'ordre de l'armée et de recevoir la Croix de guerre par décret du 26 octobre 1920. La reconstruction du village, confiée à une coopérative placée sous la direction de l'architecte Frédéric Bertrand (1869-1956) a occupé une grande partie de l'entre-deux-guerres. L’église, classée Monument historique le 20 février 1920, a été restaurée simultanément, mais sous l’égide de ce service de l’État.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.