Avant son établissement sur la Verse, l'hôpital, fondé en 1659, fut installé dans trois maisons prêtées par la ville sous la porte Dame-Journe puis transféré la même année, au lieu-dit Bellevue près du cimetière Sainte-Godeberthe, et en 1683, dans un local plus grand, "la maison de Vincent", située derrière l'église Saint-Maurice et à proximité de l'ancien hôpital du même nom. Enfin, il fut établi définitivement au bord des remparts, entre le couvent de Cordeliers et la rue des Etuves, sur un terrain arrosé par la Verse.
En 1671, un grand corps de logis donnant sur le jardin des Cordeliers fut construit, bientôt accompagné, d'une chapelle et d'une aile occidentale élevées en 1683 ; les vieux bâtiments furent alors réparés.
En 1686-1687, la maison était trop petite : un quota étant fixé, on renvoyait par "défaut d'air" les pauvres qui se présentaient. En 1693, les administrateurs observèrent que "depuis quelques années les pauvres de la salle des femmes et filles étaient extrêmement incommodées d'égales fièvres rhumatismes qu'ils souffraient par le défaut d'air et par l'infection, l'humidité et pourritures que produisent dans ladite salle les ordures qui sont adossées à la hauteur de 3 pieds contre le mur dans la ruelle de l'hôpital Saint-Jacques ; il a été résolu de demander la fermeture d'icelle ruelle et de s'adresser pour ce sujet à Mgr l'évêque de Noyon". Le maire décida de faire nettoyer et fermer la ruelle derrière l'hôpital et de percer des croisées dans le bâtiment des filles du côté du jardin des Cordeliers pour donner plus de jour et plus d'air aux chambres.
Cependant, en 1698, l'état des bâtiments était déplorable : les dortoirs trop petits obligeaient "les filles à coucher deux ensemble dans un seul lit et les garçons de même". La plupart des bâtiments étaient inhabitables "la cuisine, le réfectoire tombaient en ruines et étaient étayé de tous côtés". Il fallait à tout prix étendre le terrain à la place de 17 petites maisons qui jouxtaient l'hôpital. L'affaire en resta là jusqu'en 1710, où à la suite d'une épidémie, il fallut purifier les dortoirs et transporter 30 à 40 malades au petit séminaire. En 1711, l'acquisition des maisons fut résolue mais "le bâtiment de la rue ayant croulé tout à coup, il fallut penser auparavant à en construire un autre qui se fit de 1723 à 1725", grâce au généreux legs du chancelier de la cathédrale, Jacob.
En septembre 1728, l'évêque visite les lieux et constate l'exiguïté du terrain et l'état des bâtiments (cf. annexe 1). Un accord fut alors passé avec la ville mais un nouveau maire et de nouveaux échevins s'opposèrent à la réunion de ce terrain. L'intendant promit d´examiner es lieux à la fin du carême de 1729. Il visita l'édifice et "donna le dessein des bâtiments qu'il convenait d´y construire pour l'habitation des pauvres".
En 1731, un arrêt du Conseil du roi autorisa la réunion du terrain et de la petite rue des vieilles Etuves, "à charge de donner une autre rue qui conduise au terrain et de ne point interrompre ni changer le cours de la rivière", et établit dans l'hôpital, trois sœurs de la Congrégation Saint-Lazare. Les travaux furent commencés mais les fonds furent vite épuisés et les administrateurs ne trouvèrent point auprès de l'Intendant les ressources attendues. La construction des bâtiments fut abandonnée jusqu'au 15 avril 1733, date à laquelle l'affectation du produit des octrois à leur profit, fut sollicitée de l'Intendant.
Bien qu'on n'ait conservé ni les bâtiments, ni les mémoires des travaux, on peut attribuer les plans de la reconstruction de l'hôpital à Augustin Mouton, architecte demeurant à Caulaincourt. Un traité en date du 28 octobre 1774 entre les administrateurs de l'hôpital et l'architecte (cf. annexe 2) ainsi que deux états de marché datés de 1775, un plan au sol de 1773, quatre élévations datées de 1775 donnent une idée de l'ampleur des travaux. Les marchés sont directement passés entre les administrateurs et les corps de métier, avec Pierre Breton "fabriquant et marchand de quarreaux", avec Maurice Brumart, maître maçon demeurant à Noyon, qui s'engage à construire les bâtiments en suivant les devis, plans, coupes et élévations faits par Mouton "architecte et directeur de toutes les ouvrages à faire dans ledit hôpital" pour le mois de juin 1776.
Les archives hospitalières conservent encore un projet sans date d'exhaussement pour jouter un second étage au bâtiment donnant sur la rue et sur la cour d'entrée, projet qui ne semble pas avoir eu de suite. Le bâtiment mesurait alors 70 pieds de longueur hors œuvre et 23 pieds 1/2 de largeur.
L'hôpital fit l'objet de travaux importants, en 1873 (construction d'une aile de deux étages). Détruit au printemps 1918, il sera relevé de ses ruines grâce à la donation de l´association médicale Saint-Pantaléon de Philadelphie mais reconstruit sur l'emplacement des anciennes casernes, boulevard Alsace-Lorraine. Les travaux, réalisés sous la direction de l'architecte Venet, commencèrent en 1930.
Photographe de l'Inventaire général du patrimoine culturel.