Comme l'ensemble de leurs réalisations communes, l'enclos funéraire de Ribeaucourt est envisagé par Pierre et Gérard Ansart comme une œuvre complète, où le décor prend autant d'importance que l'enveloppe architecturale. Le décor sculpté, conçu par Gérard Ansart, a très certainement été exécuté par l'atelier du marbrier Marcel Sueur, membre du Groupement de Notre-Dame-des-Arts et collaborateur habituel du cabinet Ansart. À l'instar du programme architectural proprement dit, les dessins conservés dans le fonds Ansart (archives privées) permettent de suivre l'évolution des recherches sur le décor sculpté jusqu'à la réalisation finale. Les premiers projets de l'enclos, particulièrement ornés, font déjà la part belle à un abondant décor sculpté (décor d'architecture, chemin de croix en relief, statues engagées etc.). Sur le croquis préparatoire de l'élévation latérale du premier projet, la mention manuscrite : "Mr Giot, sculpteur/ 20 rue de Gentilly à Montrouge" évoque probablement l'auteur pressenti du décor sculpté, Marius-Antoine Giot, sculpteur réputé de l'entre-deux-guerre et auteur en 1935 du monument aux morts d'Ailly-sur-Noye. En revanche, les différentes variantes du dernier projet pour l'enclos funéraire, vers 1936-1937, mettent l'accent sur les deux éléments qui seront finalement retenus : le calvaire et la Vierge de Pitié. Le premier apparaît d'abord sous la forme d'une croix monumentale ou d'un calvaire situé devant la chapelle, dans l'axe de la porte de l'enclos, dont on distingue le socle sur le plan du premier projet. Une croix monumentale, avec reposoir porté par les statues des quatre Évangélistes assis, est représentée distinctement sur le premier dessin du troisième projet. Sur un autre dessin, la croix est devenue un calvaire sur un piédestal octogonal. Le calvaire, dont le dessin n'évolue guère, est ensuite placé au sommet de la porte de l'enclos, complété d'armoiries et adossé à une Vierge à l'Enfant, ou complété de l'inscription « in spem » et adossée à un contrefort. La position définitive, au sommet de l'angle nord-est et accompagnée de l'inscription « inri », fait l'objet de différents dessins. La Vierge de Pitié, quant à elle, est visible pour la première fois sur un croquis accompagnant une variante du dernier projet. Elle semble alors être placée dans le tympan d'une arcade, de l'enclos, peut-être la porte, devant la fermeture en fer forgé. Un groupe sculpté différent, avec la Vierge agenouillée tenant le Christ allongé, est intégré à un projet de monument aux morts familial, dans lequel il couronne le tableau commémoratif occupant une des arcades postérieures de l'enclos. Un projet encore plus abouti de l'élévation définitive de l'enclos montre la Vierge de Pitié à l'emplacement qu'elle occupe aujourd'hui, dans une arcade centrale où elle surmonte une table armoriée, flanquée de tableaux commémoratifs des morts dans les arcades latérales. Une variante, sans que l'on puisse la rapprocher d'un parti précis, montre le tableau commémoratif des morts directement gravé au chevet de la chapelle. Le projet de Vierge de Pitié, pour sa part, évolue encore puisque la table est modifiée pour porter les derniers versets de l'hymne du Stabat Mater, qui ne seront finalement jamais gravés. Le dessin définitif de la Vierge de Pitié, probablement conservé par l'exécutant, adopte une forme encore différente, avec un Christ petit et chétif gisant au sol appuyé sur sa mère, selon une inspiration médiévale à laquelle Gérard Ansart était particulièrement sensible. Un esprit semblable anime le Christ en croix, tandis que les figures de la Vierge et de saint Jean, comme celle de la Vierge de Pitié, sont d'une facture plus classique mais d'une grande qualité expressive.