Dossier d’œuvre objet IM60001707 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, les litanies de la Vierge
  • mobilier et objets religieux
Verrière figurée (verrière mariale) : la Vierge des litanies, sainte Anne, saint Joachim, David, Salomon, les donateurs et leurs saints patrons (baie 13)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermontois - Plateau Picard - Clermont
  • Commune Clermont
  • Adresse Eglise paroissiale Saint-Samson , 2 rue de l'Eglise
  • Emplacement dans l'édifice chapelle Saint-Roch (baie 13)
  • Dénominations
    verrière
  • Titres
    • Vierge des litanies
    • sainte Anne et saint Joachim
    • David et Salomon
    • saint Claude
    • saint Nicolas

La verrière est datée du 2ème quart du 16e siècle. Du point de vue stylistique, elle est semblable aux créations d'Engrand Leprince, peintre-verrier actif dans la 1ère moitié du 16e siècle. Le style des vêtements des commanditaires est celui du début du 16e siècle.

L'atelier du peintre-verrier à l'origine de la verrière n'a pu être identifié. La verrière serait une donation de la famille d'Argillières et l'iconographie aurait été contrôlée par les chanoines Nicolas (vers 1480-1561) et Claude d'Argillières. Né à Clermont, Nicolas d'Argillières devint chanoine de Clermont en 1490, puis prévôt de ce chapitre vers 1497 avant d'entrer en 1506 dans le collège des chanoines de la cathédrale de Beauvais, où il devint sous-chantre en 1518. Il fut un commanditaire actif, notamment auprès de la cathédrale de Beauvais, mais aussi auprès de sa ville natale : Clermont.

La chapelle dans laquelle se trouve la verrière fut construite soit pour Jean d'Argillières, lieutenant général de la ville de Clermont et père de Nicolas et Claude, soit pour François d'Argillières, leur frère. Avant d'être baptisée Saint-Roch la chapelle était placée sous l'invocation de saint François. Elle accueillait les sépultures de Jean et de François d'Argillières décédé en 1544. C'est pourquoi on peut penser que l'un des deux est à l'origine de cette verrière, témoignant du pouvoir politique et religieux de la famille d'Argillières. Toutefois cette thèse n'a pu être vérifiée par aucun document d'archives. La présence des deux blasons dans le registre inférieur n'a pu l'étayer car ils sont l’œuvre du restaurateur Charles Lévêque.

La verrière faisait autrefois partie d'un ensemble de sept verrières illustrant la Vie de la Vierge, dont seules deux ont subsisté : celle dédiée à la Vierge des litanies et celle dédiée à l'arbre de Jessé dont la Vierge était le fleuron final. Les cinq autres verrières ont été endommagées par la grêle en 1788 avant de disparaître au cours de la Révolution et d'être remplacées en 1865.

La verrière a été restaurée en 1863 par Charles Lévêque, puis déposée en 1918 et reposée en 1920 après avoir été partiellement remise en plomb. Elle a encore été restaurée après la Seconde Guerre mondiale.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 16e siècle
    • Secondaire : 3e quart 19e siècle
  • Auteur(s)

La verrière prend place dans une baie en arc brisé, composée de 3 lancettes juxtaposées de largeur égale ; le tout étant maintenu à l'aide 2 meneaux verticaux. La verrière se compose de 12 registres se déployant horizontalement sur les 3 lancettes, formant ainsi un ensemble de 36 panneaux. Composés de verre transparent soufflé et teinté dans la masse, les vitraux sont peints à l'aide d'une grisaille et de jaune d'argent, ils forment un ensemble polychrome où le bleu et le rouge prédominent. Certaines pièces de verre sont incrustées en chef-d’œuvre (étoiles) et d'autres sont gravées (nimbe).

  • Catégories
    vitrail
  • Structures
    • lancette, 3, juxtaposé
    • panneau vitré, 36
  • Matériaux
    • verre transparent, soufflé, peint, jaune d'argent, grisaille sur verre, pièce incrustée en chef-d'oeuvre, gravé
    • plomb, réseau
  • Précision dimensions

    Dimensions totales : h = 700 ; la = 300.

  • Précision représentations

    Les registres inférieurs des trois lancettes sont occupés par plusieurs personnages répartis hiérarchiquement dans chacune des lancettes. Dans le registre inférieur de la lancette gauche sont représentés sept donateurs agenouillés sur un sol dallé. Ils sont tous individualisés et portent des vêtements à la mode du 16e siècle montrant les fonctions qu'ils occupent.

    Le premier personnage, situé en tête de file, est représenté agenouillé devant un livre ouvert, les mains jointes en prière. Il est vêtu d'une longue robe rouge bordée de fourrure, ce qui indique qu'il s'agit d'un homme de haute condition sociale et donc probablement du commanditaire (François ou Jean d'Argillières). Le second est un chanoine, il porte une aumusse bordée de fourrure et un long manteau bleu, il s'agit probablement de Nicolas d'Argillières, chanoine de la cathédrale de Beauvais et fils aîné de Jean d'Argillières. Le troisième porte un surplis, il pourrait s'agir de Claude d'Argillières, chanoine de Clermont. Le quatrième est un jeune homme portant les cheveux longs, un pourpoint, une croix de Malte sur la poitrine et une épée richement décorée sur laquelle un phylactère s'enroule, il s'agit probablement de Sébastien d'Argillières, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Les donateurs sont présentés par saint Claude, lequel est en costume d'évêque, mitre en tête et croix pastorale en main.

    Dans le registre inférieur de la lancette droite, six donatrices sont présentées par saint Nicolas portant sa tenue d'évêque et sa crosse. Le saint est accompagné du saloir et des trois enfants qu'il sauva. Les donatrices sont elles aussi vêtues à la mode du 16e siècle. Les deux premières présentent des robes et des coiffes identiques, mais de couleurs différentes. Leurs cheveux sont dissimulés par un chaperon rigide au tissu damassé. On remarque que la plus âgée (la 1ère) tient un chapelet dans ses mains. La deuxième a les cheveux blond vénitien à l'image de ceux de ses sœurs et de la Vierge. Parmi les quatre femmes restantes on distingue une religieuse qui pourrait être Marguerite d'Argillières, fille de Jean d'Argillières.

    L'aspect pieux des donateurs est signifié par leurs postures humbles et par la présence du chapelet et des livres ouverts sur un prie-Dieu. La présence de saint Claude et de saint Nicolas s'expliquerait par le fait que les deux chanoines de la famille d'Argillières (Claude et Nicolas) seraient à l'origine du programme iconographique de la verrière.

    Dans le registre inférieur de la lancette centrale deux rois de l'Ancien Testament sont représentés : David, à gauche, et son fils Salomon, à droite. David est âgé, il porte une longue barbe et il tient une harpe dans sa main droite. Salomon est représenté en jeune homme, il est couronné et tient un livre, probablement le Cantique des Cantiques puisqu'il lui a souvent été attribué. Les deux personnages tiennent des phylactères contenant des inscriptions issues des Psaumes et du Cantique des Cantiques. Leur présence sous le personnage de la Vierge peut être vue comme un lien généalogique, la Vierge descendant de la maison de David, mais aussi comme une préfiguration de ses qualités, puisque plusieurs des appellations qui lui sont données sont issues des livres tenus par les deux rois.

    Le registre médian s'articule autour de la figure de la Vierge. Représentée dans une gloire, elle est figurée debout, auréolée d'un nimbe aux rayons dorés, les cheveux défaits et les mains jointes en prière. Vêtue d'une longue robe blanche, elle semble flotter dans les airs, sensation accentuée par la présence de nuées sous ses pieds. Ses emblèmes, comme les phylactères qui les identifient, semblent eux aussi flotter. On retrouve (de haut en bas et de gauche à droite) :

    - le soleil,

    - la lune,

    - l'olivier,

    - le miroir sans tache,

    - l'étoile,

    - le cèdre,

    - le lys parmi les épines,

    - la tige de Jessé,

    - la porte du Ciel,

    - la fontaine de jardin,

    - la tour de David,

    - le puits.

    Les autres emblèmes se trouvent sous la Vierge, on aperçoit : la Cité de Dieu, le massif de roses (roses blanches) et le jardin clos.

    De part et d'autre de la Vierge se trouvent ses parents : sainte Anne (à gauche) et Joachim (à droite). Tous deux portent des vêtements bleu et or. Au-dessus des deux saints, un groupe de quatre anges est figuré sur un fond bleu semé d'étoiles. Ils sont vêtus d'une longue aube blanche et d'une ceinture dorée. Deux d'entre eux portent des ailes rouges, les deux autres portent une harpe et un luth, signifiant leur rôle de musicien.

    Le registre supérieur des trois lancettes est articulé autour de la représentation de Dieu le Père. Il est figuré sur un fond or et il est entouré de chérubins monochromes : deux verts, deux bleus, quatre rouges et trois violets. Il est représenté à mi-corps au-dessus des nuées et d'un phylactère. Il porte un ample pluvial, une tunique, un nimbe grenat gravé, la tiare pontificale et un orbe crucifère. Sa main droite est levée en signe de bénédiction, légitimant ainsi la croyance en l'Immaculée Conception représentée par l'intermédiaire de la Vierge des litanies.

    Le modèle iconographique ayant servi à la création de cette verrière semble similaire à celui utilisé pour la verrière de l'église paroissiale Saint-Médard de Baugy. En effet, on peut noter de nombreuses similitudes entre les deux verrières, notamment du point de vue stylistique, des couleurs et de la disposition des emblèmes.

  • Inscriptions & marques
    • inscription concernant l'iconographie, sur l'oeuvre, latin, peint
    • armoiries, sur l'oeuvre, peint
  • Précision inscriptions

    Inscriptions concernant les litanies de la Vierge, phylactère, registre supérieur : TOTA PULCRA ES, AMICA MEA, ET MACULA NON EST IN TE.

    Inscriptions concernant les litanies de la Vierge, phylactères, registre médian (de gauche à droite et de haut en bas) : ELECTA UT SOL/ PULCRA UT LUNA/ OLIVIA SPECIOSA/ SPECULUM SINE MACULA/ STELLA MARIS/ SEDRUS EXALLATA/ SICUT LILIUM INTER SPINAS/ VIRGA JESSE FLORUIT/ PORTA CELY/ FONS ORTORUM/ TURRIS DAVID CUM PROPUGNCACULIS/ PUTEUS AQUARUM VIVENTUM.

    Inscriptions concernant les litanies de la Vierge, phylactères, registre inférieur (de gauche à droite) : CIVITAS DEI/ PLANTACIO ROSE/ ORTUS CONCLUSUS.

    Inscriptions identifiant les personnages, registre médian : SAINCTE ANNE (lancette gauche), (SAINCT) JOACHIM (lancette droite). Inscriptions identifiant les personnages, registre inférieur : SAINCT CLAUDE (lancette gauche), SAINCT NICOLAIS (lancette droite).

    Inscription dans le phylactère tenu par David, partie médiane du registre inférieur, personnage de gauche : QUAERETUR PECCATU[M ILLIUS], ET NON INVENIETUR. DAVID. Cette inscription se rapporte à la citation suivante issue du Psaume 9 ou10 : "Contere brachium peccatoris et maligni quaeretur peccatum illius, et non invenietur" signifiant : "Casse le bras de l'impie, punit ses iniquités et qu'il disparaisse à tes yeux".

    Inscription dans le phylactère tenu par Salomon, partie médiane du registre inférieur, personnage de droite : PROGREDITUR QUASI AURORA CONSURGENS. Cette inscription est issue du Cantique des Cantiques IV, 9 : "Quae est ista quae progreditur quasi aurora consurgens" signifiant " Qui est celle qui apparaît comme l’aurore".

    Armoiries peintes sur l’œuvre, lancettes droite et gauche, registre inférieur : tour d'or, au chef d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or (lancette gauche, armoiries modernes de la ville de Clermont) ; d'azur chargé d'une gerbe d'épis (lancette droite, armoiries de Ressons-sur-Matz).

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
    • oeuvre déposée
    • plombs de casse
  • Précision état de conservation

    Les vitraux de l'église ont été restaurés en 1863 par Charles Lévêque, peintre-verrier beuvaisien. Les armoiries représentées dans le registre inférieur de la verrière sont deux créations du peintre, les armoiries des donateurs ayant été brisées à la Révolution. La verrière a été déposée en 1918 et reposée en 1920 après avoir été partiellement remise en plomb. Elle a été à nouveau restaurée après la Seconde Guerre mondiale.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1906/12/10
  • Référence MH

Bibliographie

  • FÖRSTEL, Judith. La Tenture de l'Histoire des Gaules, un manifeste politique des années 1530. Revue de l'art, 2002, n°135/2002-1.

    p. 43-66
  • FRANCE. Corpus Vitrearum Medii Aevi. Les vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978.

    p. 190
  • LEDICTE-DUFLOS. Mémoire sur les vitraux peints de l'arrondissement de Clermont (Oise). Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, 1850, tome 10.

    p. 103-105
  • MERMET Marcel. Recherches et études concernant l’Église Saint-Samson de Clermont-en-Beauvaisis. Première série. Des origines à la fin du XVIIIème siècle. Comptes-rendus et mémoires de la Société archéologique et historique de Clermont-en-Beauvaisis, Année 1956, Imprimerie réunies de Senlis, 1957.

    p. 26 à 47
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général