Dossier d’œuvre objet IM02005406 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Armoire à reliquaires
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice troisième chapelle nord du chœur
  • Dénominations
    armoire à reliquaires
  • Titres
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Très tôt, les chefs du diocèse de Soissons et le clergé de la cathédrale ont cherché à inhumer dans cette église les corps de saints personnages ou à y constituer un trésor de reliques. L'un des meilleurs illustrateurs de cette piété est l'évêque Nivelon I de Chérizy ou de Quierzy qui, croisé en 1201, envoie au chapitre en 1202 depuis la Terre Sainte un grand nombre de reliques insignes, telles qu'une partie du chef de saint Marc, la tête de saint Etienne, le doigt que saint Thomas avait mis dans le côté du Christ, une épine de la Couronne du Christ, une partie de la robe de la Vierge, et bien d'autres encore. Le chanoine Cabaret rapporte que ce zèle à doter sa cathédrale de nombreuses reliques lui avait mérité dans certains documents le surnom de "Nivelon de Reliquiis".

Des reliquaires sont alors réalisés pour contenir et exposer ces restes des saints, et ces objets en matériaux précieux sont abrités dans un meuble spécifique : l'armoire à reliquaires. Contrairement à d'autres éminentes églises picardes où des armoires médiévales sont encore visibles in situ (basilique de Saint-Quentin), ou bien sont connues par le biais du dessin ou de la photographie (cathédrale de Noyon), la cathédrale de Soissons n'a pas conservé d'armoire à reliquaires de cette période, et les rares archives subsistantes ne paraissent pas en faire mention. Il s'agissait probablement d'un meuble en bois, installé dans le côté nord du sanctuaire (emplacement attesté au 17e siècle).

La prise et l'occupation de Soissons par les protestants en 1567-1568 portent un coup fatal à ce trésor : le métal précieux des reliquaires est dérobé et fondu, et les reliques sont presque totalement détruites. Les décennies qui suivent sont consacrées par le clergé à la restauration de la cathédrale et à l'acquisition de mobilier et d'objets indispensables à la décence du culte. Ce n'est qu'au 17e siècle que peut être entreprise la reconstitution du trésor des reliques. Parmi les divers dons et translations rapportés par les archives, trois se remarquent par l'étroit rapport que les saints entretiennent avec le diocèse. En 1617, l'évêque Jérôme Hennequin fait transporter à la cathédrale les reliques de saint Rufin et saint Valère - évangélisateurs du Soissonnais - qui se trouvaient alors à l'abbaye de Saint-Paul-lès-Soissons et risquaient de quitter le diocèse pour Reims. En 1629, l'évêque Simon Legras obtient du diocèse de Reims une partie des reliques de saint Sixte et saint Sinice, premiers évêques de Soissons. Mais surtout, le 16 juin 1685, la cathédrale reçoit des reliques de ses saints patrons, Gervais et Protais, provenant de Brisach. La construction d'une nouvelle armoire à reliquaires est sans doute consécutive à cette dernière translation.

La date de 1687, gravée à l'intérieur du meuble sur une traverse, et les annotations concordantes d'un inventaire de 1672 permettent de dater avec précision cette armoire et de l'attribuer à la générosité du chantre Nicolas Lombard. Elle remplace alors la précédente à l'intérieur du sanctuaire. Son installation dans la troisième chapelle nord du chœur date du réaménagement complet du chœur de la cathédrale, de 1767 à 1775. En 1771, nous rapporte Cabaret, certains chanoines font peindre l'armoire couleur "faux bois", pour lui donner l'aspect du palissandre, et la font également dorer. Et pour la rendre plus majestueuse encore, on en augmente le fronton d'une croix, de vases, de guirlandes et d'autres sculptures. Une partie de ce décor a disparu en deux étapes : probablement pendant la Révolution ou dans le courant du 19e siècle, puis à la suite de la Première Guerre mondiale qui n'a pourtant pas endommagé gravement le meuble. Il semble qu'on doive à ce conflit et à la restauration consécutive l'effacement de l'inscription peinte au centre de la frise, la disparition du sujet qui occupait le nuage supérieur du fronton, enfin la réfection totale d'au moins un des anges de ce même fronton, si ce n'est des deux. Les photographies antérieures à 1914 attestent en effet que les deux anges portaient chacun une grande palme, et l'ange original de gauche (en très mauvais état) est actuellement déposé dans la chapelle supérieure du bras sud du transept.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 17e siècle
    • Secondaire : 3e quart 18e siècle
  • Dates
    • 1687, porte la date, daté par source
    • 1771, daté par source
  • Stade de création
  • Auteur(s)

L'armoire est réalisée en chêne et est recouverte à l'extérieur d'une peinture faux bois, destinée à donner l'illusion du palissandre. Les éléments en relief du décor sont peints en doré pour se détacher sur ce fond. Le meuble, qui occupe toute la largeur de la chapelle, adopte un plan rectangulaire horizontal, et son élévation est droite. Au-dessus d'une plinthe, l'avant de l'armoire, cantonné par deux pilastres rapportés, est presque entièrement constitué par deux battants, chacun pouvant se replier en deux. Chaque battant est formé de six panneaux (trois superposés et deux juxtaposés), moulurés grand cadre élégi. Les panneaux portent un décor en bas-relief, sculpté dans la masse. L'entablement qui règne au-dessus du corps principal du meuble est orné d'une frise en bas-relief. Il est surmonté d'un fronton semi-circulaire, porteur d'un décor en bas-relief sculpté dans la masse, et d'un décor en haut-relief rapporté. L'intérieur de l'armoire, peint en rouge, offre deux espaces de rangement superposés, sans division médiane.

  • Catégories
    menuiserie
  • Structures
    • plan, rectangulaire horizontal
    • élévation, droit
    • battant, 2, juxtaposé
    • pilastre, 2
  • Matériaux
    • chêne, en plusieurs éléments taillé, peint, faux bois, peint faux or, mouluré grand cadre, décor en relief, décor dans la masse, décor rapporté
  • Précision dimensions

    Hauteur approximative : h = 550 ; la = 420

  • Précision représentations

    La façade est cantonnée par deux pilastres cannelés et rudentés, surmontés d'un chapiteau corinthien. Sur les vantaux, les panneaux du niveau inférieur sont ornés de palmes nouées par un ruban plissé, symboles du martyre. Les panneaux du niveau supérieur sont occupés par des couronnes de laurier, également nouées par des rubans plissés, symboles de gloire. Le niveau médian est réservé à la représentation des diacres saint Gervais et saint Protais, encadrés par saint Rufin et saint Valère. Les quatre personnages, placés de face sur des monticules et porteurs de la palme du martyre, sont inspirés par les statues des mêmes saints, sculptées dans les années 1660 par Gilles Guérin pour le deuxième jubé de la cathédrale. Un bandeau d'enroulements de feuillages et de fleurs, et des frises de denticules et d'oves sont réservés à l'entablement. Sur le fronton, bordé de denticules, d'oves et de dards, des anges en vol dans des nuées tenaient autrefois des palmes.

  • Inscriptions & marques
    • inscription, peint, sur l'oeuvre, latin, disparu, connu par document
    • date, gravé, sur l'oeuvre
  • Précision inscriptions

    Une inscription latine était peinte sur le panneau central de l'entablement. Cette inscription, aujourd'hui disparue, est visible sur les photographies antérieures à 1914 et a été rapportée par le baron de Guilhermy : NOMEN EORUM / VIVIT.

    La date de 1687 est gravée à l'intérieur de l'armoire, sur la traverse supérieure.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
    • partie remplacée
    • manque
  • Précision état de conservation

    La peinture extérieure a tendance à disparaître à proximité du sol et des murs humides. La dorure est usée. Sur le fronton, l'un des anges (au moins) a été entièrement refait. Il manque les palmes que ces anges tenaient dans une main et les guirlandes et vases que signale le chanoine Cabaret. Le sujet qui se détachait du nuage supérieur est brisé.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    inscrit au titre objet, 2008/09/12
  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Aisne. Série G : G 255. Inventaire ou somme des chartres, titres, pièces importantes, registres et papiers contenus dans les archives du chapitre de l'église cathédrale de Soissons, t. 2.

    p. 98-101.
  • AD Aisne. Sous-série 4 J : 4 J 2 (copie des "Mémoires pour servir à l'histoire de Soissons et du Soissonnais" d'Antoine-Pierre Cabaret, seconde partie).

    p. 316, 329, 341, 343-344.
  • A Évêché Soissons. Série P (paroisses) : P Soissons-Cathédrale, 2 D. Inventaires.

    Inventaire des ornements, vases sacrés, linge, or, argenterie [...] en l'année 1672, p. 1.
  • BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).

    folio 256 v°.

Bibliographie

  • BRUNET, Émile. La restauration de la cathédrale de Soissons. Bulletin monumental, 87e volume, 1928.

    p. 89.

Documents figurés

  • SOISSONS - La Cathédrale - Armoire des reliques parmi lesquelles plusieurs ossements de Saint-Crépin, carte postale, G. Nougarède éditeur à Soissons, [vers 1913].

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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