Dossier d’œuvre objet IM02005371 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Ensemble des deux autels secondaires Saint-Gervais et Saint-Protais (degrés d'autel, autels tombeaux, gradins d'autel, retables architecturés à niche)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ministère de la culture - Inventaire général
  • (c) Département de l'Aisne
  • (c) AGIR-Pic

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice deuxième chapelle des collatéraux nord et sud du chœur
  • Dénominations
    degré d'autel, autel, gradin d'autel, retable
  • Titres
  • Appellations
    autel Saint-Gervais, autel Saint-Protais

En 1663, le chapitre décide de remplacer le jubé médiéval, mutilé pendant les guerres de religion, par un nouveau jubé au goût du jour. L'ouvrage est réalisé de 1664 à 1666, sous la direction du sculpteur parisien Gilles Guérin, membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture. L'artiste est aussi l'auteur du décor figuré du jubé, qui repose principalement sur six statues de pierre, installées chacune sur un haut piédestal dans les entrecolonnements de l'élévation principale de l'ambon. Cet ensemble consiste en trois associations de saints : saint Pierre et saint Paul, les deux piliers de l'Église, les deux jumeaux Gervais et Protais, saints patrons de la cathédrale, enfin saint Rufin et saint Valère, évangélisateurs du Soissonnais vers la fin du 3e siècle.

L'aménagement et la décoration du chœur et de son environnement sont entièrement renouvelés à partir de 1767, sur les plans de Michel-Ange Slodtz et sous la direction du sculpteur soissonnais Antoine Forest ou Forêt. Les écrits du chanoine Cabaret et l'inventaire des archives du chapitre cathédral - rédigé au cours des années 1780 - permettent de suivre la progression des travaux. Un troisième jubé - d'ordre corinthien cette fois - est alors construit à la place du précédent, en réutilisant une partie de ses matériaux. Un généreux don de Monseigneur Henri-Claude de Bourdeilles (1764-1801) finance les deux autels et retables en marbre qui encadrent la porte centrale du jubé, ainsi que leurs ornements en cuivre doré. Ces autels sont vraisemblablement l'œuvre du marbrier hainuyer Thomas, fournisseur de tous les éléments en marbre du nouveau chœur. Enfin, les statues des jumeaux Gervais et Protais, sculptées par Gilles Guérin pour le précédent jubé, sont placées dans les niches ménagées au-dessus des deux nouveaux autels, ces derniers étant désormais consacrés aux saints patrons de la cathédrale. Le serrurier Levasseur parachève l'ouvrage, en installant de petites grilles d'appui devant la porte centrale et autour des chapelles du jubé.

Comme en témoignent de précieuses photographies réalisées peu avant la destruction du jubé en 1866, cette disposition de l'ensemble paraît être restée inchangée - à quelques détails près - jusqu'au milieu du 19e siècle, les autels perdant seulement leurs ornements de cuivre au cours de la Révolution française.

En 1862, le clergé et la fabrique manifestent l'intention d'installer un autel paroissial dans le bras nord du transept, projet d'abord soutenu sans grande énergie en raison des difficultés financières du diocèse. Finalement en 1865, Monseigneur Jean-Jules Dours, sacré l'année précédente, demande au ministre des Cultes de bien vouloir faire opérer le dégagement complet du transept de la cathédrale et faire édifier l'autel monumental désiré dans le bras nord. La destruction du jubé est comprise dans cette requête. Cette éventualité suscite instantanément une vive polémique. À cette époque, les changements de goût et de liturgie incitent certains à considérer ce jubé, non comme une œuvre d'art, mais au mieux comme une œuvre "qui n'est pas sans quelque mérite" (abbé Pécheur). En outre, ce jubé obstrue l'entrée du chœur et empêche les fidèles de suivre les cérémonies qui se déroulent au maître-autel. Enfin, le style de cette clôture n'est pas en harmonie avec l'architecture gothique de la cathédrale. En dépit de réponses pertinentes qui soulignent la cohabitation harmonieuse de styles divers dans de nombreux monuments, et la rareté des jubés subsistants qui les rend d'autant plus respectables, décision est prise de détruire le troisième jubé de la cathédrale. La seule concession accordée est la conservation des deux autels et retables adossés à l'élévation occidentale, et leur réinstallation dans la deuxième chapelle de chaque collatéral du chœur. Cet aménagement, réalisé dans le courant de l'année 1866, a duré jusqu'à nos jours.

Les deux ensembles sont identiques. Chacun est composé d'une plateforme sur laquelle repose un autel tombeau, de plan rectangulaire et horizontal et d'élévation droite. Cet ensemble est surmonté d'un gradin d'autel, puis d'un retable à niche centrale, cantonné par des pilastres. Un entablement rectiligne, sans fronton, s'appuie sur les chapiteaux des pilastres.

La plateforme est réalisée à l'aide de trois marbres veinés différents : un rouge, un blanc et un noir. L'autel tombeau ne comporte que deux marbres : de la brèche, pour le devant d'autel et les deux panneaux latéraux, et un marbre rouge veiné pour le cadre de ces trois panneaux. Un marbre pourpre violacé à taches grises a été choisi pour la table de l'autel. Le gradin a été taillé dans un marbre rouge et gris à veines rosées. Le décor de ce mobilier repose principalement sur quelques moulures et sur la polychromie des matérieux utilisés.

Au-dessus de l'autel, le retable en calcaire blanc comporte en sa partie centrale une niche tapissée et entourée d'un placage de marbre violacé. Les pilastres qui l'encadrent possèdent un fût monolithe en marbre noir poli, surmonté d'un demi chapiteau en calcaire, rapporté. L'entablement en calcaire, rehaussé de minces frises ornementales sculptées dans la masse, arbore, en guise de frise, un bandeau horizontal de marbre noir.

  • Catégories
    taille de pierre, marbrerie
  • Structures
    • plan, rectangulaire horizontal
    • élévation, droit
    • pilastre, 2
  • Matériaux
    • calcaire, blanc, en plusieurs éléments taillé, décor en relief, décor dans la masse, décor rapporté
    • marbre veiné, rouge, gris, noir, violet, en plusieurs éléments taillé, poli, mouluré
    • brèche, en plusieurs éléments taillé, poli
    • marbre uni, noir (incertitude), taillé, poli
  • Précision dimensions

    Mesures de l'autel seul : h = 98 ; la = 214 ; pr = 87. Mesures approximatives de l'ensemble, degré d'autel compris : h = 500 ; la = 350 ; pr = 200.

  • Iconographies
  • Précision représentations

    Les deux pilastres sont couronnés d'un chapiteau corinthien. Ils portent un entablement orné de frises décoratives superposées : une de perles, une de fuseaux et pirouettes, une de rais de cœur, puis une de denticules, enfin une d'oves et dards.

  • État de conservation
    • mauvais état
  • Précision état de conservation

    À l'autel Saint-Gervais (nord), le calcaire est rongé par l'humidité dans la partie inférieure du retable. Certains panneaux en marbre sont brisés, fendus, désassemblés, et des éléments du matériau ont disparu (au gradin d'autel, en particulier). La table d'autel est incomplète.

    L'autel Saint-Protais (sud) est en meilleur état. Mais là-aussi, le calcaire est rongé en partie inférieure. Les marbres du degré d'autel sont désassemblés. L'élévation de l'ensemble présente quelques traces d'impacts. Un des panneaux latéraux de cet autel tombeau est percé.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler

Outre la qualité des matériaux employés pour leur réalisation, ces deux autels sont les éléments les plus importants subsistant du dernier jubé de la cathédrale.

Documents d'archives

  • AD Aisne. Sous-série 4 J : 4 J 2 (copie des "Mémoires pour servir à l'histoire de Soissons et du Soissonnais" d'Antoine-Pierre Cabaret, seconde partie).

    p. 318, 322, 324, 326.

Bibliographie

  • GUILLET DE SAINT-GEORGES, Georges. Gilles Guérin. In Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l'Académie royale de peinture et de sculpture, Publiés d'après les manuscrits conservés à l'Ecole impériale des Beaux-Arts, par MM. L. Dussieux, E. Soulié, Ph. de Chennevières, Paul Mantz, A. de Montaiglon, Paris : J.-B. Dumoulin, 1854, t. 1, p. 259-268.

    p. 259-268.

Documents figurés

  • [Vue du jubé de la cathédrale de Soissons] / [ca 1860]. 1 photogr. pos (Soissons : Société archéologique, historique et scientifique).

  • [Le jubé de la cathédrale de Soissons, vu de trois-quarts], photographie, [vers 1860] (A Évêché Soissons : Série Y, Soissons-Cathédrale).

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2012
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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Plouvier Martine
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Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

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