Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.
- mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
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Lefébure ThierryLefébure Thierry
Photographe du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
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Commune
Soissons
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Adresse
Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais
,
place Cardinal-Binet
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Emplacement dans l'édifice
abside (baie 102)
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Dénominationsverrière
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Titres
- Scènes de l'histoire d'Adam et d'Ève
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Dossier dont ce dossier est partie constituante
La verrière consacrée à l'histoire d'Adam et d'Ève a été réalisée dans le premier quart du 13e siècle, probablement vers 1212, date de prise de possession du chœur par le chapitre. On ignore qui finança sa réalisation, même si les écrivains d'Ancien Régime - tel Dormay - attribuent à l'évêque Haymar de Provins le don de deux vitres du chœur, et à la comtesse Aliénor de Valois, celui d'une autre verrière. Par la suite, rien de précis n'est connu sur l'histoire de cette verrière jusqu'au début du 19e siècle.
L'ensemble des verrières de la cathédrale souffre d'un manque d'entretien pendant la Révolution et profite d'une restauration vers 1807, à l'aide de panneaux de vitraux provenant de l'église abbatiale Saint-Jean-des-Vignes qu'on commence à détruire. Gravement endommagées par l'explosion de la poudrière du bastion Saint-Remy, le 13 octobre 1815, puis par un ouragan en décembre 1815, les verrières sont réparées en 1816 ou 1817, intégrant au besoin des panneaux ou des verres provenant cette fois de l'église abbatiale de Braine, en cours de démolition partielle. Le devis de l'architecte-expert Louis Duroché, daté du 8 février 1816 et conservé aux Archives diocésaines, souligne les graves dommages subis par les verrières de l'abside, dans lesquelles de nombreux panneaux sont à refaire à neuf. Ces verrières sont alors complètement remaniées. En ce qui concerne celle-ci, un tiers des panneaux sont à "refaire" (réparer et remettre en plombs), le reste devant profiter de réparations ponctuelles. Bien que ce travail soit alors effectué sans méthode, les panneaux semblent ici exceptionnellement remontés dans l'ordre, tandis que les manques sont bouchés par des éléments étrangers.
Le baron Ferdinand de Guilhermy, qui visite la cathédrale de Soissons vers le milieu du 19e siècle, décrit l'aspect de cette verrière avant que soit entreprise la restauration méthodique du vitrage de l'édifice. En ces années, le vitrail occupe la baie 103. F. de Guilhermy le qualifie de très belle verrière, à peu près complète. Il n'y manque alors que la scène où Adam et Ève sont chassés du Paradis terrestre, la moitié inférieure de la scène où Dieu accable de reproches Adam et Ève fautifs, et quelques panneaux ça et là. En revanche, les manques sont comblés par un buste du roi David, une représentation de Jacob assis, et plusieurs autres scènes.
La restauration des verrières de l'abside commence vers 1865 par la verrière 104 consacrée à la mort de la Vierge. Puis le projet de rétablir les quatre verrières voisines émerge progressivement. Ces verrières et les verrières absidales sont déposées en 1882, puis mises en caisses, tandis que les baies sont bouchées par une maçonnerie de brique. Il faut attendre quelques années pour que la fabrique accepte de participer financièrement à cette restauration. En 1889-1890, le vitrail central (baie 100) est restauré par le peintre-verrier parisien Édouard Didron. Puis, au milieu de l'année 1890, plusieurs peintres-verriers soumissionnent pour restaurer les trois autres verrières figurées de l'abside. Cette fois, le marché est emporté par Félix Gaudin, qui a consenti le rabais le plus important. Les éléments étrangers sont écartés, la verrière est restaurée, puis les panneaux et personnages manquants sont créés dans le style du 13e siècle. Enfin, cette verrière est posée dans la baie 102 pour les fêtes de Pâques 1891 (d'après les archives de l'administration des Cultes).
Pendant la Première Guerre mondiale, la verrière est déposée en deux campagnes, en 1915 pour le tiers inférieur, puis en 1917 pour les deux tiers supérieurs. Comme le montrent les photographies réalisées au moment de la restauration, la verrière, orientée à l'est, a été atteinte par les tirs de l'artillerie allemande, déployée au nord de Soissons. À l'issue du conflit, le chœur, moins atteint que la nef, est rapidement restauré. Le vitrail est remis en état en 1923-1924 par le peintre-verrier parisien Jean Gaudin (fils de Félix Gaudin) qui, dans les archives de son atelier, dispose de la documentation nécessaire à ce travail. Déposé une nouvelle fois en 1939, et conservé pendant toute la Seconde Guerre mondiale au musée des Monuments français, le vitrail a été restauré par le peintre-verrier parisien Georges Bourgeot (3 rue des Gobelins) et reposé en 1946 (d'après les archives du service des Monuments historiques).
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Période(s)
- Principale : 1er quart 13e siècle
- Secondaire : 4e quart 19e siècle
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Dates
- 1891, daté par source
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Lieu d'exécutionCommune : Paris
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Auteur(s)
- Auteur : peintre-verrier, restaurateur attribution par source
La verrière prend place dans une baie libre en forme de grande lancette, qui s'achève en arc brisé à sa partie supérieure. Elle est composée de treize registres superposés de trois panneaux (bordure inférieure comprise), accueillant une composition de six scènes superposées. Elle est formée d'un assemblage de pièces de "verre antique" rehaussées de grisaille. Comme souvent, le verre rouge, qui est un verre doublé, présente par endroits un aspect hétérogène. Le verre blanc y est peu utilisé.
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Catégoriesvitrail
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Structures
- baie libre, rectangulaire vertical, en arc brisé
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Matériaux
- verre transparent, soufflé, taillé, peint, grisaille sur verre
- plomb, réseau
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Précision dimensions
Mesures approximatives : h = 1000 ; la = 250.
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Précision représentations
Les scènes représentées sur la verrière illustrent un long passage du Livre de la Genèse : II, 7 - III, 24.
Contrairement à l'habitude, la succession chronologique des scènes s'effectue de haut en bas.
Chaque scène est composée comme un triptyque, à l'aide de trois éléments juxtaposés, disposés sous des arcs en plein cintre. L'acteur principal de l'épisode, qu'il s'agisse de Dieu, de l'arbre, du Tentateur ou d'un ange, occupe toujours la partie centrale. À une exception près, Adam et Ève sont placés sur les côtés de la scène : Adam à gauche et Ève à droite. Un même poncif semble avoir servi de point de départ pour plusieurs représentations d'Adam et plusieurs d'Ève.
- La première scène, qui occupe l'ogive de la verrière, se déroule dans le Jardin d'Éden, symbolisé par deux arbres. Adam nu est debout et de trois-quarts. Dieu, sous les traits du Christ, est debout et de profil. Dieu, qui vient de créer Adam, le bénit et l'anime en soufflant sur lui.
- En dessous, la deuxième scène associe deux épisodes : la Création d'Ève et le Mariage d'Adam et d'Ève. À droite, Ève sort du corps d'Adam endormi. Au centre, Dieu debout et de face, s'apprête à unir la main d'Ève et celle d'une seconde représentation d'Adam, cette fois réveillé, debout et de trois-quarts.
- Troisième scène : au centre, Dieu, debout et de face, désigne l'arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, chargé de fruits. Adam et Ève écoutent l'interdiction. Le geste d'Ève, qui semble masquer le bas de son ventre, n'est pas en accord avec le texte biblique, puisque la conscience de la nudité n'est venue qu'après avoir consommé le fruit. En réalité, l'attitude actuelle d'Ève résulte de la restauration consécutive à la Première Guerre mondiale. L'avant-bras était auparavant un peu plus relevé.
- Quatrième scène : Adam et Ève, à l'instigation du Tentateur, mangent le fruit de l'arbre. La partie centrale est occupée par l'arbre couvert de fruits. Le démon se trouve dans l'arbre, sous l'aspect d'un dragon ailé à tête humaine, et semble s'adresser à Ève. Adam et Ève tiennent un fruit dans chaque main et Adam commence à y mordre.
- Cinquième scène : Dieu apparaît à mi-corps dans les nuées, au-dessus de l'arbre, et adresse des reproches à Adam. Le dragon est descendu de l'arbre et essaie de se faufiler derrière un arbuste. Adam, de trois-quarts, tente de se justifier, bien qu'il tienne encore un fruit à la main. Ève, de trois-quarts, paraît se détourner de Dieu. La moitié inférieure de cette scène a été créée au 19e siècle, et sa composition d'origine n'est pas connue.
- Sixième et dernière scène, au bas de la verrière. La partie centrale est entièrement occupée par un grand ange, vu de face, qui tient une épée de feu dans la main droite, et qui accompagne la sentence d'exil d'un geste de la main gauche. Adam et Ève commencent à s'éloigner du Paradis terrestre, l'air accablé. Adam, vu de face, masque sa nudité à l'aide d'une grande feuille d'arbre. Ève, vue de trois-quarts, est toujours nue, mais une longue mèche de cheveux voile le bas de son ventre. La scène entière est une création du 19e siècle.
La verrière est bordée d'une frise de feuillage.
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État de conservation
- oeuvre restaurée
- oeuvre complétée
- plombs de casse
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Précision état de conservation
S'il est probable que la verrière a été restaurée sous l'Ancien Régime, la mention précise ne nous en est pas parvenue. Quoi qu'il en soit, elle profite de réparations après la période révolutionnaire, puis surtout en 1816 ou 1817, après l'explosion de la poudrière du bastion Saint-Remy. Alors située au nord de l'abside (baie 103), la verrière a assez peu souffert du souffle de la déflagration, comparée à d'autres. Un tiers du vitrail est à "refaire" (réparer et remettre en plombs), le reste devant seulement profiter de réparations. Bien que ce travail soit alors effectué sans méthode, les panneaux conservés semblent pourtant remontés dans l'ordre, tandis que les manques sont bouchés par des éléments provenant d'autres verrières. Il y manque seulement la scène où Adam et Ève sont chassés du Paradis terrestre, la moitié inférieure de la scène où Dieu accable de reproches Adam et Ève fautifs, et quelques panneaux ça et là.
Déposé en 1882, puis mis en caisses, le vitrail est confié en 1890 au peintre-verrier Félix Gaudin. Les éléments étrangers à la composition d'origine sont retirés, les personnages subsistants sont restaurés, et les parties manquantes sont créées dans le style du début du 13e siècle. L'ensemble est remonté en 1891 dans la baie 102.
Pendant la Première Guerre mondiale, cette verrière est déposée en deux campagnes, en 1915 pour le tiers inférieur, puis en 1917 pour les panneaux supérieurs. Comme le montrent les photographies réalisées au moment de la restauration, la verrière a été atteinte par les tirs d'artillerie. La partie supérieure est la plus abîmée, mais elle n'est pas irréparable. Elle est restaurée en 1923-1924 par le peintre-verrier parisien Jean Gaudin (fils de Félix Gaudin) qui, dans les archives de son atelier, dispose de la documentation nécessaire à ce travail délicat. À nouveau déposée en 1939, elle a été restaurée et remise en place en 1946, par Georges Bourgeot. La verrière renferme aujourd'hui, au mieux, un quart de sa surface en verres d'origine.
On y remarque actuellement quelques verres cassés ou petits trous.
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Statut de la propriétépropriété de l'Etat
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Intérêt de l'œuvreÀ signaler
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Protectionsclassé au titre immeuble, 1862
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Référence MH
La cathédrale ayant été classée par liste de 1862, les objets qui, comme les verrières médiévales, étaient incorporés à l'édifice à cette date, profitent de la même protection.
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Documents d'archives
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AN. Série F ; Sous-série F 19 (Cultes) : F 19, carton 7890 (Travaux exécutés dans la cathédrale de Soissons au cours de la période concordataire ; 1887-1893).
Rapport de l'architecte Paul Gout (1er août 1889), lettre de Paul Gout au ministre (3 février 1890), mémoire de Félix Gaudin (5 mars 1891). -
AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 195. Réparations diverses (1923).
Dossier Travaux 1923 (rapport de l'architecte E. Brunet, présenté le 22 août 1923 ; note d'E. Brunet, du 15 septembre 1923). -
AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 205. Soissons, cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, dommages de guerre (1945-1950) ; travaux (1953-1979).
Dossier 17 : travaux de 1945 à 1950 (Mémoire des travaux de pose de vitraux anciens exécutés par Monsieur Bourgeot). -
A. Evêché Soissons. Série L (temporel) ; Sous-série 6 L : 6 L Soissons 1815-1818 (travaux de la cathédrale, à la suite de l'explosion).
2e dossier, devis de l'architecte Duroché, daté du 8 février 1816. -
BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).
folios 255 v°-256 r°.
Bibliographie
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ANCIEN, Jean. Vitraux de la cathédrale de Soissons. Réédition du livre du 24 juillet 1980. Neuilly-Saint-Front : imprimerie Lévêque, 2006.
p. 113-116. -
DORMAY, chanoine Claude. Histoire de la ville de Soissons, et de ses rois, ducs, comtes et gouverneurs. Avec une suitte des Evesques, & un Abbregé de leurs actions : diverses remarques sur le clergé, & particulierement sur l'Eglise Cathedrale ; et plusieurs recherches sur les vicomtez & les Maisons Illustres du Soissonnois. Soissons : Nicolas Asseline, 1663-1664, 2 vol.
t. 2, p. 194. -
FRANCE. Corpus Vitrearum Medii Aevi. Les vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978.
p. 171. -
Soissons. - La Station de Carême - Restauration de la Cathédrale. La Semaine religieuse du Diocèse de Soissons et Laon, 1891, n° 15, samedi 11 avril 1891.
p. 239. -
GRODECKI, Louis, BRISAC, Catherine. Le vitrail gothique au XIIIe siècle. Fribourg : Office du Livre, 1984.
p. 38.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.
Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.