Dossier d’œuvre objet IM02005315 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
Verrière légendaire (vitrail archéologique, verrière hagiographique) : scènes de l'histoire de saint Crépin et saint Crépinien (baie 4)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
  • Commune Soissons
  • Adresse Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais , place Cardinal-Binet
  • Emplacement dans l'édifice deuxième chapelle sud du déambulatoire, dite chapelle Saint-Paul (baie 4)
  • Dénominations
    verrière
  • Titres
    • Scènes de l'histoire de saint Crépin et saint Crépinien
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Sacré en 1890, Monseigneur Jean-Baptiste Duval forme le dessein de restituer les verrières des deux chapelles qui encadrent la chapelle axiale du déambulatoire. La chapelle Saint-Paul devient alors la destinataire d'un ensemble de trois verrières consacré aux saints évangélisateurs soissonnais Crépin et Crépinien.

Un article, publié en 1858 dans le bulletin de la Société historique locale, signale qu'il subsistait encore à cette époque dans la cathédrale (au moins) trois médaillons du 13e siècle se rapportant à ce récit hagiographique. Malheureusement, l'auteur ne précise pas dans quelle baie étaient présentées ces scènes. Si l'on en croit le baron de Guilhermy, qui décrit avec une grande précision la cathédrale vers le milieu du 19e siècle, plusieurs médaillons à petits sujets servaient de bouche-trou dans les fenêtres hautes du chœur, depuis la restauration qui avait suivi l'explosion d'une poudrière en octobre 1815. En revanche, la chapelle Saint-Paul n'était alors ornée que de fragments et de grands personnages, disproportionnés pour les fenêtres où ils avaient pris place. Aucun médaillon se rapportant à la vie d'un martyr ne participait encore à son vitrage.

Dans le cadre de la restauration de la cathédrale qui occupe la seconde moitié du 19e siècle, trois verrières légendaires sont donc réalisées sur ce thème par le peintre-verrier Félix Gaudin, installé 6 rue de la Grande-Chaumière à Paris, et qui vient de restaurer trois des grandes verrières de l'abside (d'après la documentation concernant les travaux effectués au 19e siècle, et partagée entre les Archives nationales et les Archives diocésaines).

L'artiste, qui doit intégrer dans ses créations les éléments médiévaux préservés, soumissionne le 11 mai 1891. Au début de l'année 1892, l'évêque demande au chapitre de contribuer aux frais de la "restauration" en offrant l'une des verrières. Une inscription latine, portée au bas de ce vitrail doit commémorer ce don. La verrière offerte est assurément celle-ci (baie 4), puisque l'inscription figure encore dans sa bordure inférieure. Toutefois, il ne semble plus y subsister beaucoup de verres anciens. D'après l'ouvrage consacré à Félix Gaudin par Jean-François Luneau, et d'après les archives de l'atelier, on peut attribuer le dessin des médaillons au cartonnier Émile Delalande. En effet, à une exception près, cet artiste est le cartonnier exclusif du peintre-verrier après l'installation de ce dernier à Paris en 1890. Il est en outre spécialisé dans un dessin s'inspirant de l'art médiéval.

Cette verrière, peu abîmée pendant la Première Guerre mondiale, a été restaurée en 1924 ou 1925, soit par Jean Gaudin (fils de Félix Gaudin), soit par Emmanuel Daumont-Tournel, qui se partageaient la restauration du vitrage du monument (d'après les archives du service des Monuments historiques).

La verrière prend place dans une baie en forme de lancette, qui s'achève en arc brisé à sa partie supérieure. Elle est composée de neuf niveaux superposés de panneaux, bordure inférieure comprise. Elle est formée d'un assemblage de pièces de "verre antique" rehaussées de grisaille, parmi lesquelles se remarquent des pièces de verre rouge hétérogène.

  • Catégories
    vitrail
  • Structures
    • baie libre, rectangulaire vertical, en arc brisé
  • Matériaux
    • verre transparent, soufflé, taillé, peint, grisaille sur verre
    • plomb, réseau
  • Précision dimensions

    Mesures approximatives : h = 780 ; la = 150.

  • Précision représentations

    Cette verrière représente le début de l'histoire de saint Crépin et saint Crépinien, telle qu'elle a été racontée au 16e siècle par le chartreux allemand Laurent Surius qui a fait la synthèse de récits plus anciens. Vers la fin du 3e siècle, des chrétiens partent de Rome afin d'évangéliser la Gaule-Belgique. Deux frères, Crépin et Crépinien, se dirigent vers Soissons. Arrivés dans cette ville, ils apprennent le métier de cordonnier et y excellent rapidement. Ils en profitent pour évangéliser. Les habitants ne tardent pas à les visiter pour entendre la parole divine et beaucoup se convertissent. Après avoir été dénoncés, Les deux frères sont amenés, enchaînés, à l'empereur Maximien, et se déclarent chrétiens. L'empereur leur demande de sacrifier aux dieux, mais ils refusent. Maximien les livre alors au préfet Rictiovare. Ce dernier les fait suspendre à une poulie et rouer de coups de bâton. Puis il leur fait enfoncer des aiguilles sous les ongles et les fait écorcher. Les aiguilles se retournent alors contre les bourreaux.

    La verrière comporte sept médaillons circulaires figurés, superposés. Ils se détachent sur un fond ornemental de motifs feuillagés et de fleurettes, combinés parfois en rosaces.

    L'histoire se déroule de bas en haut. Le premier médaillon montre les deux saints, vus de trois-quarts, quittant la ville de Rome, figurée par une porte de ville. Le premier, son manteau sur les épaules, marche en s'appuyant sur un grand bâton. Il se retourne pour parler au second, qui porte son bâton sur l'épaule, et qui s'est muni d'une outre. Le paysage est symbolisé par un arbre.

    Le deuxième représente les deux saints assis de trois-quarts dans leur boutique. Ils sont en train de fabriquer ou réparer des chaussures. D'autres chaussures ou des formes sont suspendues au mur. L'un des saints tient un crucifix à la main gauche et évangélise. Plusieurs hommes sont debout devant eux et semblent les écouter avec intérêt.

    Au centre du troisième médaillon, se dresse l'autel du dieu Mars, dominé par la statue de cette divinité portant la lance et le bouclier. À droite, un roi debout et de trois-quarts semble donner l'ordre de rendre un culte à ce dieu. À gauche, Crépin et Crépinien se détournent et font un geste de refus.

    Le quatrième médaillon (qui devrait se trouver en troisième position) représente saint Crépin et saint Crépinien, debout et de profil, les poignets liés. Ils sont amenés par un soldat, l'épée au côté, qui les désigne. Ils comparaissent devant un roi, assis, la couronne sur la tête et le sceptre à la main.

    Le cinquième médaillon est occupé par la figuration des deux saints, agenouillés, de trois-quarts et en prière. Ils semblent en prison, puisqu'un soldat, armé d'une lance, est dépeint debout et de face à côté du bâtiment, et les observe avec surprise.

    Sur le sixième, les deux saints sont assis côte à côte et de face. Ils sont encadrés par des bourreaux, placés debout et de trois-quarts. L'un des bourreaux, avec une tenaille, enfonce des aiguilles sous les ongles d'un des saints, tandis que l'autre bourreau retire de la peau du torse nu de l'autre saint.

    La septième et dernière scène qui, dans le déroulement de l'histoire, devrait venir en sixième place, est consacrée à la bastonnade que subissent les deux martyrs. Dépouillés de leurs vêtements, ils sont suspendus de profils à une poulie. Sur chaque côté du médaillon, un homme muni d'un bâton s'apprête à frapper.

  • Inscriptions & marques
    • inscription concernant le donateur, peint, sur l'oeuvre, latin, partiellement illisible, connu par document
    • date, peint, sur l'oeuvre, latin, partiellement illisible, connu par document
    • inscription donnant l'identité du modèle, peint, sur l'oeuvre, latin
  • Précision inscriptions

    Toutes les inscriptions se détachent en réserve sur un fond noir. Une inscription latine, que la saleté extérieure de la verrière rend difficilement lisible, est peinte dans la bordure inférieure, au niveau de la frise de perles blanches. Cette inscription est connue par un document d'archives : [E]x dono [venerabilis capituli M]DCCCXC[II].

    Le nom des saints est inscrit dans un bandeau, soit au niveau des têtes, soit en dessous des pieds : CRISPINVS : CRISPINIANVS. Ces noms figurent sur chaque médaillon, à l'exception du médaillon supérieur.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
    • grillage de protection
    • salissure
  • Précision état de conservation

    La verrière a été restaurée après la Première Guerre mondiale.

  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat

Documents d'archives

  • AN. Série F ; Sous-série F 19 (Cultes) : F 19, carton 7890 (Travaux exécutés dans la cathédrale de Soissons au cours de la période concordataire ; 1887-1893).

    Lettre de l'architecte Gout (9 mai 1891), soumission de Félix Gaudin (11 mai 1891).
  • AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 196. Soissons, cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, restaurations diverses, restauration de la nef et du déambulatoire (1924-1925).

    Travaux de 1924 : rapport de l'architecte Brunet du 11 juin 1924 et devis.
  • A. Évêché Soissons. Série L (temporel) ; Sous-série 6 L : 6 L Soissons 1823-1903 (Entretien de la cathédrale de Soissons).

    sous-dossier 1874-1892.
  • AP atelier Gaudin : Registre des petits cartons.

    M 01701-M 01707.
  • BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).

    folios 256 r°, 257 v°-258 r°.

Bibliographie

  • ANCIEN, Jean. Vitraux de la cathédrale de Soissons. Réédition du livre du 24 juillet 1980. Neuilly-Saint-Front : imprimerie Lévêque, 2006.

    p. 154-162.
  • C. L. Soissons. - Carême de 1892. - Travaux à la Cathédrale. La Semaine religieuse du Diocèse de Soissons et Laon, 1892, n° 14, samedi 2 avril 1892.

    p. 219.
  • FRANCE. Corpus Vitrearum Medii Aevi. Les vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978.

    p. 170.
  • LECLERCQ DE LAPRAIRIE, Jules-Henri. Suite à la note sur un vitrail de la cathédrale. Bulletin de la société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1858, t. 12, 9e séance, lundi 4 novembre 1858.

    p. 168-169.
  • LUNEAU, Jean-François. Félix Gaudin, peintre-verrier et mosaïste (1851-1930). Collection Histoires croisées. Clermont-Ferrand : Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2006.

Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Plouvier Martine
Plouvier Martine

Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.