Dossier d’œuvre objet IM02004615 | Réalisé par
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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  • enquête thématique régionale, la basilique de Saint-Quentin
Haut-relief (décor d'architecture, décor intérieur) : Dieu le Père adoré par deux anges, Adam et Eve après la faute, l'Arbre de Jessé
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communauté d'agglomération du Saint-Quentinois - Saint-Quentin
  • Commune Saint-Quentin
  • Adresse Ancienne collégiale royale, actuellement basilique Saint-Quentin
  • Emplacement dans l'édifice extrémité occidentale du bas-côté sud de la nef actuellement chapelle des fonts baptismaux mur sud
  • Dénominations
    haut-relief
  • Titres
    • Dieu le Père encensé par deux anges
    • Adam et Eve après la faute
    • Arbre de Jessé (l')

Une tradition attribue cette oeuvre au sculpteur saint-quentinois Pierre Berton, dit Pierre de Saint-Quentin, actif à Paris dans les années 1540. Toutefois, Pierre Berton semble surtout avoir travaillé comme tailleur de pierre ou maître maçon, que ce soit au Louvre ou à l'église Saint-Germain l'Auxerrois, et non comme sculpteur ou "tailleur d'images". Rien ne confirme donc cette attribution, d'autant que la période d'activité de cet artiste est postérieure à la date du haut-relief de l'ancienne collégiale. Le haut-relief date de la seconde moitié du 15e siècle, époque d'achèvement de la construction de la nef. Ce décor n'est pas rapporté, mais fait partie intégrante d'une maçonnerie, qui appartient autant au renfoncement du collatéral qu'à l'escalier en vis limitrophe. Les reliefs de cet Arbre de Jessé sont volontairement mutilés à la fin de l'année 1793 et perdent leurs têtes. Dans le troisième quart du 19e siècle, l'église profite d'une restauration intérieure, dans laquelle la peinture murale occupe une large place. La chapelle Sainte-Anne reçoit un décor peint en 1858, ce dont témoignait une inscription portée sur sa clef de voûte : "Peinture exécutée gratuitement par Florent Duval 1858 décorateur" (Jean-Baptiste Florent Duval : Béhencourt le 15 août 1800-Saint-Quentin le 8 décembre 1868). Cette inscription n'est plus visible depuis la dernière restauration. L'Arbre de Jessé profite de travaux vers 1891, puisque le programme du pèlerinage de cette année-là prévoit la bénédiction d'un Arbre de Jessé nouvellement restauré, le jeudi 29 octobre 1891. La réfection ex nihilo des têtes brisées date peut-être de ce moment. En effet, pour cette église, le troisième quart du 19e siècle semble être surtout une période d'installation d'un mobilier néo-gothique homogène, et de restauration et création de peintures murales. En revanche, le dernier quart du 19e siècle paraît plus riche en rétablissement de décor sculpté. Les têtes les plus accessibles disparaissent au cours de la Première Guerre mondiale et ne sont pas recréées. L'actuelle chapelle des fonts baptismaux a été entièrement restaurée pour la dernière fois en 2004, par l'entreprise ARCOA, de Montesson. Les sondages préparatoires ont permis de constater par endroits sur les reliefs la présence de la polychromie à la détrempe d'origine, puis de deux couches de repeints à l'huile. Le décor peint original ne semble avoir subsisté, pour le fond, qu'à 20 %, pour l'arbre, à 40 %, enfin pour le décor des personnages, à 20 %, le reste appartenant aux repeints du 19e siècle.

L'oeuvre se compose de deux éléments distincts qui sont iconographiquement liés et qui se situent sur deux niveaux superposés. La partie inférieure du mur est occupée par une porte surmontée d'un tympan en arc en accolade. Le tympan repose sur deux corbeaux à décor en haut relief, et est orné lui-même de trois figures en haut relief. D'autres personnages sont allongés sur l'accolade de l'arc. Le niveau supérieur est constitué par un pan de mur aveugle, en calcaire appareillé et jointoyé au mortier de chaux, et s'achevant en arc brisé. Il est occupé par un Arbre de Jessé sculpté dans la masse en haut-relief. Cet ensemble (fond et reliefs) est recouvert d'une polychromie intégrant des rehauts peints en doré.

  • Catégories
    taille de pierre, sculpture
  • Structures
    • plan, rectangulaire vertical
    • élévation, droit
    • élévation, en arc brisé
    • niveau, 2, superposé
  • Matériaux
    • calcaire, en plusieurs éléments taillé, décor dans la masse, peint, polychrome, peint faux or
  • Précision dimensions

    Largeur de l'entrecolonnement : la = 150 ; pr = 21. La hauteur de l'ensemble n'a pas été prise, le haut-relief s'étendant sur toute la hauteur de l'élévation sud de la chapelle.

  • Iconographies
    • figures bibliques, de profil, agenouillé, encensoir, navette à encens, soleil, lune, feuillage Dieu le Père, en pied, de face, bénédiction, globe, ange
    • scène biblique, feuille, le serpent d'Eden, homme arbre, Adam, Eve, couché sur le côté, nudité, figuier
    • figures, ?, accroupi, assis, manteau, phylactère homme, Prophète
    • scène, sommeil, arbre, David arbre de Jessé, Jessé
    • ornement à forme architecturale, pinacle, crochet, arc en mitre
    • ornement à forme végétale
  • Précision représentations

    Le tympan de la porte est orné au centre de la représentation de Dieu le Père, debout et de face, tenant un globe de la main gauche (la terre ou l'univers) et bénissant de la main droite. Il est surmonté du soleil et de la lune. Il est encadré par deux anges thuriféraires, agenouillés de profil. Les anges balançaient l'encensoir de la main droite et tenaient la navette à encens de la main gauche. Les trois personnages sont sur des socles soulignés d'un épais feuillage de style flamboyant. Le tympan repose sur deux corbeaux ornés chacun d'une figure masculine accroupie ou assise, enveloppée d'un manteau. Le personnage barbu du corbeau droit semble avoir un phylactère déroulé devant lui. Il s'agit probablement de prophètes. Le tympan affecte la forme d'un arc en accolade, dans lequel est inscrit un arc polylobé. L'accolade de l'arc est bordée par la représentation du tronc d'un arbre, séparé en deux. Contre la partie droite du tronc, est allongée Eve, nue, sa main droite masquant sa poitrine, et sa main gauche maintenant une grande feuille de figuier sur le bas de son ventre. Le serpent est encore enroulé dans l'arbre. Les deux têtes visibles dans l'arbre, au-dessus du visage d'Eve, appartiennent au serpent tentateur : une tête d'homme, séduisante, et une tête monstrueuse. Contre la partie gauche du tronc, Adam couvre sa nudité avec une feuille de figuier qu'il appuie de la main gauche, et il tient son menton de la main droite. Au-dessus, s'élève un Arbre de Jessé. Jessé est allongé de trois-quarts et endormi. Il est barbu et coiffé d'un bonnet. De la main gauche, il tient le tronc de l'arbre qui jaillit de son flanc. De ce tronc, partent des branches sur quatre niveaux superposés. A chaque niveau, l'axe de l'arbre est marqué par un personnage en pied. Aux extrémités des branches, des personnages à mi-corps sortent de corolles. Ces hommes barbus et couronnés présentent des phylactères où leur nom est inscrit. Il s'agit des rois de Juda, descendants du roi David, fils de Jessé, et ancêtres du Christ, d'après la généalogie de ce dernier présentée au commencement de l'Evangile selon saint Matthieu (Matthieu I, 1-18). Faute de place, des phylactères accrochés à des rameaux et porteurs de noms évoquent certains rois qui n'ont pu être représentés. La plupart des rois sont stéréotypés. Néanmoins, le roi David s'en distingue par la présence de sa harpe. Comme sur la plupart des Arbres de Jessé, la Vierge est présente dans la partie supérieure. Elle est ici couronnée et tient un lys à la main droite. Elle est surmontée de la colombe du Saint-Esprit. Les mutilations que la Vierge a subies en 1793 ne permettent pas de dire si elle portait l'Enfant Jésus, sur son avant-bras gauche. C'est néanmoins vraisemblable si l'on compare avec de nombreux Arbres de Jessé conservés, au sommet desquels culmine une Vierge à l'Enfant. Néanmoins, à Saint-Quentin, l'Arbre de Jessé est surmonté, non par une Vierge à l'Enfant, mais par un Christ en croix, dont le bois de la croix est un prolongement du tronc de l'arbre sortant de Jessé. Bien loin d'illustrer uniquement la généalogie du Christ, l'ensemble du relief de Saint-Quentin est une représentation en raccourci de la faute originelle et de son rachat. Il réunit et oppose "l'arbre de la faute" et "l'arbre de la Croix", Eve et Adam par qui la faute s'est produite, ainsi que la "nouvelle Eve" (la Vierge) et le "nouvel Adam" (le Christ), instruments du Salut.

  • Inscriptions & marques
    • inscription donnant l'identité du modèle, peint, sur l'oeuvre, partiellement illisible
  • Précision inscriptions

    Les noms des rois sont peints sur des phylactères, mais certains n'ont pu être lus à cause de la hauteur. Au premier niveau au-dessus de Jessé, on lit : Salomon, Abias, Josaphat, David, Joram, Asa, [Ro]boam. Deuxième niveau : Ezechias, Osias, Jechonias, Joathan, Manassé. Troisième niveau : [Salathiel ? ], Achaz, Josias, Zo[robabel]. Quatrième niveau : [Jacob ? ], S, AM, Joseph.

  • État de conservation
    • oeuvre mutilée
    • oeuvre restaurée
    • oeuvre complétée
    • manque
  • Précision état de conservation

    Les reliefs ont été volontairement mutilés en 1793, perdant alors toutes les têtes. La chapelle a été complètement repeinte en 1858, puis l'arbre de Jessé a été restauré vers 1891. C'est sans doute à ce moment que les têtes ont été recréées ex nihilo, dans le style des 15e ou 16e siècles. La disparition de la tête des anges thuriféraires et de celle d'un prophète sur un corbeau de la porte est une conséquence de la Première Guerre mondiale. L'oeuvre a été récemment restaurée (2004), par l'entreprise ARCOA de Montesson.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1971/11/04
  • Référence MH

Ce décor appartient à une thématique fréquente de l'époque médiévale, dont la représentation ralentit après 1550, puis s'arrête au 17e siècle. Cet Arbre de Jessé est exceptionnel par sa rare iconographie.

Documents d'archives

  • AC Saint-Quentin : 6 S 3. Registre des délibérations du Conseil de Fabrique (17 septembre 1875-12 décembre 1906).

    p. 348-349 (programme du pèlerinage d'octobre 1891)
  • BnF (Cabinet des Manuscrits) ; naf 6108. Collection Guilhermy.

    folio 314 verso

Bibliographie

  • CREPIN, Francis. L'arbre de Jessé de la basilique de Saint-Quentin . Revue des Amis de la Basilique de Saint-Quentin, n° 2, décembre 1983.

    non paginé
  • DREILING, Prof. Dr. Raymund. Die Basilika von St. Quentin. Ihre Geschichte und ihr Charakter. St. Quentin, 1916.

    p. 61
  • GOMART, Charles. Notice sur l'église de Saint-Quentin. Bulletin monumental, 1870, vol. 36 (4e série, t. 6).

    p. 232
  • HACHET, Jules. La basilique de Saint-Quentin. Son Histoire - Sa Description. Troisième édition. Saint-Quentin : Imprimerie moderne, 1926.

    p. 67
Date(s) d'enquête : 2008; Date(s) de rédaction : 2008
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Riboulleau Christiane
Riboulleau Christiane

Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.

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