Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.
- mobilier et objets religieux, la cathédrale de Soissons
- (c) Ministère de la culture - Inventaire général
- (c) Département de l'Aisne
- (c) AGIR-Pic
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Grand Soissons Agglomération - Soissons-Sud
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Commune
Soissons
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Adresse
Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais
,
place Cardinal-Binet
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Emplacement dans l'édifice
sixième entrecolonnement sud de la nef
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Dénominationschaire à prêcher
Tandis que depuis le milieu du 19e siècle, la cathédrale de Soissons est entièrement restaurée et profite à l'occasion de nouveaux aménagements liturgiques, elle ne dispose toujours, au début du 20e siècle, que d'une chaire de petite taille et au sobre décor. Désireux de remplacer cette dernière par une chaire artistique et monumentale, l'archiprêtre Gustave Landais, soutenu par la générosité de ses paroissiens, demande à l'architecte diocésain Paul Gout (1852-1923) de dresser le plan d'une chaire en rapport avec le style de la cathédrale.
Ce nouveau mobilier est conçu vers la fin de 1901, comme en témoignent un plan et les dessins des élévations signés de Paul Gout, datés du 10 novembre 1901 et conservés aujourd'hui aux Archives nationales, ainsi que le devis estimatif d'un montant de 19350 F. Réalisée par la maison Biais de Paris, la chaire est bénite par Mgr Augustin-Victor Deramecourt, évêque de Soissons, le 8 novembre 1903. L'inscription gravée sur la montée de son escalier commémore cet événement et le nom de tous les intervenants et donateurs. Cette chaire est réellement adaptée à l'"église-mère" du diocèse, tant par sa taille monumentale que par le décor qui recouvre sa cuve et qui se rapporte à la prédication de l'Évangile à Soissons et à sa propagation dans le Soissonnais.
Vers le milieu de juin 1915, alors que la cathédrale vient d'être victime de lourds bombardements, l'architecte Émile Brunet fait démonter les plus beaux éléments de cette chaire, mesures conservatrices rapportées par Monseigneur Péchenard qui en est le témoin. Après la fin du conflit et grâce à un généreux financement de l'archiprêtre Gustave Landais, la chaire est restaurée vers août 1920 par la maison Waendendries de Soissons, pour le sacre du nouvel évêque Monseigneur Binet. Elle est alors installée à la croisée du transept, puisqu'à cette époque, seuls le chœur et le transept sont rendus au culte. Elle a regagné son emplacement d'origine lors de l'achèvement de la restauration de la nef en 1931.
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Période(s)
- Principale : 1er quart 20e siècle
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Dates
- 1901, daté par source
- 1903, daté par source, porte la date
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Lieu d'exécutionÉdifice ou site : Ile-de-France, 75, Paris
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Auteur(s)
- Auteur : architecte
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Auteur :
Biais frères , dit(e) Les frères Biaisfabricant
La chaire est réalisée en chêne de Hongrie, taillé, poli et ciré. Son pied octogonal, renforcé par un faisceau de colonnettes, porte une vaste cuve, de plan hexagonal et d'élévation rectilinéaire. La cuve s'appuie contre un large dorsal et est surmontée d'un imposant abat-voix, de plan rectangulaire. Un escalier droit à retour, qui longe le revers, puis la face du dorsal à l'intérieur de la cuve, donne accès à cette dernière par le biais d'une porte, close par un battant.
Le meuble est richement orné d'un décor ajouré (garde-corps de l'escalier, abat-voix), d'un décor sculpté dans la masse en relief, allant du bas au très-haut relief, enfin de statues rapportées.
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Catégoriesmenuiserie, sculpture
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Structures
- plan, hexagonal, rectangulaire
- élévation, droit
- battant, 1
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Matériaux
- chêne, en plusieurs éléments taillé, poli, ciré, ajouré, décor en relief, décor dans la masse, décor en ronde-bosse, décor rapporté
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Précision dimensions
Dimensions totales : h = 760 ; la = 260 ; pr = 350. La profondeur inclut l'escalier.
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Précision représentations
L'iconographie de la chaire est centrée sur la prédication de l'Évangile dans le Soissonnais. Pour cette raison, la cuve est ornée à l'avant d'une figure du Christ assis de face, tenant l'Évangile de la main gauche et bénissant de la main droite. Il est accompagné aux angles d'une statuette des quatre évangélistes, debout et de face sous un dais. Saint Luc barbu, contre lequel s'appuie le bœuf, tient son Évangile entre ses mains. Saint Jean, représenté sous la forme habituelle d'un homme jeune, glabre et les cheveux longs, tient son livre de la main gauche et une plume de la droite. L'aigle se dresse à son côté. Saint Matthieu, barbu, tient un phylactère et un instrument pour écrire. Contre sa jambe, un petit ange en prière lève le visage. Enfin saint Marc, barbu et moustachu, porte l'Évangile contre lui, tandis qu'il bénit de la main droite. Le lion lève le mufle vers lui.
Les panneaux portent une représentation des saints martyrs, patrons du diocèse (saint Gervais et saint Protais), des saints martyrs premiers évangélistes de Soissons (saint Crépin et saint Crépinien), des premiers évêques du diocèse (saint Sixte et saint Sinice), enfin de deux reines qui furent les premières femmes catéchistes (sainte Clotilde et sainte Radegonde). Tous sont représentés debout et de face. Saint Gervais et saint Protais, jeunes, tiennent la palme du martyre. En outre, saint Protais bénit de la main droite. Saint Sixte et saint Sinice sont vêtus de l'habit épiscopal et bénissent de la main droite. Saint Sixte tenait une crosse de la main gauche (disparue), tandis que saint Sinice serre le livre des Écritures. Saint Crépin et saint Crépinien sont reconnaissables à la palme du martyre et à l'outil de cordonnier qu'ils tiennent à la main. Les deux reines, sainte Clotilde et sainte Radegonde, portent une couronne sur leur chevelure nattée. Sainte Clotilde a les mains jointes, tandis que sainte Radegonde tient une fleur à la main gauche et soutient une maquette d'église de la main droite, allusion à la fondation du monastère Notre-Dame (puis Sainte-Croix) de Poitiers.
Le pied, orné d'ogives, est entouré de colonnes couronnées d'un chapiteau à feuillage et arums. Des feuilles d'acanthe rehaussent les supports de la cuve. Une frise de feuillage court sous le rebord de la cuve. L'abat-voix comporte des arcs qui reposent sur des têtes humaines d'hommes et de femmes. Il est aussi décoré de feuillages variés et de dragons (dont un qui nourrit ses petits). À l'arrière, deux monstres ailés assis présentent un écu timbré de la croix. L'abat-voix est surmonté de deux grosses crosses feuillagées et de deux anges soufflant dans une trompette. Au-dessus d'une représentation de la colombe du Saint-Esprit, une grande croix fleuronnée domine l'ensemble.
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Inscriptions & marques
- signature, gravé, sur l'oeuvre
- date, gravé, sur l'oeuvre
- inscription concernant le donateur, gravé, sur l'oeuvre
- inscription, gravé, sur l'oeuvre
- inscription donnant l'identité du modèle, gravé, sur l'oeuvre, latin
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Précision inscriptions
Une inscription commémorative est gravée sur la montée de l'escalier : L'an de grâce 1903 le 8 / novembre cette chaire / édifiée par les soins de Mr le ch G. Landais curé / archiprêtre et due aux lar-/-gesses de Mr le ch. Jacquin / vic gén. hon. Mr le Général / Bréger Me Ve L. Salleron / Me Branche de Flavigny / Me la Comtse de La Ville / Baugé Mr et Me Ferté Val-/-lerand Mr et Me Moreaux Ferté Mr le Comte et Me la Comt[ess]e de Barral. Me Ve / Rigaut Mr et Me Pinche/rat. Ainsi qu'aux offran-/-des d'un grand nombre / de fidèles de cette paroisse / a été bénite par Sa Gran-/-deur Monseigneur A. / V. Deramecourt Evê-/-que de Soissons de Laon / et de St Quentin et i-/-naugurée par Mgr Ro-/-zier proton. apost. Mr / P. Gout architecte dio-/-césain en dressa le plan / la maison Biais frères / de Paris l'exécuta.
Chaque statuette de la cuve porte le nom de la personne représentée, gravé sur son socle, en latin : sancta Clotildis, sanctus Crispinus, sanctus Lucas, sanctus Sixtus, sanctus Gervasius, sanctus Johannes, ego sum via veritas et vita, sanctus Matthaeus, sanctus Protasius, sanctus Marcus, sanctus Sinicius, sancta Radegundis, sanctus Crispinianus.
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État de conservation
- oeuvre restaurée
- bon état
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Précision état de conservation
La chaire a été restaurée après la Première Guerre mondiale. Elle est en très bon état, mais il manque une corne du bœuf de saint Luc et la crosse de saint Sixte.
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Statut de la propriétépropriété de l'Etat
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Intérêt de l'œuvreÀ signaler
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Protectionsinscrit MH, 2008/09/12
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Référence MH
La chaire, conçue spécialement pour la cathédrale de Soissons, est remarquable, autant par sa taille proportionnée au monument que par son iconographie qui se rapporte à l'évangélisation du Soissonnais.
- (c) Ministère de la culture - Inventaire général
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- (c) AGIR-Pic
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Documents d'archives
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AN. Série AP : 537 AP 1 (Fonds Genuys et Gout, 1826-1925).
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AN. Série F ; Sous-série F 19 (Cultes) : F 19, carton 7891 (Travaux exécutés dans la cathédrale de Soissons au cours de la période concordataire ; 1894-1906).
Devis estimatif d'une chaire à prêcher, sur un dessin de Paul Gout (1901). -
AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 194. Soissons, cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, restaurations diverses (1908-1922).
Lettre de l'archiprêtre Landais (20 octobre 1920).
Bibliographie
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Chaire de la cathédrale de Soissons. La Construction moderne, 1904, n° 10, 5 mars 1904.
p. 267, pl. 45-46. -
BRIA, Albert. La cathédrale de Soissons et ses abords. Soissons : imprimerie Henry d'Arcosse, 1934.
p. 26-27. -
LANDAIS, chanoine Gustave. 8 Novembre 1903. Inauguration de la nouvelle chaire de la cathédrale de Soissons. Historique, Cérémonie et Discours, Description. Soissons : G. Nougarède imprimeur, 1904.
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PÉCHENARD, Monseigneur Pierre-Louis. La grande guerre. Le Martyre de Soissons (Août 1914-Juillet 1918). Paris : Gabriel Beauchesne, 1918.
p. 263.
Documents figurés
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[Chaire à prêcher de la cathédrale de Soissons. Plan, vue de trois-quarts, vue de côté, vue de face, face postérieure], ensemble de cinq dessins à l'encre de Chine sur papier calque, par Paul Gout, architecte diocésain, 10 novembre 1901, ancien fonds du CNAM : 01 B 10-14 (AN : 537 AP 1).
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.
Historienne, Martine Plouvier a été conservateur régional de l'Inventaire général de Picardie, conservateur en chef aux Archives nationales et directrice du Centre d'études et de recherches prémontrées.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France jusqu'en 2022.