Ce tableau, huile sur un panneau de bois ayant fait l'objet d'un parquetage, est un fragment d'une composition beaucoup plus vaste, aujourd'hui perdue. Ce panneau a été vraisemblablement découpé dans le but d'isoler ces deux têtes afin d'en faire une œuvre individualisée. A cette occasion, ou peu après, le panneau a été inséré dans un cadre datant du 19e siècle, avec l'apport d'écoinçons pour lui donner son aspect rectangulaire actuel. L’œuvre fait l'objet d'un don à la commune de Vervins, annoncé lors de la séance du 7 mars 1873 de la Société archéologique de Vervins, par Monsieur Lepelletier, ancien président du tribunal civil de Vervins, occupant alors la fonction de conseiller à la Cour d'appel d'Amiens. Cette libéralité comprenait aussi le tableau Loth et ses Filles, exposé dans la salle dite du conseil municipal. Le tableau, mentionné sous le titre de deux têtes de vieillards, est alors décrit comme provenant d'une grande toile représentant Suzanne au bain. Les deux personnages âgés, une femme grimaçante et un homme barbu, étaient probablement deux spectateurs de la scène. L'état de conservation de cette peinture rend difficile toute attribution à une école précise, cependant les caractéristiques stylistiques, la gamme chromatique chaude dans ses jaunes et bruns, et le type des figures, assez caricaturales dans leur vérisme sans fard, semblent indiquer une influence flamande fortement teintée d'italianisme. Il pourrait s'agir d'un peintre se situant à la suite des acquis du réalisme et du luminisme des caravagesques. Certains détails s'imposent par leur qualité picturale, la barbe aux reflets mordorés du vieillard, le traitement empâté du bonnet de la vieille femme. L’œuvre est actuellement dans un état sanitaire qui menace à court terme sa conservation.