Le tableau de Vervins est l’œuvre du peintre français Pierre-Jacques Volaire (1729-avant 1802). Originaire de Toulon, il y rencontre en 1754 Joseph Vernet dont il devient le principal collaborateur jusqu'en 1763, apprenant la peinture de marines et de paysages. Il s'établit définitivement à Naples en 1769, après un séjour romain de près de 5 ans. Dans la cité campanienne il se spécialise alors dans les vues d'éruption du Vésuve, ce qui lui vaut immédiatement une importante célébrité dans toute l'Europe, et une grande influence sur les nombreux peintres de la baie de Naples ou du Vésuve, en particulier Joseph Wright of Derby. Le tableau de Vervins, daté de 1767, exécuté à Naples, est un exemple précoce, portant le patronyme qu'il utilise alors souvent,le chevalier Volaire. Il s'inscrit dans les courants pré-romantiques qui marquent la peinture européenne de la fin du 18e siècle, à la suite du développement de la peinture de paysage et de la diffusion des théories du Sublime de l'anglais Burke. On y retrouve aussi cette atmosphère crépusculaire, fantastique et morbide que le Roman Noir contribua à populariser. Cette éruption exploite les théories du Sublime, la situation tragique de l'homme face aux manifestations de la Nature qui le dépasse et le menace, la dérisoire agitation de la foule, réduite ici à quelques points, face au majestueux spectacle de l'éruption et des coulées de lave qui ne sont plus du niveau de l'entendement humain mais de celui du déchaînement de forces cosmiques. En un instant, toute trace d'occupation humaine, tel ce petit village sur les contreforts du Vésuve, peut être balayée. La dimension panoramique adoptée par Volaire renforce cet effet de sublime terrifiant, il se centre sur la description des éléments naturels déchaînés. Il y conjugue les deux sources de lumière, le rougeoiement de l'éruption à la clarté blafarde de la lune sur laquelle se découpent les nuages. Le motif de deux personnages, tournant le dos au spectateur, et regardant la scène au contre-jour de la lune, rappelle que Volaire a pu être apprécié comme un précurseur de l'Allemand Gaspard David Friedrich. L’œuvre pourrait être le pendant d'un tableau, aujourd'hui déposé au Musée du Havre, portant le titre L'éruption du Vésuve, vue en largeur. Le cadre, néo-classique paraît dater du début du 19e siècle. Le tableau est inventorié sur la liste des dépôts du Louvre sous le numéro INV. 8489 bis. Il a fait l'objet d'un dépôt à Vervins en 1872.