Ces deux œuvres, formant deux pendants, ont été réalisées par le peintre Albert Lemasson (1892-1982) en 1938, et plus précisément en juillet pour la Rencontre à la Porte Dorée, en août pour la Présentation de la Vierge au Temple, comme en témoignent les deux signatures au bas des compositions.
Cet élève du fresquiste Paul Baudoin, lui-même formé auprès de Puvis de Chavannes, réalise après sa formation à l’École des Beaux-Arts de nombreux décors d'édifices religieux selon la technique des fresques à mortier frais. Il est, en outre, connu pour les nombreuses œuvres (tableaux, dessins ou gravures) ayant trait à la Thiérache. Son oncle par alliance, Pierre Noailles, refondateur de la Société archéologique de Vervins, lui fait en effet découvrir cette région au cours des années 1937-38. Il participa à l'illustration de l'ouvrage de Robert Pujol consacré aux églises fortifiées de Thiérache, dessinant les nombreux édifices religieux. Ses œuvres conservées dans des collections particulières, en particulier ses autoportraits, montrent un savoir-faire et une pratique assez traditionnelle, influencés par l'académisme et sa formation à L’École des Beaux-Arts, appliqués au respect d'une figuration modernisée, ce qui le place dans le sillage des peintres figuratifs des années 1930 dit du Retour à l'Ordre. Ces deux peintures murales, dont on ne connaît pas précisément les circonstances exactes de réalisation, probablement à l'instigation de son oncle Pierre de Noailles, à l'iconographie relative à la sainte patronne de la chapelle, le situent à la suite des Ateliers d'Art Sacré et du renouveau de la peinture monumentale religieuse sous l'impulsion de Maurice Denis ou Henri de Maistre. Les deux épisodes de la vie de la Vierge et de sainte Anne dérivent de modèles de la Renaissance italienne. La Présentation de la Vierge au Temple s'inspire partiellement de la composition monumentale du Titien peinte pour la Scuola della Carita à Venise (Galleria dell'Academia). Ils se caractérisent par une plénitude de formes, une simplicité d'expression et de technique, renforcées par l'emploi d'une palette claire et primaire engendrant un certain cubisme des formes, renouant ainsi avec l'art des fresquistes du Quattrocento. Le renouvellement iconographique, son parti-pris orientaliste, la stylisation et la géométrisation des formes n'excluent pas un souci du pittoresque et une attention portée au détail signifiant, particulièrement visible dans la figure de la vieille femme au panier de colombes assistant à la présentation de la petite Marie au Temple. Albert Lemasson fait ici preuve d'un sens plastique et formel qui le rapproche de figures comme Marthe Flandrin ou encore Valentine Reyre. Ces deux œuvres sont dans un état de conservation peu satisfaisant.
Photographe du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.