Ces deux petits tableaux précieux sur bois sont à replacer dans le cercle ou l'entourage du peintre anversois Frans II Francken (1541-1642) qui se fit une spécialité et une renommée européenne en réalisant ces tableaux de petit et moyen formats illustrant des scènes religieuses, mythologiques ou historiques. Le tableau Salomon adorant les idoles est une variation sur une composition de Frans II Francken dont on ne connaît pas moins de 9 versions différentes. Un tableau dans une collection particulière, aujourd'hui non localisé, paraît très proche du tableau d'Aubenton. De même, les Noces de Cana peuvent être rapprochées d'autant de versions. Ils ont été vraisemblablement exécutés dans le cadre de l'atelier, même si leur grande qualité plastique, la fluidité de l'exécution et la finesse des coloris peuvent plaider, sinon en faveur d'une exécution autographe, du moins d'une intervention du Maître. Datant de la 1ère moitié du 17e siècle, ils sont marqués par les derniers feux de l'esthétique maniériste dont on retrouve ici de nombreux traits stylistiques. L'épisode des Noces de Cana sert de prétexte à la mise en scène d'un riche et somptueux banquet à la flamande rappelant les oeuvres d'un Brueghel, l'accent étant mis, tant sur la somptuosité des costumes que sur la richesse des ornements du banquet. L'architecture à l'antique irréelle ajoute au côté fantastique de la composition, que l'on retrouve dans Salomon adorant les idoles tiré d'un épisode peu traité de l'Ancien Testament. Le récit de ce souverain tombé, sous l'effet de la vieillesse, sous l'emprise des femmes est un moyen de multiplier les figures à l'élégance précieuse, aux costumes pseudo-orientaux et aux couvre-chefs extraordinaires. La scène se déroule sur un fond architectural fantastique avec à l'arrière-plan le Temple en construction rappelant la Tour de Babel. Cette paire de tableaux témoignent du grand talent de Frans II Francken et de son atelier à créer des scènes d'apparence théâtrale et légendaire.