Cette machine à tisser (le terme métier est réservé aux machines dotées de navettes), conçue pour travailler suivant une largeur maximale de 2,10 m, est principalement constituée d'un châssis en métal sur lequel reposent tous les éléments constitutifs de la machine. Le processus de fabrication est le suivant. Les fils de chaîne, enroulés sur un cylindre appelé l'ensouple, sont orientés et guidés horizontalement par le rouleau porte-fils vers les cadres de lisses. La chaîne est traversée par deux barres d'encroix en bois, séparant les fils pairs et impairs. Ensuite chaque fil est chevauché par un casse-chaîne constitué d'une fine lamelle métallique, qui, en cas de rupture du fil, tombe sur deux barres crénelées, provoquant l'interruption du mouvement de cisaillement qui les anime et l'arrêt de la machine à tisser. Chaque fil passe dans le maillon d'une lisse, fine tige verticale de métal. Chaque lisse est commandée individuellement par la mécanique Jacquard (du constructeur lyonnais Verdol, à carton continu) qui surmonte la machine à tisser : chaque lisse est reliée par son extrémité supérieure à un fil, l'arcade, enfilé dans un trou de la planche d'empoutage surmontant les lisses. Chaque arcade est reliée par l'intermédiaire d'un collet à un crochet de la mécanique Jacquard. Les lisses sont reliées par leur partie inférieure à un mécanisme de rappel. Le levage et l'abaissement simultanés des lisses entraînent la formation de la foule, ouverture en deux nappes de la chaîne dans laquelle passe le fil de trame. L'un des deux fils de trame (la machine peut en recevoir huit), enroulé sur une bobine placée latéralement au châssis de la machine, est conduit par l'intermédiaire d'un sélecteur de trame (actionné par une petite mécanique Staübli) vers la foule et la lance d'entrée. Cette dernière saisit le fil sélectionné par l'intermédiaire d'une pince (le fil est alors coupé), et l'entraîne dans la foule. A mi-parcours, une commande positive déclenche l'ouverture de la pince d'entrée qui transmet alors le fil de trame, appelé duite, à une seconde lance, la lance de sortie. Celle-ci entraîne la duite vers le bord opposé du tissu en cours de fabrication, où elle est fixée par la lisière. Lorsque les deux lances d'entrée et de sortie se retirent de la foule, celle-ci se referme, et le peigne placé immédiatement après les lances vient tasser la nouvelle duite contre la duite précédemment introduite. Le tissu est alors acheminé par les "carottes" de templets (petits cylindres rotatifs munis de picots, placés sur chaque lisière, garantissant la retenue et le maintien du tissu dans l'axe de la machine, assurant la mise à la largeur, et évitant son retrait sous l'action du peigne) vers le rouleau d'appel, et placé à l'avant de la machine. Le tissu s'enroule ensuite sur le rouleau toilier, placé sous le rouleau d´appel. Cette machine à tisser est mise en mouvement par un moteur électrique intégré (de type moteur frein) du constructeur allemand Schorch.