Vente après jugement contradictoire entre Jean-Bernard Cardon (décédé) et Jean-Pierre Bethfort-Milon père (ancien négociant et blanchisseur de toiles, demeurant à Oëstres)
Vente sur publications et aux enchères publiques d'un grand établissement situé à Oëstre, banlieue de St-Quentin, canton et arrondissement dudit St-Quentin, département de l'Aisne, consistant en plusieurs corps de batimens d´habitation, blanchisserie, filature, moulin à eau faisant farine, teinturerie, apprêt et autres objets, etc.
1er Lot.
Un établissement, situé audit Oëstre, portant le numéro 96, appliqué principalement à une blanchisserie ; l'entrée faisant face au pont du canal de Saint-Quentin, dit le canal Crozat. Cet établissement consiste en :
1°. Un logement de portier, à gauche de la grande porte qui ferme l'entrée de la propriété, divisé en deux petites places, construites en pierres et briques, grenier au-dessus, couvert en ardoises, etc.
2°. Un bâtiment de maître, auquel on arrive par un grand perron en pierres, garni de rampes en fer ; ledit bâtiment, construit en pierres et briques et couvert en ardoises etc.
3°. Un bâtiment à droite du bâtiment de maître et y attenant, servant principalement de magasin et d'atelier au rez de chaussée, de filature au premier, et de séchoir à l'air au-dessus, construit, le rez de chaussée en pierres, et le surplus en bois et couvert en ardoises, consistant, savoir etc. Tout le surplus du rez-de-chaussée, qui prend jour par vingt-huit ouvertures sur la cour, consiste en : 1° une place servant de magasin au blanc ; 2° une autre place pour le mouillage ; 3° une autre petite place dite le magasin au gris ; 4° une autre place servant de retorderie ; 5° une autre dite le magasin de cotons ; 6° l'emplacement de la roue hydraulique faisant mouvoir la filature ; 7° une place servant de frottoir ; 8° et enfin une dernière place à usage d'atelier d'apprêts. Le premier en entier est employé par la filature, à l'exception de quatre petites places servant de magasin et logement de commis ; il y a trente-trois ouvertures sur la cour, et autant sur le derrière.
Au-dessus et sur toute la longueur de ce bâtiment est le séchoir, garni de barettes ; plus, deux petites mansardes.
4°. Un autre bâtiment à gauche du bâtiment de maître, détaché d'icelui, servant de buanderie pour le blanchiment des étoffes, construit en rez de chaussée en pierres et briques, et tout le surplus en bois couvert en ardoises, éclairé par treize croisées donnant sur la cour, vingt fenêtres au premier qui règne sur toute l'étendue du bâtiment à l'exception toutefois de l'emplacement des fourneaux : ce bâtiment est pavé. Entre ce bâtiment et celui ci-après, numéro 5, est un autre petit bâtiment construit en briques et couvert en ardoises, servant de magasin aux matières ou drogues.
5°. Un autre bâtiment attenant à ce dernier, servant de moulin, construit en briques et couvert en ardoises, consistant : 1° Au rez de chaussée, dans l'emplacement de la roue hydraulique, des bluteries et des engrenages moteurs ; cette place ayant entrée par une porte à deux battans, et vue par cinq fenêtres. 2° Au premier, dans l'emplacement où sont les meules et une chambre à coucher pour les meuniers, au-dessus de la roue hydraulique ; cette place éclairée par dix ouvertures. 3° Au second dans l'emplacement servant de magasin aux blé et farine, ayant vue par dix ouvertures. 4° Et devant le grenier qui existe sur la longueur dudit bâtiment, éclairé par deux grandes lucarnes.
6°. Un autre bâtiment faisant face à la commune de Gauchy, servant de séchoir, et à l'un des angles duquel est un manège, construit en pierres et briques, et couvert en ardoises, consistant, au rez de chaussée, en quatre places, dont la première sert d'emplacement à la calandre, la seconde d'atelier d'impression ; la troisième, de logement des graveurs, et la quatrième, d'atelier et magasin des graveurs : le tout éclairé par douze croisées ayant vue sur une cour et sur l'étang. Au premier, auquel on arrive par un escalier, se trouve un entresol servant de magasin aux ferrailles ; au-dessus de ce magasin, existe un mouillage d'apprêts ; le reste de ce premier se compose d'un long emplacement servant d'apprêts, qui est éclairé par dix fenêtres. Et dans la longueur du bâtiment, sous le comble, est un séchoir, garni de ses barettes.
7°. En retour d'équerre du bâtiment précédent, est une écurie pour huit chevaux, construite en brique et bois, couverte en tuiles ; le surplus de ce bâtiment est employé comme atelier de teinturerie.
7bis°. Vis-à-vis du bâtiment désigné numéro 6, est un autre bâtiment construit en bois et torchis, couvert en ardoises, servant à l'impression, à une menuiserie et une forge. Dans le prolongement, à gauche de la rivière, se trouve une grange de trois ramures et un hangar, édifiés en bois et terre, couverts en chaume.
8°. Un petit bâtiment faisant face à l'emplacement de l'ancien moulin, servant d'amidonnerie, à côté duquel sont des toits à porcs, construits en briques, couverts en ardoises et tuiles.
9°. Dans le fond d'une cour, autour de laquelle sont édifiés les bâtiments précédens, est un bâtiment construit en briques, couvert en ardoises, divisé en deux places avec four et cheminée ; ce bâtiment n'est point encore achevé, et il n'existe ni portes ni fenêtres.
10°. Les chaussées de Gauchy et d'Oëstre, dont ledit sieur Bethfort pourrait être propriétaire, bordées par la rivière de Somme et les marais de Gauchy.
11°. Enfin, les cours, ponts, pavillon, jardins, fossés, tourbières, prés, eaux, marais, bois et chaussées adjaçans à la susdite blanchisserie qui est traversée par la rivière de la Somme, excepté les marais formant le 2e lot ;
Le tout situé en presque totalité à Oëstre, banlieue et commune dudit Saint-Quentin, et pour une très-faible portion, sur la commune de Gauchy, canton de Saint-Simon, arrondissement de Saint-Quentin, département de l'Aisne ; ensemble l'emplacement de tous les bâtimens ci-devant désignés, contenant environ dix-neuf hectares trois ares cinquante centiares, tenant vers le nord à la digue du canal, au couchant à la ferme et héritage de M. Lefevre-Lesourd ; au nord-ouest à plusieurs portions de jardins, appartenantes à divers habitans de Oëstre ; au sud à la prairie communale de Oëstre, et au levant aux prés et marais communaux de Gauchy.
12°. Une petite maison, située au bord du canal, près l'entrée de la propriété, et connue sous le nom de la Maison du Pêcheur, construite en briques et bois, couverte en ardoises etc.
13°. Une autre petite maison, portant le numéro 60 ; située sur la rive opposée du canal, servant de logement à des ouvriers de l'établissement etc.
Dans les lieux et bâtiments ci-devant désignés existent tous les objets mobiliers garnissant les usines, bâtimens et autres dépendances, soit qu'ils fassent partie des immeubles par destination, soit qu'ils consistent en meubles-meublans, ustensiles, barques, charrettes, voitures et autres objets généralement quelconques, sans aucune exception, et dont la description suit :
Magasins au blancs.
Premier mouillage au bleu : une craisselle double avec ses cuves, une cuve à amidon. Deuxième mouillage au bleu : un bac à mouiller, trois petites cuves, un fourneau à deux petites chaudières.
Frottoir.
Une paire de veilles balances à savon, conduits en plomb avec robinets en cuivre pour eau chaude et eau froide. Fourneau avec chaudière, à côté du frottoir et servant à alimenter les conduits dans ledit frottoir.
Ploierie.
Une presse hydraulique, deux autres à battant, quatre ourdoirs, cinq grands paniers d'osier, soixante plateaux en cuivre, soixante en bois et cinquante en carton. Cylindre dans la pièce à côté de la ploierie, garni de deux rouleaux en carton, d'un canon en cuivre avec six rouleaux de fonte et six poids de vingt-cinq kilogrammes. Il est observé qu'il existait un Curandeau à côté du cylindre, qui a été remplacé par un calorifère ; séchoir garni de ses barettes et mâchoires, dans le grenier qui est de toute la longueur du bâtiment de l'horloge.
Blanchisserie.
Quatre grands terreins garnis en plomb sur les bords au lieu de six qui existaient en mil huit cent vingt-neuf, les deux autres étant remplacés par de grandes cuves ; un grand réservoir d'eau, en chêne, une grande cuve à couler, deux grandes chaudières en cuivre, trois cuves à macérer, quatre à javelle, trois à acides, trois brancards, six brouettes, quatre mauvais quinquets, deux petits appareils de chimie, un en dedans et un au dehors ; vingt seaux tant en bois blanc qu'en chêne, huit chaudrons en cuivre, une cuve en cuivre et deux en fonte pour fondre la potasse, une pompe en plomb pour le réservoir, conduits en plomb et robinets pour eau chaude et froide, deux moulinets en bois pour cuves à javelles, poêles et tisonniers pour les fourneaux. Repassoir en l'air, entre la buerie et l'ancien moulin.
Moulin à eau.
Il se compose de trois paires de meules, du moteur hydraulique et d'une étendelle.
Apprêt.
Les objets qui sont réclamés par M. Bethfort-Plomion, comme les ayant acquis en mil huit cent vingt-trois, des syndics à la faillite Bethfort aîné. L'apprêt est placé dans le bâtiment neuf, du côté des prés, au premier étage au-dessus de la teinturerie. Dans la grande salle, trois métiers de dix-huit aunes et demie métriques, avec leurs platines et leurs rechanges à épingles ; quatre chariots à mener les feux, vingt bassins, une horloge en bois, quatre quinquets à deux branches, et quatre quinquets simples. Dans le foyer, à côté de la grande salle, une pelle, une pincette, un tisonnier et deux grands étouffoirs en tôle. Ceci a changé de destination : c'est maintenant un atelier d'impression.
Repasserie.
Trois tables à tréteaux en bois blanc, une sur tonneau, une petite carrée, vieille, à pieds garnis de roulettes ; un mauvais coffre, un panier en osier, six fers à repasser, deux porte-fers.
Séchoir à vapeur dans le grenier, au-dessus de l'apprêt, monté de ses tuyaux en fonte.
Ce séchoir est remplacé par un très-fort calorifère avec ses tubes et tuyaux en tôle, barettes et mâchoires.
Forge.
Elle se compose de son foyer, d'un soufflet, une enclume, un étau.
Remise.
Deux petites pompes à incendie, avec leurs tuyaux en mauvais état ; quinze seaux à incendie, goudronnés.
Filature.
1°. Dix métiers en fin et un en gros de deux cent cinquante broches chacun ; ensemble, deux mille sept cent soixante-douze broches ; les châssis sont en bois de chêne, les chariots sont garnis de six roues en fonte et huit tambours, trois chemins garnis chacun d'une lame de fer à chaque métier, trois supports en fonte sous les porte-bobines ; les noix des broches sont en fer-blanc ; les cylindres de pression sont en fer, sur huit métiers, et en bois, sur les deux autres, garnis en peaux sans couture ; à chaque métier, cinq roues et six pignons en cuivre, les autres en fonte, les chapeaux, supports et sellettes aussi en cuivre, la baguette en fer, garnie de cuivre ; treize sabots en fonte fixés avec des vis en fer, à chaque métier, et à chacun deux poulies en fonte pour la double vitesse, et toutes les courroies nécessaires au métier en gros ; un compteur en cuivre, avec un timbre ; les noix des broches sont en bois, et les cylindres de pression en fer.
2°. Neufs cardes, dont quatre brisoirs et cinq finissoirs ; les plaques et rubans sont en assez bon état, quoiqu'ayant déjà servi pendans quelques temps ; tout ce qui est en bois est en chêne, les engrenages en fonte, les pignons, les cylindres des rubans, les gobelets, les petits tambours, les polissoirs tout en cuivre, le peigne en fer mu par un mouvement excentrique ; la table est garnie en fer-blanc avec son rouleau et sa toile.
Les numéros 3, 4, 5, 6 et 7 de l'état des lieux de mil huit cent vingt-neuf, qui consistaient en un manège et accessoires, sont remplacés par une roue hydraulique avec les machines et engrenages nécessaires pour faire marcher la filature. L'arbre vertical en fer, avec deux colliers et huit boulons ; treize arbres de couche en fer (au lieu de vingt-deux qui existaient en mil huit cent vingt-neuf), supportés par des chaises en bois. Les supports sont supprimés. Ces changemens ont eu lieu à ce qu'il paraît pour alléger la filature et la faire marcher avec plus de vitesse.
[suit la description de trente autres articles : 46 tire-fonds, 12 tambours, 30 plaques de fonte, aiguisoir, table à nappe, 3 tables à éplucher, presse à paquets, cinq dévidoirs de 40 broches, petit dévidoir à échantillonner, 2 tables à battre, romaine en bois, 81 pignons et 78 compteurs en cuivre, 10 pignons de cylindre en cuivre, 32 roues d'angle en fonte, fléau à balances e n fer, plateaux en bois, poids octogones, table, bancs, poêles en fonte, boîtes et pots en fer-blanc, paniers, etc].
2e Lot.
Le deuxième lot se compose de vingt portions de Marais ci-devant communaux, situés en prairie de Dallon, adjugés à la sous-préfecture de St-Quentin, le vingt-sept août mil huit cent treize etc.
La propriété dont [il] s'agit et ses dépendances, sont occupées par M. Melchior Bethfort-Plomion, négociant, demeurant à Oëstre, comme principal locataire, lequel a sous-loué à M. Garnier-Parisis, teinturier, qui les habite :
1°. L'emplacement de la calandre, l'atelier d'impression, le logement, l'atelier et le magasin des graveurs et une place à la suite servant de magasin aux matières de l'impression, le tout faisant partie du bâtiment désigné numéro 6 ;
2°. Le premier, servant d'atelier d'apprêt, faisant partie aussi du numéro 6 ;
3°. Le bâtiment désigné numéro 7bis, à l'exception de la forge et de la menuiserie ;
4°. Et en partie du bâtiment n°7, servant de teinturerie.
Extrait de : Vente sur publications et aux enchères d'un grand établissement, situé à Oëstre, in Le Journal de la ville de Saint-Quentin et des communes environnantes. N°706, 24-02-1833. pp. 1-14.
Chercheur associé.