Le territoire industriel des Hauts-de-France, à forte population ouvrière, a été un terreau favorable à la construction de piscines, équipement avant tout social. Si, dans l'entre-deux-guerres, quelques équipements naissent grâce au volontarisme de certaines municipalités socialistes, de nombreuses piscines ont été construites à l'initiative des industriels eux-mêmes, à proximité des usines ou au sein de cités ouvrières. Elles s’inscrivent dans un ensemble de dispositifs paternalistes, parmi lesquels les installations sportives et ludiques tiennent une place particulière. Si le stade omnisports est l'’installation sportive patronale la plus courante, de nombreuses piscines voient également le jour.
L'étude a permis d'identifier vingt-deux piscines issues du paternalisme industriel, dont quatorze créées par la Compagnie des Chemins de Fer du Nord, construites des années 1920 aux années 1950. Cet inventaire, sans doute lacunaire, a été réalisé grâce à la découverte de cartes postales les représentant, ainsi que par l'observation de photographies anciennes sur le site de l'IGN (en ligne). Elles n'ont pas pu être toutes datées précisément. Des recherches aux Archives Nationales du Monde du Travail à Roubaix ainsi qu'au Centre des Archives Historiques de la SNCF au Mans, auraient sans doute permis de préciser et d'enrichir les informations sur ces équipements sportifs réalisés par le patronat des grandes entreprises ou de certaines compagnies concessionnaires de services publics. A noter que si le sport ouvrier, le sport en entreprise et le paternalisme sportif sont aujourd'hui des thèmes assez bien étudiés par les historiens et les sociologues, la question des équipements, de leur architecture et/ou organisation spatiale est moins souvent évoquée.
Nombre de ces piscines ne sont plus visibles aujourd'hui. En effet, la plupart ont été détruites dans les années 1980, le secteur de l'industrie entrant en crise et les usines périclitant les unes après les autres. Il faut préciser qu’elles étaient vétustes et n'étaient plus aux normes. La seule encore en activité – car rachetée en 1994 par la commune et rénovée – est celle d’Aulnois-sous-Laon (Aisne). Sont à l'abandon mais existent toujours l’ancienne piscine de l'Usine Béghin à Corbehem-Brebière (Pas-de-Calais), rachetée par la ville, ainsi que le bâtiment des vestiaires de la piscine de la cité des cheminots d’Amiens (Somme), qui, semble-t-il, appartient toujours à la SNCF.
I. Piscines et paternalisme
Une conscience paternaliste se développe chez les grands patrons d'usines et dans certaines compagnies industrielles (Compagnie des Chemins de Fer du Nord, Compagnie des Mines, etc.) dès la deuxième moitié du 19e siècle. Le paternalisme peut se définir comme le souci des conditions de vie des ouvriers et les moyens mis en œuvre pour les améliorer. Ainsi, "le fabricant doit à ses ouvriers autre chose que le salaire. […] Il est de son devoir de s'occuper de leur condition physique et morale", affirme fièrement Jean Dollfus, précurseur du paternalisme, lors de la fondation de la Société industrielle de Mulhouse en 1826. Ces services, logements ou équipements ne sont pas fournis par le patronat dans un dessein purement altruiste ou philanthropique, dénué de contrepartie. Au contraire, ils permettent de maintenir le contrôle des ouvriers, de les "fidéliser" (évitant ainsi les fluctuations d'effectifs), de les divertir (équipements sportifs et de loisirs), et in fine de les faire adhérer aux valeurs de l'entreprise. Dans la logique paternaliste, l'amélioration des conditions sociales permet d'augmenter le rendement des ouvriers et d'accroître leur énergie, en les associant à la vie de l'entreprise. Les industriels entendent ainsi contrôler tous les aspects de la vie sociale, et par là même renforcer la dépendance du prolétariat vis-à-vis d'eux. Le paternalisme est également censé être créateur de paix sociale, briguant les revendications syndicales ou les autres formes de militantisme.
S'ils ne sont pas primordiaux, le sport et les loisirs, s'imposent de manière progressive comme un élément essentiel des dispositifs paternalistes. En effet, le sport est un moyen jugé efficace s'agissant autant pour renforcer la cohésion entre les ouvriers que pour entretenir l'esprit de discipline et améliorer leur productivité au travail (idée issue du taylorisme). Il permet en outre une occupation à la fois saine et productive du temps libre des travailleurs ; temps libre qui s'accroit à partir de l'entre-deux-guerres, avec les lois sur la journée de huit heures en 1919 et celle sur les congés payés de 1936. L'offre municipale faisant encore grandement défaut dans les années 1920, le secteur de l'industrie prend les devants en proposant aux employés, au sein de cités-jardins ou au sein même des usines, des complexes sportifs comprenant parfois une piscine en plein air. Ces piscines, parmi les autres équipements socio-culturels patronaux donnent une image positive d'une entreprise dynamique soucieuse du bien-être de ses employés. Les municipalités auront du mal à reconquérir leur autorité devant l'emprise patronale sur les loisirs sportifs.
II. Les piscines d'usines
Dans le nord de la France, un des précurseurs en matière d'œuvres sociales est l'industriel Jean-Baptiste André Godin (1817-1888). Il accorde en effet une importance particulière aux conditions de travail de ses ouvriers, mettant à leur disposition, chose inédite au milieu du 19e siècle, une offre variée de services, pour assurer leur bien-être. À partir de 1859, il fait construire, à proximité de son usine de poêles en fonte à Guise (Aisne), différents bâtiments (restaurants, logements individuels, services collectifs ou magasins coopératifs) qui composent le célèbre Familistère de Guise, inspiré de l'idéologie communautaire phalanstérienne. Ce "Palais Social" comprend un bâtiment situé entre l'usine et les habitations, abritant lavoir, buanderie et piscine, construit en 1870 par Victor Calland. Le but de ce bassin de 14 x 8 mètres était d'apprendre à nager aux ouvriers et à leurs enfants, qui risquaient fréquemment de se noyer dans la rivière située près de l'usine. Cette piscine était résolument moderne grâce à son plancher mobile en caillebotis qui permettait d'adapter la profondeur du bassin selon les besoins. Le bassin était directement alimenté par les eaux chaudes produites par l'usine, transportées par des canalisations souterraines.
Il faut attendre la fin de la première guerre mondiale pour que d'autres piscines soient construites à proximité d'usines. L'intérêt de la part du patronat à l'égard des loisirs, et en particulier des activités sportives, dont les bénéfices à la fois physique et moraux sont vantés, connaît en effet une forte croissance durant cette période.
On relève que l'architecture de ces piscines, toutes découvertes, est souvent simple et économique. Cette simplicité s'explique par le fait qu’elles sont souvent l'œuvre d'un ingénieur et non d'un architecte, associé aux services techniques de l'entreprise. Toutefois leur ampleur, les formes des bassins, les équipements annexes et les implantations sont variés.
La petite ville industrielle d'Albert, dans la Somme, spécialisée dans la métallurgie, est anéantie par la Grande Guerre. Dans les années 1920, la ville connaît un nouvel essor grâce à l'arrivée d'Henry Potez, aviateur, qui y implante d'importantes usines de construction d'avions, assurant la prospérité des habitants pour plusieurs décennies. Pour satisfaire la jeunesse de cette population ragaillardie, Henry Potez fait installer au sein de la ville un ensemble sportif comprenant un terrain de football avec tribunes couvertes, entouré d'une piste d'athlétisme, des courts de tennis, un jardin pour les enfants, un bar-buvette et une piscine découverte avec un bassin séparé par un muret en petit et grand bain. L'ensemble est édifié en 1933 sous la direction de M. Rouzé (directeur des usines Potez), associé à Raoul Minjoz, architecte à Albert, et à M. Restani, entrepreneur. Le grand bassin de la piscine est homologué et est pourvu d'un plongeoir à deux hauteurs et de tribunes. Des compétions sportives (water-polo, natation, concours de plongeons) peuvent donc être organisées. A noter que cet équipement n'est pas réservé au personnel des usines, mais ouvert à toute la population d'Albert. Le patronat s'est donc ici réellement substitué au rôle de la municipalité, offrant à toute la ville un équipement public.
Les deux piscines des usines Béghin, construites en 1935 par les architectes Cordonnier et Delanoy, en association avec l'ingénieur Marc Revaux (spécialisé en construction de piscines), à Thumeries (Nord) et Corbehem (Pas-de-Calais), sont également remarquables. Ces piscines sont situées non loin des entrées de la sucrerie (pour Thumeries) et de la papeterie (à Corbehem) et leur architecture, très simple mais soignée est identique. D'après un article rédigé par Marc Revaux dans la revue Travaux en 1944, il s'agirait d'une des premières réalisations françaises de bassins doubles, c'est-à-dire avec séparation du bassin sportif et du bassin d'apprentissage. Le secteur industriel serait donc précurseur dans le développement de nouvelles normes en matière de bassins de natation.
La construction de piscines se poursuit dans les années 1940 et 1950. Elle a peut-être été indirectement motivée par une proposition de loi (inaboutie), du 10 décembre 1940, qui prévoyait de rendre obligatoire le sport au sein des entreprises et d'encourager l'installation d'équipements sportifs patronaux. Le sport patronal est également promu par le régime de Vichy.
Une des plus impressionnantes est peut-être celle de l'usine Escaut-Meuse (fabricant de tubes en acier) d'Anzin (Nord), inaugurée en 1948 et conçue par l'ingénieur Marc Revaux. La piscine, dont l'architecture évoque le style paquebot, est constituée d'un bassin de natation et de plongée, et d'un bassin-enfants de forme demi-circulaire. Elle est située en face des bureaux généraux de l'usine. Elle est équipée de gradins ainsi que d'un majestueux plongeoir en béton à la silhouette moderne et élégante en forme de U renversé, doté de trois plateformes à différentes hauteurs. Du côté du petit bassin, un toboggan devait faire le bonheur des enfants. Le journal Nord France, en 1949, en dresse un portrait élogieux : "Sur la route de Valenciennes, à Condé, surgit, tout à coup, l'inexplicable vision d'un vaisseau ancré au cœur des terres. Ce yacht blanc, avec ses hublots, c’est le premier aspect qui s'offre d'une piscine, récemment inaugurée et que l'on considère déjà comme la plus rapide de France, au dire des champions qui la fréquentent, et qui est certainement l'une des plus belles et des plus modernes que possède notre pays. Elle a été réalisée en quelques années, pour la Société d'Escaut et Meuse".
La piscine de la centrale thermique de Vendin-le-Vieil (1945) est originale de par sa forme triangulaire, divisée en trois bassins. Elle était située au cœur de la centrale, au pied des réfrigérants. Deux toboggans permettent aux enfants de se jeter dans le bassin, pendant que les parents se relaxent au soleil, à la terrasse-buvette.
Certaines piscines, plus modestes, résultent d'une opportunité particulière. Par exemple, à Aulnois-sous-Laon (Aisne), le bassin n'était à l'origine qu'une réserve d'eau aménagée par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale et prévue en cas d'incendie. Après-guerre, l'Union Sucrière de l'Aisne décide de transformer l'endroit en piscine.
Une des grandes originalités techniques de ces piscines vient du fait que l'eau des bassins est souvent chauffée, grâce à l'énergie produite par les usines (à Guise, Anzin, Gauchy et Vendin-le-Vieil, notamment) ou directement par les eaux de refroidissement. Elles pouvaient donc fonctionner pratiquement toute l'année, contrairement aux autres piscines découvertes.
On relève également que la plupart ont des plongeoirs et des tribunes. Le but de ces piscines n'est donc pas seulement de favoriser les loisirs sains aux ouvriers et à leur famille, ainsi que l'apprentissage des rudiments de la natation aux enfants. En créant ces équipements, les patrons ont également pour objectif de soutenir et d'appuyer la création de clubs de natation populaires et par là-même, l'organisation de compétitions sportives ou spectacles (ballets ou gala nautiques), comme en témoigne l'article du journal Nord France sur la piscine d'Anzin : "On se presse à la piscine d'Escaut-et-Meuse, on prend d'assaut les tribunes et le tour des bassins pour y suivre des spectacles exceptionnels. Le dernier n'offrait-il pas, à côté des courses, des plongeons et des matches de water-polo habituels, les ballets nautiques des Ondines de Reims, venues pour la première fois dans le Nord". Ces évènements à la fois sportifs et festifs sont autant de divertissements offerts par l'entreprise à ses ouvriers au sein de son cadre de travail. Ils sont l'occasion également d'accueillir et de promouvoir des champions, assurant parallèlement une publicité non négligeable à l'entreprise. En outre, le sport de compétition est fédérateur et crée un esprit d'équipe, esprit qui est bénéfique pour obtenir une harmonie sociale au sein de l'entreprise. Encourager la pratique sportive assure aussi aux patrons d'avoir des employés en bonne santé et en bonne forme physique, donc aptes au travail. Enfin, la gestion des piscines était confiée au comité d'entreprise ; elles étaient donc souvent gérées par les employés eux-mêmes, renforçant encore plus l'attachement et la dépendance des habitants à leur lieu de travail.
De nombreuses piscines d'été s'inscrivent également dans les paysages industriels du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Elles ont été construites par les municipalités (comme à Bruay-en-Artois ou à Calonne-Ricouart), ou par les différentes houillères (par exemple à Noeux-les-Mines ou à Sains-en-Gohelle). Ces constructions témoignent de la rivalité qui existait à cette époque entre municipalité et compagnies des mines pour attirer la population grâce au financement d'équipements et d'associations de loisirs culturels ou sportifs.
III. L’action sociale de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord : les piscines des Cités de Cheminots
Une des entreprises qui s’est le plus démarquée à partir des années 1920, au niveau de son action sociale dans le nord de la France, est la Compagnie des Chemins de Fer du Nord (qui fusionne avec la SNCF, crée en 1938), grâce à la volonté et aux convictions de Raoul Dautry, ingénieur principal puis directeur général des Chemins de fer du Nord en 1928. Au sortir de la guerre, il est chargé de restaurer le réseau du Nord, dévasté, et de relancer l'industrie ferroviaire. Pour mobiliser son personnel dans cette tâche et obtenir une meilleure productivité, il est convaincu qu'il doit d'abord obtenir une cohésion sociale, dynamiser les équipes, cela n'étant possible qu'en entreprenant une politique d'amélioration du cadre et des conditions de vie quotidiennes des cheminots. C'est dans cette perspective qu'il imagine un modèle idéal de cité-jardin, qu'il va appliquer sur tous les sites de reconstruction, permettant aux cheminots de s'installer avec leurs familles. Il accompagne en outre ce vaste programme social de logements avec jardin à cultiver, d'une promotion des activités culturelles et sportives, essentielles selon lui pour sortir les employés de la monotonie de leur labeur quotidien, faire régresser l'alcoolisme, développer un esprit communautaire, assurer leur hygiène physique et élever leur moralité. Il est par ailleurs préoccupé par la force persuasive du discours syndical et de ses idées progressistes, dont il espère enrayer la diffusion, en détournant l'attention des ouvriers vers d'autres engagements.
Les espaces sportifs, comprenant la plupart du temps stade, gymnase et parfois piscine, qui ont une place importante au sein du dispositif social mis en place par Dautry, sont insérés au cœur des cités cheminotes, situées à proximité des voies de chemin de fer et des gares. Reprenant les théories sur le solidarisme de Léon Bourgeois, l'ingénieur entend faire participer toute la communauté au fonctionnement de ces activités. Ainsi, les oppositions et les tensions sont réduites grâce à cette organisation sociale rationnelle dans laquelle chacun trouve sa place. Dautry est également séduit par l'hébertisme, méthode d'éducation sportive conçue par Georges Hébert, qu’il souhaite diffuser dans l'ensemble des réseaux des chemins de fer. Cette "méthode naturelle", basée sur la pratique d'exercices physiques, se propose d'amener l'individu à son développement et à sa régénération par la seule utilisation de ses moyens propres de locomotion, de travail et de défense. L'hébertisme se généralise dans toutes les cités cheminotes, grâce à des éducateurs formés. Une des premières cités où a été appliquée cette méthode est celle de Tergnier, dans l'Aisne.
La construction des premières piscines dans les cités cheminotes relève donc de cette stratégie d'action sociale. Cette dernière qui vise au contrôle de la population et à un attachement à l'entreprise, est mise en place de manière systématique par Raoul Dautry. Les piscines s'intègrent dans de vastes ensembles d'équipements sportifs, d'hygiène et de loisirs. Toutefois, ces équipements sportifs sont peu documentés dans les articles présentant les cités jardins des chemins de Fer du Nord dans les revues d'époque (La Construction Moderne, Art et décoration, Le génie Civil, etc.). Dans les années 1920-1930, les architectes en charge des habitations ne semblent pas associés aux équipements sportifs. On peut donc supposer que leur construction est confiée aux services des travaux de la SCNF. Cela explique sans doute la mise en œuvre très simple des piscines.
Il s'agit exclusivement de piscines découvertes et non chauffées, et par conséquent exploitable uniquement les mois d'été. A Béthune, la piscine, inaugurée en 1933, est complétée par une salle des fêtes, des bains-douches et un terrain de football. La piscine comporte deux bassins de vingt mètres, séparés l'un de l'autre par un petit édifice comprenant des douches et des pédiluves. Toutes les piscines cheminotes ont au moins deux bassins. Le bassin d'apprentissage prend des formes variées : hexagone (à Saint-Pol-sur-Mer, Douai, Hellemmes et Vaux-sous-Laon), demi-cercle à Amiens et Longueau. Au bout du grand bassin, dont les dimensions répondent aux dernières normes (souvent 25 x 12,5 m), est érigé un plongeoir à deux ou trois niveaux. La plupart de ces piscines sont construites dans les années 1920-1930, mais un certain nombre d'entre elles sont reconstruites après la seconde guerre mondiale qui a ravagé une bonne partie des cités. Ainsi les piscines d’Avion, de Vaux-sous-Laon, de Chambly, de Tergnier – qui change de place –, et d'Amiens sont modernisées. On note alors quelques perfectionnements : le grand bassin est souvent prolongé en L ou en T par une fosse de plongée, des toboggans sont ajoutés au petit bassin et les systèmes de filtration sont mis aux normes. L'architecture des bâtiments techniques et des vestiaires, jusque-là rudimentaires, est également modernisée. Ainsi, à Amiens, la SNCF confie la reconstruction du bâtiment des vestiaires à l'architecte en chef de la reconstruction d'Amiens, Pierre Dufau, qui est secondé par son frère André, ingénieur. Le bâtiment, construit en béton paré de moellons, est doté d'un toit terrasse pouvant servir de solarium. La façade côté piscine, constituée de trois bassins découverts, est également prolongée par une terrasse où les baigneurs peuvent se faire servir une consommation. Un grand garage à vélo vient compléter l'ensemble.
A Montdidier (Somme), la SNCF a financé la construction de deux piscines : l’une dans la cité des cheminots du Nord et l'autre pour le centre de loisirs des Trois Doms, que dirigeait le comité d'entreprise. La piscine était constituée d'un grand bassin, prolongé sur chaque extrémité par un bassin semi-circulaire, l'un servant de bassin d'apprentissage, l'autre de fosse pour les plongeons. Le site des Trois Doms est à l'origine un ancien relais de locomotives à vapeur qui, après transformation, accueille la première "colonie de vacances" d'Europe. La SNCF a également converti d'anciennes gares désaffectées en colonies de vacances comme celle de Ribérac (Dordogne). L'action sociale de la SNCF s’est donc poursuivie après Dautry et s'est prolongée à d'autres secteurs dans le domaine des loisirs et de la jeunesse.
De nombreuses cartes postales diffusent l'image de ces équipements de loisirs. Une des plus médiatisée est celle de Tergnier dans l'Aisne. En effet, comme le montre Bernard Marrey, Raoul Dautry conçoit la cité Quessy de Tergnier comme un modèle, une sorte de prototype, inspirée des cités-jardins idéales. Il s'agit de la première et de la plus grande cité cheminote de la région Nord. Les images de la piscine (et son évolution entre les années 1920 et les années 1950) reflètent une partie de cette vision utopique de l'équipement social.