L'édifice visible à cet emplacement sur le cadastre napoléonien levé vers 1839 occupe une parcelle traversante et comprend un bâtiment principal ouvrant sur la Grande-Place et un bâtiment secondaire ouvrant sur la rue des Juifs, séparés par une petite cour en coeur de parcelle. Il est connu par une carte postale du début du 20e siècle qui en donne une représentation partielle. La façade sur la place présente une élévation en briques et une trace de surélévation d'un troisième étage.

Le dossier d'évaluation des dommages de guerre en donne également une description et des plans en 1920 (ill.). L'état des lieux indique que la propriété comprend "deux immeubles, l'un à usage de magasin et laboratoire de pâtisserie, établissement de traiteur, etc., l'autre formant annexe". L'architecte précise : " cette construction ayant été remaniée à diverses reprises se trouvait avoir été agrandie d'une cage d'escalier en pan de fer avec remplissage de briques et de deux chambres" et signale des "caves très importantes "de la cour à la façade sur la rue, qui se prolongent sous la place.

Le bâtiment sur rue est une construction en briques à trois étages carrés sur deux niveaux de caves (cuisine et laboratoire). La façade sur cour est en pan de bois hourdé en briques. Le rez-de-chaussée est occupé par une boutique sur la rue et un logement à l'arrière (sur la cour) et au premier étage, qui comprend : un vestibule, deux chambres, un salon de musique et un bureau. Au deuxième étage, se trouve une salle de banquet décoré "dans le style Renaissance" et un office. Enfin, le 3e étage est divisé en quatre chambres disposées autour d'un fumoir décoré de plan ovale, et un petite pièce, dite "musée", dans le quel se trouvent "des vitrines disposées pour l'usage auquel cette pièce était destinée". Cet immeuble est donné comme entièrement détruit à l'exception des caves.

Le bâtiment situé rue des Juifs, construction en pan de bois hourdé en torchis, à étage carré, abritant une réserve et des chambres, est donné comme très délabré.

L'architecte Daniel Roguet, chargé de la reconstruction, dresse les plans et devis du bâtiment principal en 1921. Son projet reprend les principales fonctions de l'établissement Douchet : cuisine et laboratoire en sous-sol, magasin et réserve au rez-de-chaussée avec deux portes latérales menant aux étages d'habitation (à gauche) et à la salle de banquet de l'étage (à droite), qui se signale par un vitrage continu ouvrant sur un balcon. Un bow-window et une petite extension permettant un nouvel accès à la salle de banquet, ont été réalisés sur la façade nord (rue des Juifs), après 1924.

La maison Douchet est fondée par Quentin Montain Melchior dit Florimond Douchet (1813-1879), originaire de l'Aisne, et d'abord installée rue Saint-Fursy (actuelle rue Pasteur), en 1837. En 1857, il fait l'acquisition de la maison située sur la Grande Place, à son emplacement actuel. Son fils Marie Louis Alfred Douchet-Michel (1842-1905) lui succède en 1872 (recensement de population). A sa suite, la maison est dirigée par Henri Douchet-Dautrevaux (1866-1949), qui y est installé au début du 20e siècle (recensements de 1906 et 1911). Après la Première Guerre mondiale, la nouvelle maison Douchet est tenue par son gendre Pierre Laurent Poncet (1898-1988), qui a épousé Marie Louise Suzette Douchet (1902-1989).