D'après Decagny (1844), les Minimes arrivent à Péronne en 1610, soutenus par le comte de S.Pol, M. de Créqui, qui leur cède son hôtel de Cléry, abandonné par les Capucins. D'après de Sachy (1866), l'église des Minimes est construite à partir de 1614 (pose de la première pierre) ; dame Charlotte de Bonfils, épouse de M. de Bécordelle, y est inhumée en 1615. Elle est consacrée par Monseigneur de Baradat, évêque de Noyon, en 1629
Le couvent est représenté sur un plan de la fin du 18e siècle (n°39 du plan) qui montre l'église, le cloître et les bâtiments conventuels, ainsi qu'un jardin (n°30 du plan) appartenant à M. Fournier.
Le cadastre napoléonien levé vers 1839 donne une représentation plus précise de l'église de plan allongé à chevet polygonal (980).
L'église et le bâtiment attenant (B 979, 980), actuels n° 3 et 5 Carrefour des Minimes, sont acquis par François Fournel qui fait démolir l'église en 1845 pour laisser place à une construction neuve.
Au n°3, la maison est reconstruite au milieu du 19e siècle sur des fondations plus anciennes. Elle devient la propriété d'Octave Lesage, en 1866, puis d'Armand Carette en 1894. Endommagée durant la Première Guerre mondiale, elle est reconstruite et restaurée vers 1921.
Au n°5, la propriété est acquise en 1858 par Edouard de Boutteville qui fait construire une nouvelle maison en 1861. Cette maison est vendue en 1871 à Jules Olivier Trépant, libraire à Péronne. Les dispositions de la demeure, restaurée après la Première Guerre mondiale, sont connues par un plan joint au dossier d'évaluation des dommages de guerre (10R 1033).
Au n° 7 (actuel n°1 rue Fournier), des terrains (B 923, 927 et 924 et 926 partiels) sont acquis par Alexandre Dehaussy de Maigremont (1791-1856) qui y fait construire une nouvelle demeure, dans laquelle il réside en 1836 et en 1846. Sa veuve Constance Hyacinthe Capron la fait reconstruire ou agrandir en 1861. Endommagée durant la Première Guerre mondiale, la demeure est reconstruite vers 1923 pour son petit-fils Maurice André-Dorgeville (1863-1934). Dans les années 1930, elle est habitée par le gendre de Maurice André, Louis Daudré (1890-1940), maire de Péronne.
Le lotissement réalisé sur l'emprise de l'ancien jardin du couvent est visible sur le cadastre napoléonien (B 924, 925). Il est desservi par une impasse, dite rue Fournier, du nom d'Achille Fournier-Naudé, entrepreneur de bâtiment et promoteur du lotissement. Six maisons de rapport y sont construites en 1836 et 1837, principalement par des propriétaires exerçant des métiers du bâtiment (couvreur, menuisier). Rue Fournier, les recensements de population donnent huit maisons en 1836 et dix maisons en 1846.
L'ensemble est lourdement endommagé durant la Première Guerre mondiale. La rue Fournier, qui comptait treize maisons en 1911, n'en compte plus que six actuellement. Deux maisons (n° 6 et 8) sont vendues par licitation avec leurs dommages de guerre en 1922 (Progrès de la Somme). Quatre maisons sont reconstruites rive sud (n°10 à 16) et deux rive nord (n°7 et 9). Celle du n°9, qui s'était partiellement écroulée en 1893 (Journal de la ville de Saint-Quentin), est toujours en ruines.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.