La vaste ferme, dans son emprise actuelle, apparaît déjà sur l'atlas terrier du dernier quart du 18e siècle, avec sa cour carrée entourée de bâtiments sur les quatre côtés et un enclos (section n° 113), appartenant à un certain Jean Binet. Elle forme le centre d'une exploitation morcelée en une dizaine de parcelles, pour une superficie totale estimée à 2 journaux et 523 verges (soit environ 67 hectares).
La ferme figure sur le plan cadastral de 1832 (parcelle B 81), complétée d'un jardin en bordure de la rue de la Ville (B 80) et d'un verger à l'arrière (B 82), dans lequel s'élèvent deux bâtiments d'exploitation (B 83 et 84). Elle appartient alors à Jean-Baptiste Binet, cultivateur. Celui-ci, mentionné dans le recensement de population de 1836 comme étant âgé de 80 ans, est peut-être le personnage cité dans l'atlas terrier. Il habite la ferme avec son épouse et ses trois filles, ainsi que sa fille Agnès, veuve [de]Flandre et son petit-fils Constantin, âgé de 11 ans. Après 1851, la ferme passe à son petit-fils Constantin Deflandre, puis après 1872 au fils de celui-ci, Charles-Constantin Deflandre, qui fait construire et agrandir des bâtiments en 1876 (matrice des propriétés foncières). Il y vit encore lors en 1906, avec son épouse, ses quatre enfants et un domestique. La famille Deflandre possède encore la ferme au 20e siècle mais vit probablement ailleurs, ce qui explique qu'elle n'y soit pas mentionnée en 1911.
Si l'ancien logis du 18e siècle en rez-de-chaussée est partiellement conservé, le logis à deux niveaux pourrait dater de la fin des années 1840, lorsque Constantin Deflandre fonde sa famille. La reconstruction complète et soignée des bâtiments d'exploitation en brique correspond certainement à la campagne de travaux de 1876, lorsque Charles-Constantin Deflandre fonde à son tour une famille. L'exploitation a cessé en 1962 et le logis et les logements abritent plusieurs logements. L'ensemble a été restauré à la fin du 20e siècle.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.