1) Définition du corpus
Les constructions dites « maisons » sont celles qui ne possèdent aucune dépendance agricole. Il peut donc s´agir du logement soit d´un artisan, soit d´un ouvrier agricole, soit d´un ménager. Elles possèdent parfois sous le même toit une pièce destinée à l´abri d´une vache ou d´un cheval.
Les mutations foncières et la diminution des emplois agricoles ont pu entraîner la destruction des annexes ; il ne reste alors bien souvent que le logis. Il est difficile dans ce cas de différencier l´ancienne habitation d´une ferme d´une maison.
2) Eléments de datation
Les maisons étudiées sont datables du 18e siècle au début du 20e siècle. Il est pourtant relativement aléatoire de dater les constructions en torchis car elles ne disposent d´aucun élément de datation signifiant. En outre, les techniques de construction et assemblage ont peu évolué au fil des siècles et le remploi des matériaux est très fréquent : les bois, même datés, ne permettent donc pas de dater la construction. Seule une analyse dendrochronologique permettrait de le faire précisément.
La dimension et les proportions des pièces pourraient permettre de proposer une fourchette de dates. Dans les habitations modernisées, la suppression des cloisons a modifié les dimensions et les proportions des pièces qui n´apportent plus d´information sur la datation.
Enfin, la façade ou parfois même l´ensemble des murs ont été soit reconstruits entièrement (en brique généralement) soit recouverts d´un enduit au ciment. Dans ce cas, les proportions des pièces et leur distribution n´a pas évolué.
Pour les autres matériaux, la datation est plus aisée. Lorsque la maison est en brique, les fers d´ancrage ou la clé d´arc portent parfois la date de construction. La couleur et la taille des briques fournissent également des éléments de datation.
Les ardoises et les tuiles présentent parfois une date gravée (Noyelles, 3 ruelle Ladera) ou sont disposées sous forme de chronogrammes.
3) Typologie
a) Matériaux, plan et élévation
Nous rencontrons le type de la longère en torchis et pans de bois aussi bien au sud qu´au nord de la baie de Somme. En effet, que ce soit dans le Marquenterre ou dans le Vimeu, les habitants ont utilisé les matériaux locaux : paille, argile et sable pour le torchis, bois pour la structure, chaume pour la couverture, créant un module de base (bâtiment bas et long afin de réduire la prise aux vents). La seule spécificité provient de matériaux rencontrés à des endroits précis du territoire (tels que le galet, utilisé non loin des zones d´extraction : le Crotoy, Saint-Quentin-en-Tourmont, Hurt).
Peu à peu, la brique remplaça les matériaux non pérennes sur l´ensemble du terrain étudié (tout en conservant les dimensions et distribution des pièces), créant encore une fois, une certaine homogénéisation de la construction.
La maison, généralement sans mitoyenneté, peut être située soit à l´aplomb de la rue soit en retrait, parallèlement ou perpendiculairement à celle-ci. Elle mesure en général 15 à 20 mètres de long sur 5 à 6 de large hors murs, dimensions déterminées par la longueur des poutres.
Les constructions de l´arrière-pays maritime ne possèdent pas de réelles fondations : une simple rigole dans laquelle on vient tasser un agrégat de pierres dures tient lieu de substructions (galets, silex ou briques concassées, scellés par un mortier de chaux ou de ciment). La sablière basse (généralement assemblée à mi-bois ou à trait de Jupiter) repose parfois directement sur cette protection (Hamel) ou sur un solin, composé de silex ou de briques liés au mortier de chaux (Romaine). A l´origine peu élevé (30 cm), il devint plus haut (60-80 cm) avec le développement de la brique.
Dénuées de fondations, les maisons se caractérisent donc par un fort taux d´humidité, à tel point que le solin, recouvert de goudron à l´extérieur, l´est parfois également à l´intérieur de la maison.
b) La couverture
Le toit, à longs pans, est généralement incliné à 40° ou 45° (selon le choix du matériau de couverture), pour limiter la stagnation de la pluie. Afin d´éloigner les eaux de pluie des murs et de ralentir leur débit, la base de la pente du toit possède un coyau. Le faîte est surmonté d´une rangée de briques (appelée cornière), complétée aux deux extrémités d´une pyramide de briques qui avait pour utilité de fixer les tuiles.
Le pan postérieur est souvent plus long, constituant ainsi un espace de rangement pour le bois.
Le toit possède parfois une croupe ou demi-croupe, à l´une ou aux deux extrémités, afin de casser la course du vent, formant également auvent sur le pignon afin d´abriter l´escalier d´accès au grenier (Noyelles). Ce dernier est également accessible par une trappe pratiquée dans le plafond de la salle (Saint-Quentin) ou par une lucarne à fenêtre pendante.
Le plancher des combles est composé de lattes de bois couvert de torchis, parfois complété de briques plates en terre cuite.
c) Les ouvertures
Afin de conserver la chaleur et en raison de l´ancien impôt sur la surface intérieure éclairée, les maisons de l´arrière-pays maritime ne possédaient que peu de fenêtres (parfois aucune pour certaines pièces) : la maison était donc peu lumineuse.
L´espacement irrégulier des baies est contrainte par la structure en pans de bois (une baie s´installe entre deux potelets). Les pignons sont, eux, systématiquement aveugles.
Le développement de la fenêtre (à simple ou à double battant) coïncide avec la vulgarisation des produits verriers et les progrès de la technique artisanale de la menuiserie (Fréal). Quelques exemples de fenêtre à simple battant (dite châssis) sont encore perceptibles (Tilloy, 5 place du 8 Mai).
Les baies sont fixées sur un châssis (qui reste apparent). Le bas du châssis est doublé : à l´extérieur, il est pourvu d´une moulure appelé jet d´eau et d´une tablette à l´intérieur (Romaine).
Les fenêtres sont divisées dans leur hauteur par des petits bois formant quatre, six (Tilloy) ou huit carreaux (Estréboeuf). Les ferrures ont également fait l´objet d´une décoration intéressante, le plus souvent dite « à profil de moustache ou de vipère » (Estréboeuf). Les systèmes de fermeture se composaient, à l´origine, d´une simple baguette tournant sur un axe fixe, se bloquant dans une pièce fichée au dormant de la fenêtre (Tilloy). Peu à peu, la poignée avec crémone fit son apparition. La menuiserie est souvent en chêne.
Lorsque la construction est en brique, les ouvertures sont pourvues d'un linteau clavé à arc segmentaire.
La dénaturation des constructions passe le plus souvent par l´élargissement des baies.
Egalement de petites dimensions, la porte d´entrée, souvent pourvue d´une imposte vitrée (composée de un, deux ou trois carreaux de verre), est parfois à deux vantaux horizontaux (appelée porte à viquet) et munie d´un système de loquet (horizontal ou vertical) en fer (Port-le-Grand) dit pannelle (ouverture avec une poignée de fer manoeuvrant un loquet intérieur) ou d´une serrure. Le seuil est parfois barré par la continuité de la sole (Estréboeuf, 381 rue de Pendé).
La forme des contrevents évolue avec le temps. A l´origine, ils sont le plus souvent composés de trois planches verticales (cf 160 route de Gamaches à Estréboeuf), assemblées par trois demi-rondins de bois horizontaux sur la partie intérieure du volet, muni d´un tourniquet en bois (Romaine). Les tourniquets en fer sont de modénature relativement sommaire (Pendé, 64 rue du Petit-Pendé).
d) La distribution intérieure
Le plan et la distribution des pièces sont souvent identiques : disposées en enfilade, sans couloir, les pièces s´ouvrent sur la salle commune. Un passage, longeant la cheminée picarde, permet de passer de la salle commune (pièce d´été car protégée de la chaleur) à la salle d´apparat (sa présence dépend du statut du propriétaire), également appelée « belle maison » (Hamel) : cette dernière tient lieu de pièce de réception, de chambre principale ou de pièce d´hiver. Chaque salle possède une porte sur cour.
La salle commune (dite aussi « maison ») occupe le coeur de l´habitation, dans l´axe de l´entrée. Elle est percée d´une seconde porte donnant sur le jardin, ainsi que d´une fenêtre sur chaque mur gouttereau. Les repas quotidiens y sont préparés (présence de la pierre à évier et du foyer) et pris. A l´origine, on y dormait également.
Les pièces bénéficient d´une hauteur sans plafond de
deux mètres à 2.5 mètres. Les dimensions moyennes des pièces sont 2m à 2.2m sur 3m pour la chambre et de 3 à 3.5 m sur 4 m pour la salle. Le plafond est bas pour une meilleure conservation de la chaleur. En outre, la technique du torchis et pans de bois ne permet pas un développement en hauteur.
Les cloisons intérieures font, comme la maçonnerie, appel au torchis et pans de bois et étaient enduites à la chaux.
Aux deux extrémités de la maison, de part et d´autre des salles, sont disposées les chambres (appelées cabinet ou cambinet en Picard), deux dans la largeur de la partie habitable. Contre la chambre du maître, sont jouxtées l´écurie ou l´étable ; une petite ouverture (judas ou porte, plus rare) permettait de veiller au poulinage (cet emplacement est conservé même au 20e siècle pour les reconstructions en brique).
L´escalier intérieur est relativement rare. Dans le Vimeu, il est placé entre la chambre et l´écurie (Tilloy, Pendé), visible par une porte en façade sur cour.
e) La cheminée
La cheminée occupe une place essentielle au coeur de l´habitation. Cette importance se traduit en premier lieu par ses dimensions : en effet, sa largeur occupe les trois quarts de la maison. Orientée au vent dominant, souvent placées entre les deux salles, elle n´est jamais adossée aux murs gouttereaux ni située contre un pignon afin d´éviter tout incendie (cette disposition est possible pour les maisons en brique).
Sa largeur permettait aux occupants de s´installer dans les coins (Fig. 2).
Une cheminée prussienne complète parfois le système d´évacuation de la fumée : il s´agit d´une caisse en fer pour une meilleure régulation du tirage. Ce modèle se rencontre largement sur tout le territoire de Ponthoile et Favières, et semble avoir été introduit par les Prussiens lors de la guerre de 1870.
Le foyer, directement posé au sol (aujourd´hui le plus souvent rehaussé), est couvert de brique ou de carreaux de terre cuite. Les jambages allient galet, brique et parfois pierre de taille. Dans les maisons plus modestes, ils se composent d´une maçonnerie de brique cuite pour les ailes et de briques d´argile crue pour le conduit (par simple raison d´économie). Travaillé (cf Tilloy, 5 place du 8 Mai), le linteau en bois est parfois accompagné d´une petite balustrade ajourée. Les carreaux bleus qui recouvraient à l´origine l´âtre sont dits de Vron (manufacture de faïencerie jusqu´au 19e siècle).
La souche, maçonnée à partir du plancher du comble, n´occupe jamais le faîtage du toit (il est légèrement décalé pour laisser ce dernier d´un seul tenant). Le couronnement est composé de quelques briques se chevauchant.
Peu à peu, le poêle à bois, à charbon ou de type flamand a remplacé le système de la cheminée picarde dont le foyer, trop large, n´était pas réellement fonctionnel.
Le foyer est parfois percé de niches permettant la conservation de denrées craignant l´humidité telles que le sel, le tabac ou les livres (Morlay, Port-le-Grand). Un placard, placé au sommet du four à pain, intégré au foyer, servait au stockage des confitures (Salenelle, Tilloy) ainsi qu´à la surveillance de la voûte : tous les ans, un habitant passait dans chaque maison afin de s´assurer du bon état du four, cause de nombreux incendies. Ces deux placards étaient parfois distincts (Favières, chantier 1425). Il existait une niche ou trappe au-dessus du foyer de la cheminée pour fumer le saucisson.
f) Le sol
Le sol, à l´origine en terre battue, composé d´un mélange de terre noire, de chindron ou cendron (déchets de four à chaux), dur et lisse, est peu à peu recouvert de tomettes ou de briques posées sur champ, remplacées dans les années 1970 par le carreau de céramique. Les chambres étaient parfois parquetées en sapin (Tilloy, 5 place du 8 Mai).
g) Four à pain
Sur le terrain étudié, la pièce est appelée fournil. Il semble que, dans le Marquenterre, il était de coutume d´isoler le four à pain (enquête de Bertier, chantier 1425). Il s´agissait d´une extension à l´arrière de la maison. Lorsque le fournil n´avait plus d´utilité, la fermière se servait de cette pièce pour toutes les opérations qu´elle n´osait plus faire dans sa cuisine, peu à peu embellie.
Le four à pain est le plus souvent intégré au sein même de l´habitation. La saillie qu´il observe sur le mur gouttereau (antérieur ou postérieur, selon son orientation) ou à l´angle d´un mur gouttereau et d´un mur pignon (Routhiauville, 1 impasse de la Baie) est protégée par un appentis (à l´origine en chaume).
Son aspect extérieur peut prendre plusieurs formes : il est soit entouré d´un mur protecteur à trois pans (Pendé), soit il garde une forme arrondie en cul de four (Salenelle, ferme isolée sur la route de Saint-Blimont). Sa base reçoit les matériaux identiques au solin de la maison : blocage de silex ou de cailloux non gélifs (grés ou granite) assemblés au mortier de chaux. Sur cette sole se déploie la voûte assez basse de façon à éviter les pertes de chaleur. Cette dernière, composée de briquettes, est couverte d´une couche de torchis (afin d´empêcher la propagation du feu lors d´un incendie et de garder la chaleur) et d´une seconde de tuiles plates jointoyées au mortier. Le sol du four est légèrement pentu pour évacuer les braises plus facilement. L´entablement de la cheminée était parfois posé de biais, permettant d´atteindre le fond du four à pain avec un fourgon, longue tige en fer afin de récupérer les cendres.
Parfois, sous le four à pain, dans la saillie située à l´extérieur de la maison, une petite cavité sous le niveau du sol sert de cave pour la conservation des denrées telles que le lait ou les viandes (Tilloy).
Sous le four à pain, à l´intérieur de la maison, au pied du foyer, se situe une petite cavité appelée localement « ch´caforneau » (ou encore caferniot, cafournou), permettant le stockage des pommes de terres et des cendres pour la lessive.
A l´origine, le pain était fait tous les samedis. Les fours à pain ont le plus souvent été démontés, devenus inutiles.
h) Conservation des denrées alimentaires
Très rarement, une pièce, dite cellier, était affectée à la conservation des aliments. Le plus souvent, le plat-cul, cave semi-enterrée placée dans le logis ou les bâtiments annexes (Estréboeuf, Wathiéhurt) joue ce rôle. Des étagères sont également fixées sur les poutres maîtresses des deux salles (Pendé). Des crochets, fichés au plafond de la cuisine, permettent de suspendre les jambons et autres charcuteries (Tilloy).
i) Eléments de décoration
Comme décor extérieur, le torchis ne permet guère l´arrondi de la corniche permettant également d´éviter les infiltrations d'eau de pluie par la sablière haute (160 route de Gamaches à Estréboeuf (puisque le pan de bois est non apparent). Cette option s´applique aux deux murs gouttereaux (Tilloy, 2 Grande Rue).
Lorsque la maison est en brique, le décor se concentre le plus souvent à la corniche sous la forme d´une frise de briques disposées en épi, en T ou en croix.
4) Quelques variantes de la typologie
a) Maisons liées au développement industriel
Le type de maison décrit ci-dessus est le type originel de l´habitation de l´arrière-pays maritime. Mais la région a également donné naissance à un habitat industriel, qui s´est développé aux abords des sites de transport essentiellement, comme à Salenelle (non loin de la gare de Lanchères) ou des usines de traitement de la betterave (sucrerie, râperie). Il s´agit généralement de petites constructions en brique de trois travées de long, édifiées au début du 20e siècle.
b) Maisons de type urbain
Certaines habitations rappellent les maisons urbaines par la présence d´un étage, d´un décor, par l´utilisation de la brique ou de la pierre de taille en gros-oeuvre ou par le plan et les proportions qu´elles adoptent, tous ces éléments traduisant, pour le propriétaire, une volonté de démarcation sociale. L´emplacement au sein de la parcelle est également un facteur de distinction : ce type de construction se situe généralement au coeur d´une vaste étendue (Villa les Fougères à Noyelles), systématiquement en retrait de la voie de circulation.
On les retrouve le plus souvent dans les villages qui ont connu un développement relativement important dès la fin du 19e siècle : Ponthoile (24 rue de Nouvion, Impasse de l´Eglise), Boismont (35 rue Louis de Rainvilliers). Les chambres sont à l´étage. Le comble est bien souvent aménagé.
Les éléments de décor sont présents au pourtour des ouvertures (jeu de couleur des matériaux), sous les fenêtres (carreaux de céramiques, Pendé, 16 rue du 11 Novembre), à la corniche.
c) Maisons d´artisan
Le forgeron, le maréchal-ferrant, le bourrelier, le tonnelier, le tisserand étaient largement représentés dans les villages jusqu´au début du 20e siècle. Leur demeure se différencie guère de celle des ménagers : un atelier remplaçait le cellier de la maison du journalier. En revanche, la maison du commerçant est facilement repérable par son ouverture boutiquière (indiquée par une large baie en façade, aujourd´hui disparue, seules les cartes postales donnant des exemples de cette organisation).
Malgré la présence importante de la culture du lin dans l´arrière-pays maritime, nous ignorons si cette plante fut travaillée à domicile. En effet, elle nécessite certaines conditions hygrométriques (afin d´éviter la cassure du fil) donc certains aménagements architecturaux (l´écoucherie). Or, aucun atelier n´a été retrouvé (peut-être à Boismont, 11 rue Huré). D´après une habitante, il semble qu´il y ait eu de petits ateliers (dit cassis) annexés aux habitations, mais pas de pièce spécifique. Si le lin était en effet travaillé à domicile, il l´était probablement dans la salle commune.
C´est avec la prolétarisation de la main d´œuvre que l´activité de tissage à domicile disparut à la fin du 19e siècle (les artisans devenus paysans ne vivaient alors uniquement des produits de leur exploitation). Cette disparition, déjà ancienne, ne permet plus d´observer d´éléments artisanaux dans les habitations.
D´après Calame (« Architecture rurale française »), les ateliers de serruriers étaient à l´origine destinés au textile. Ils ont ensuite été convertis au cours des 17e et 18e siècles en atelier de serrurier (Pendé, 3 rue du Petit-Pendé et 14 rue de la Mare). L´atelier est reconnaissable par la forme de la baie qui l´éclaire : cette fenêtre sur la rue est plus large que haute et est divisée en petits carreaux. Plus tard, l´atelier devint un bâtiment indépendant. Il s´agit de petits édifices isolés en torchis et pans de bois, soit à l´aplomb de la rue (Pendé, 6 et 3 rue du Petit-Pendé) ou en retrait (Pendé, 14 rue de la Mare).
13 sont encore en place sur le territoire étudié. Quand il ne s´agit pas d´atelier de serrurier, il est difficile de déterminer leur fonction exacte puisqu´ils ne possèdent pas d´architecture spécifique.
5) Evolution du bâti
La distribution des pièces et leurs dimensions n´avaient pas évolué depuis le début du 18e siècle. D´après Jan-Yves Chauvet, « la maison primitive du 17e siècle évolue vers une différenciation de l´espace habitable/espace de travail puis, à l´intérieur même de l´espace domestique ». Au début du 20e siècle, la situation démographique généreuse et les conditions économiques favorables engendrèrent la construction de nombreuses maisons et la restauration des anciennes. L´entretien du torchis devenait une tâche trop contraignante comparée à la facilité d´utilisation qu´offrait la brique.
Peu à peu, les espaces trop petits, les grandes cheminées trop encombrantes, les plafonds trop bas, les fenêtres trop étroites constituaient autant d´inconvénients de la maison picarde qui ne résistèrent pas aux besoins de confort, motif de désertion des campagnes.
Il était devenu nécessaire d´améliorer l´habitat rural afin d´attirer la main d´œuvre. Le gouvernement prit donc un certain nombre de dispositions. Plusieurs lois imposaient l´amélioration et la restauration des habitations (celle du 21 novembre 1940, celle du 17 avril 1941, celle du 15 mai 1941). Cette démarche avait pour but de rendre les logements salubres et conformes aux divers règlements d´hygiène publique (31 juillet 1929 et 24 avril 1937). Le remplacement du chaume par la tuile en est un exemple.
Cette notion de confort se traduisit par l´ajout d´extensions, la modification totale de la disposition intérieure, l´emploi de matériaux modernes (parpaing, ciment), l´agrandissement et la multiplication des ouvertures, contribuant ainsi à la dénaturation rapide de l´habitat.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.