Au sud de la baie de Somme, Sallenelle, situé au pied de la falaise morte, est placé sur un banc de galets recouvert d´une couche végétale. En effet, l´ancienne ligne de rivage a joué un rôle structurant dans l´édification des zones urbaines : routes et villages se sont groupés au pied du plateau en limite de la zone humide et des bas-champs, le long de la falaise morte : à partir d´Onival, sur la route départementale 940, se succèdent Hautebut, Brutelles, Lanchères, Herlicourt et Salenelle.
Le hameau, prolongeant Lanchères, tire son nom des salines qui l'entouraient jusqu'au 14e siècle (nelles salées), avant l´endiguement qui permit de rendre les terres cultivables.
L´occupation du territoire est ancienne puisque des fouilles ont déterminé la présence de sites gallo-romains et de sépultures creusées dans le banc de galets.
La seigneurie était de l'élection d'Amiens et relevait de la châtellenie de Saint-Valery. Les coutumes locales furent rédigées en 1507. D´après le recensement de la population, en 1851, Sallenelle disposait de 106 maisons pour 475 habitants. En 1872, la population avait déjà baissé et quinze maisons avaient été détruites (données contradictoires entre le cadastre de 1832 et celui de 1882). En 1881, la population était de 371 âmes (100 habitants en moins que trente ans auparavant). En 1906, le nombre d´habitants avait encore diminué pour passer à 332. En 1911, ils atteignirent 372 pour stagner jusqu´en 1932.
La conquête agricole des bas-champs s´effectua très tardivement, pour l´essentiel dans le courant du 19e siècle, à mesure de l´amélioration du drainage de la terre, épanchement de la nappe de craie vers la mer.
Au début du 19e siècle (cadastre napoléonien), les fermes étaient distribuées de part et d´autre de la Route Départementale, généralement isolées les unes des autres. Le réseau de chemins dessinait des lotissements accolés. En 1832, les logis étaient indifféremment parallèles ou perpendiculaires à la rue. Le parcellaire ancien était droit, linéaire et relativement large (suffisamment pour ne pas parler de « laniéré »). L'ouest de Salenelle était occupé par des marais, peu à peu transformés en terrains constructibles (assèchement des terres) et investis par les ouvriers de la sucrerie de Lanchères dès la fin du 19e siècle (données contradictoires avec le recensement qui indique que le nombre d´habitants avait diminué).
Deux moulins à vent sont indiqués sur le cadastre napoléonien : le premier sur la route de Salenelle à Lanchère et le second, sur le chemin de Salenelle à Tilloy (entre le marais et le chemin d´Eu). Leur présence n´est pas vérifiable sur le terrain puisqu´aucune substruction n'a été retrouvée. Une croix de chemin était apposée à l'angle des actuels rue du Général de Gaulle et du Chemin de Liermande.
D´après l´état de section de la fin du 19e siècle, un grand nombre de propriétaires abbevillois et valériens possédaient des terres sur le hameau. Le document indique que Salenelle rassemblait quelques fileuses. Le nom de la rue des Verrotiers prouve la présence de ce corps de métier (femme ramassant les vers de mer pour la pêche), en raison de la proximité de la mer encore au début du 20e siècle.
Pendant l'entre-deux-guerres, Salenelle rassemblait 110 cultivateurs, propriétaires de 10 à 30 hectares de terre ; mais la plupart travaillaient à la râperie de Lanchères (fermeture en 1965). Aujourd´hui, le hameau ne possède qu'une seule exploitation agricole.
D´après Gaudefroy, les salines étaient établies sur des bas fonds aux environs des vases et des embouchures de rivières. Le sel était expédié par bateau ou par voie de terre. La chambre du grenier à sel pour le Vimeu et Saint-Valery était établie au 15e siècle à Salenelle. La présence de digues dans les terrains voisins semble indiquer que l´on y extrayait le sel. Les salines furent supprimées au cours du 14e siècle, époque à laquelle la gabelle fut introduite en France. Le grenier à sel de Salenelle fut alors supprimé et réuni à celui de Saint-Valery.
Chercheur de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, région Hauts-de-France.