"Nous touchons au monument de M. LAPOSTOLLE, qu'on peut appeler le chef d’œuvre de MM. Duthoit, pour l'exécution duquel ils ont déployé tout leur savoir et ouvert tous les trésors de leur génie. Il ne s'agit point ici de ces ornements et symboles vulgaires, qu'on rencontre sur la plupart des monuments, un peu mieux, un peu plus médiocrement exécutés ; il s'agit de toute une composition, d'une perspective du plus bel effet, et d'une composition qui vienne rappeler, au plus ignorant des connaissances scientifiques de l'homme en l'honneur duquel a été érigé ce monument, qu'elles ont été ses études principales et ses expériences pendant sa longue carrière. On ne pouvait être plus heureusement inspiré, en reproduisant, dans un bas-relief, un de ces évènements dont les effets désastreux ont été l'objet de toute la sollicitude de M. Lapostolle, afin de les combattre. Ce bas-relief représente un paysage, sur le premier plan duquel on remarque un champ de blé battu par l'orage. Des paragrêles sont plantés de distance en distance pour en combattre les effets ; quelques personnages, placés près d'un arbre, paraissent se courber sous les coups de l'ouragan qu'on voit, par un effet de perspective, s'éloigner comme cédant à l'influence des paragrêles et parafoudres.
Cette composition, nous le répétons est poétique, savante, et digne d'artistes de premier ordre.
Le monument n'est pas moins remarquable. Il se compose d'un mausolée supporté par un socle. Il est divisé en deux parties ; sur la première, est sculpté le bas-relief dont nous venons de parler, de chaque côté duquel on remarque un génie : celui de droite, tient en mains les attributs de la chimie ; celui de gauche, les attributs de l'électricité et un paragrêle dont M. Lapostolle fut l'inventeur. La seconde partie, d'une proportion inférieure à la première, offre, sur la face principale et à l'élévation supérieure, un médaillon dans lequel est incrusté le portrait en marbre blanc de M. Lapostolle. Deux flambeaux renversés, auxquels est suspendue une guirlande de cyprès entrelacée de rubans, sont sculptés, l'un de chaque côté. Le chapiteau est formé, sur les quatre faces, de deux consoles en volutes et ornées. Sur le socle de cette seconde partie est gravé en creux le nom de M. Lapostolle, et au-dessous du bas-relief, on a gravé, également en creux, les mots "paragrêle et parafoudre".
Sur le devant du monument, sont placées horizontalement trois pierres portant les inscriptions de la sœur et de l'épouse de M. Lapostolle, ainsi que la sienne ; elles sont ainsi conçues :
"Ici repose / Marie-Ursule-Josephe-Nathalie / LAPOSTOLLE / décédée le 21 mai 1829 / âgée de 84 ans."
La deuxième : "Ici repose / Marie-Jeanne VALOT / décédée le 28 janvier 1824 / à l'âge de 73 ans / épouse de M. Léonce LAPOSTOLLE."
Enfin, la troisième : "Ici repose / Alexandre-Ferdinand-Léonce / LAPOSTOLLE / officier de l'Université, professeur de physique / et de chimie à l'école de médecine d'Amiens / membre de l'académie et de la société médicale d'Amiens / président du conseil de salubrité de la même ville / membre du jury médical du département de la Somme / associé correspondant de la société de médecine / de Paris, et de plusieurs autres sociétés savantes / ancien conseiller municipal et administrateur / des hospices civils / décédé le 9 décembre 1831 / âgé de 82 ans."
[...] La sépulture de M. Lapostolle est fermée par une grille en fer sur le devant, et de chaque côté par un parapet de pierre."
Stéphane C[omte], 1847, pp. 216-225.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.