La construction de la gendarmerie de Sains-en-Amiénois, qui deviendra l'emblématique villa La Roseraie, s'inscrit dans un vaste projet d'investissement mené par Bénoni Vagniez-Fiquet (1800-1873), négociant établi à Amiens vers 1827.
Vers 1857, il rachète des terres et bois de Racineuse au comte de Villefranche. Comme l'indique la notice qui lui est consacrée lors du concours régional d'Amiens de 1867 où il obtient une médaille d'or pour le défrichement de ces terrains boisés (annexe), il fait également l'acquisition des terres au Bois de Sains (en partie sur Boves) où il fait aménager des chemins et construire une maison (1858) et un four à chaux (1861, démoli en 1887), puis une seconde maison plus vaste (1867, agrandie en 1872). Vers 1880, le vaste domaine est complété par l'acquisition des terres du Bon Air par ses héritiers.
En 1867, Bénoni Vagniez-Fiquet fait construire, à la sortie du village de Sains-en-Amiénois, une gendarmerie qui sera louée à l'État jusqu'en 1887.
Au décès de Bénoni Vagniez-Fiquet, la propriété passe à ses deux fils, Alphonse Vagniez et Bénoni Clovis Vagniez-Renon, qui sont alors ses seuls héritiers, puis à la fille aînée de Bénoni Vagniez-Renon : Jeanne Marie Vagniez (1869-1927).
C'est Jeanne Marie Vagniez, toujours domiciliée dans l'hôtel amiénois de la rue Lemerchier, qui entreprend les travaux d'aménagement de l'ancienne gendarmerie en maison de campagne, peu après 1900. Elle fait modifier les deux pavillons sur la rue. Celui du nord, qui ouvrait sur la route, est fermé ; celui du sud est surélevé et transformé en tour belvédère. Elle fait également construire une véranda, accolée au pignon sud de la demeure, qui ouvre sur le parc qu'elle fait aménager au sud. Un réservoir et une pompe sont installés pour permettre l'aménagement du bassin et de la fausse rivière. Les dépendances de l'ancienne gendarmerie sont également redécorées (lambrequins et toiture débordante).
En 1907, elle fait encore construire la maison, au nord, qui abrite des employés de son frère Édouard Vagniez, héritier de la ferme du Bois de Sains, qui entretenaient très certainement le parc.
A son décès, en 1927, André et Marie-Louise Bouctot-Vagniez héritent de la propriété dans laquelle ils font réaliser quelques travaux de décoration, sous la direction de l'architecte Pierre Herdebaut. Un chenil est ainsi aménagé au rez-de-chaussée.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.