Documents figurés :
Un plan de 1846, conservé aux archives départementales (série O), fait apparaître les sections destinées aux différents types de concessions (doc. 1). Les concessions à perpétuité (couleur verte) occupent la partie la plus ancienne du cimetière où les monuments sont les plus nombreux, au nord se situent les concessions trentenaires (couleur bleue), puis les concessions de quinze ans (couleur grise), enfin à l'ouest, les concessions sans rétribution (couleur blanche).
Un plan de 1887 (doc. 2) montre les premiers agrandissements au sud, puis à l'ouest.
Sources :
Parmi les sources conservées à la bibliothèque municipale d'Amiens (série M), un long rapport, rédigé en 1849 par un habitant du faubourg Saint-Pierre, présente une version de l'histoire du cimetière de Rivery. En 1818, le préfet autorise la création du cimetière à Rivery pour la paroisse Saint-Pierre. La commune, ne disposant pas des ressources nécessaires, passe un accord avec la fabrique de Saint-Pierre qui se charge des frais d'établissement et d'entretien en échange de la perception des droits sur les inhumations à perpétuité, les habitants de Rivery étant exemptés de cette taxe. En 1835, le cimetière est devenu trop petit et le père Dauthuille, curé de Saint-Pierre, achète en son nom un terrain contigu ; les deux cimetières sont réunis par une même clôture (haie), aux frais de la fabrique qui rembourse l'achat du terrain au père Dauthuille, toujours en possession de l'acte de propriété. En 1846, quelques familles du faubourg Saint-Pierre y ont acquis des concessions à perpétuité. La commune de Rivery veut alors récupérer la totalité du cimetière. Un arrêté municipal du nouveau maire, approuvé par le préfet l'année suivante, impose alors des tarifs exorbitants aux habitants du faubourg Saint-Pierre. Le maire veut également supprimer les distinctions des zones de sépultures pour les autres cultes et les enfants non baptisés, car "tout le cimetière appartient à tous les citoyens". La situation étant devenue très conflictuelle, les deux communautés tentent de parvenir à un accord mais, en 1849, les difficultés viennent du père Dauthuille, toujours légalement propriétaire du terrain ; "des haines maintenant séculaires existent ; des familles (car tout Rivery est parent ou allié avec le faubourg) des familles sont désunies ; des projets de vengeance sont hautement avoués".
La dernière lettre adressée au maire d'Amiens l'année suivante pour demander à nouveau la création d'un cimetière pour le faubourg Saint-Pierre s'achève par ces mots : "Rivery renferme 128 habitants ; faut-il qu'une si petite commune nous tourmente tant, et jusqu'à quand".
Les sources conservées aux archives départementales (série O) donnent une version des faits légèrement différente. La création du cimetière de la paroisse Saint-Pierre d'Amiens, sur un terrain de 60 m de long sur 12 m de large, "qui a déjà servi de sépulture aux habitants de la commune de Rivery au commencement de la Révolution", a lieu en 1818. Délimité par un fossé et clos d'une haie aménagés aux frais du curé de Saint-Pierre, il se substitue au cimetière du faubourg Saint-Pierre, supprimé. En 1832, M. Decroix obtient la cession d'un terrain en viager pour élever un monument, tel une "petite chapelle", à l'emplacement de la tombe de sa fille.
En 1835, le curé de Saint-Pierre fait l'acquisition d'un terrain mitoyen, qu'il réserve aux habitants d'Amiens.
En 1846, le cimetière est divisé en sections destinées aux différents types de concessions (doc. 1). La commune décide la "plantation d'ornement qui puisse être agréable aux familles".
Un rapport de 1849 dénonce les conditions d'inhumation et préconise son interdiction. Un exposé rédigé la même année donne un historique plus précis des conditions de la création du cimetière. Aucun contrat validé ne légalise l'accord passé entre la fabrique de la paroisse de Saint-Pierre et la commune de Rivery, en 1818. La fabrique a financé les plantations et l'érection du calvaire. Les terrains acquis en 1835 par le père Dauthuille ont également été cédés à la fabrique de Saint-Pierre sans contrat. L'appropriation de la totalité du cimetière par la commune de Rivery est cependant approuvée par arrêté préfectoral, en 1847. En 1851, la commune demande l'expropriation de la partie du cimetière appartenant au chanoine Dauthuille (ancien curé de Saint-Pierre), qui refuse de céder le terrain à la commune.
Le descriptif de travaux effectués en 1851 indique la présence de tilleuls autour du calvaire. Les tarifs des concessions sont modifiés en 1852.
Le cimetière fait l'objet de plusieurs agrandissements au sud, en 1853, puis à l'ouest, en 1887 (doc. 2), en 1924, enfin en 1959. Un dépositoire est construit en 1931, sur les plans de l'architecte J. Blanoy.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.