Le cadastre napoléonien levé vers 1809 (doc. 1) figure un important domaine aménagé de nombreuses avenues formant perspectives et espaces de promenade, en particulier la grande avenue à hémicycle donnant accès à la demeure. Le château comprend alors un corps de logis de plan allongé avec un parterre au nord et une cour d'honneur au sud, fermée à l'ouest par des communs. L'accès principal à la cour d'honneur dont le mur de clôture est en hémicycle se situe au sud, dans l'axe du corps de logis ; l'accès secondaire se situe au nord-ouest de la cour depuis le chemin de desserte de la ferme. Un petit bâtiment de plan massé est visible dans l'angle sud-est de la cour d'honneur, appuyé au mur de clôture. Immédiatement au nord-ouest du logis apparaît un deuxième petit bâtiment de plan allongé à chevet polygonal. La ferme du château, au nord-ouest, comprend un corps de logis de plan allongé, au sud de la cour, et des dépendances agricoles disposées en U irrégulier, au nord.
La Notice géographique et historique rédigée en 1899 par l´instituteur G. Lefebvre indique que le hameau de Tronville, qui comptait 103 habitants en 1416, ne compte plus que 23 habitants à cette date.
Selon le Dictionnaire historique et archéologique de Picardie (1919), le hameau de Tronville, cité en 1105, dépend de la paroisse de Blangy. La maladrerie de Tronville est rattachée à l'hôtel-Dieu d'Amiens, en 1695 et 1697. Le hameau est desservi par une chapelle dédiée à saint Honoré, fondée à la fin du 17e siècle, qui appartient au château de Tronville, construit en 1677, dont Louis Duthoit donne une représentation. La seigneurie dépend de la châtellenie de Boves et de l'abbaye de Corbie.
Selon Maurice Crampon (1980), les seigneurs de Tronville sont attestés au 13e siècle. Le château est construit en 1677 pour Jacques Becel, écuyer et commissaire aux armées, qui fait l´acquisition du domaine trois ans plus tôt. A la fin du 18e siècle, il appartient aux Langlois de Septenville, dont le monogramme LS orne la grille d´entrée ; côté parc le bel escalier est muni d´une rampe aux armes des Septenville. L'étage de la construction en briques et pierre est ajouté au début du 19e siècle. La chapelle funéraire Saint-Honoré est construite en 1678 dans la cour d´honneur. Pigeonnier. Une information orale indique que l'étage de comble du corps de logis est reconstruit vers 1868.
Ph. Seydoux (2003) indique que la seigneurie de Tronville est vendue par Guillaume de Glisy à Jean Le Normont (ou Le Normant) en 1416. Jacques Bécel en fait l´acquisition en 1674 et fait bâtir un château sans doute achevé en 1677, date de la bénédiction de la chapelle Saint-Honoré. En 1743, il est acquis par un négociant amiénois François Alexandre Gorin et devient la propriété de Louis Léon Langlois de Septenville, qui épouse dans la chapelle du château, Alexandrine Gorin de Tronville, en 1783. Contemporain des châteaux de Saulchoix, de Pissy et de Dury, il consiste en un corps de logis de plan allongé à étage carré et étage de comble et présente des façades à 7 travées. Le comble d´origine a été remplacé au 19e siècle par un toit à pans brisés, doté d´une lucarne fronton.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.