L´étude du territoire de la commune de Blangy-Tronville a été effectué de 2003 à 2006. Le dépouillement de quelques ouvrages et de sources conservées aux archives départementales et l'analyse de plans anciens ont permis de dresser un historique et de mettre en évidence un certain nombre de facteurs importants dans son évolution et de celle des entités agglomérées qu'elle contient.
DESCRIPTION
La commune de Blangy-Tronville (canton de Boves), située à l'est d'Amiens, compte actuellement 600 habitants. Baignée par la Somme, qui en forme la limite nord, elle s'étend, sur une superficie de 1244 km2, en site de vallée humide et de plateau partiellement boisé (bois de Tronville et de Blangy), culminant à 90 m d'altitude (Bellevue). Située à l'extérieur de la rocade, elle est traversée par la route nationale (N 29) suivant un axe est-ouest qui la relie à Amiens, par l'autoroute A 29 et par la voie ferrée Amiens-Laon, qui présente un tracé plus irrégulier. Elle est desservie par un réseau routier secondaire (D 167) qui la relie à Aubigny, Boves et Gantelles et par des chemins aboutissant aux écarts communaux et aux villages voisins (Glisy et Cachy).
L'habitat est principalement regroupé au nord de la route nationale. Il est concentré dans le village mais il existe quelques pôles isolés proches de la route nationale (Le Petit-Blangy, Le Nouveau-Monde), un écart isolé au sud, à la limite du bois de Blangy, enfin le château de Tronville, à l'ouest de la commune, relié au bois de Tronville par une avenue.
Le village est situé en position marginale, à la limite du premier plateau qui surplombe les marais de la vallée de la Somme, comme le château de Tronville.
HISTORIQUE
La carte de Cassini (1760-1789) figure Blangy et Tronville, implantés au sud de la rivière, à l´écart des voies de grande communication et reliés par une voie plantée. Sur le plateau qui domine le village, au sud, apparaissent un calvaire, un moulin à vent et un cimetière. Une avenue relie le château de Tronville à l´ancienne voie romaine, qui traverse le territoire communal d´est en ouest, et au bois de Tronville qui s´étend au sud sur un second plateau. Un canal aboutissant près du village de Blangy est visible au sud de la Somme.
Le cadastre napoléonien de 1809 et les matrices cadastrales conservées aux archives départementales confirment l´existence d´un habitat essentiellement aggloméré et concentré dans le village, à l´exception du château de Tronville et d´une ferme isolée au Petit-Blangy. Il est également fait mention du cimetière établi au sud du village (section E) et de trois moulins à vent toujours existants en 1881, sur les plateaux au sud du village (A 50 et E 169) et de la commune (C 600).
Le lieu-dit A la Croix (section E), correspond à l´emplacement du calvaire figurant sur la carte de Cassini.
Un lieu-dit la Sablonnière (section D) indique la présence d´un lieu d´extraction, hors du village où se situent une argilière et des carrières.
Le lieu-dit le Pré-à-Huguenots, à l´ouest du château de Tronville, correspond vraisemblablement à un lieu de rassemblement des protestants.
La Cie des Chemins de fer du Nord fait l´acquisition des terrains nécessaires à la construction de la voie ferrée Amiens-Tergnier, en 1868. Elle fait également construire plusieurs maisons, entre 1866 et 1894, et un abri pour les voyageurs. Ces maisons sont regroupées à la jonction de la voie ferrée et des routes existantes : au Champ-des-Fourches (3 en 1873, 4 en 1882), à la Couture, au sud du village, de part et d´autre de la voie ferrée où se situe l´actuel passage à niveau (A 67-68 et E), enfin à Tronville (1894, A 141) à l´est de l´avenue du château. La halte ferroviaire de la Gauguerette est construite vers 1896 (date d'imposition).
Dans le bois de Blangy, qui s´étend sur le second plateau, au sud de la commune, il est fait mention d´une maison et d´une forge (C 242) détruites en 1867. Sur la parcelle C351, qui correspond sans doute à l´actuel écart de Bellevue, plusieurs constructions sont réalisées en 1868, en 1911 (maison de garde forestier), puis en 1923 (construction provisoire), en 1924 (châlet), et en 1926 (maison). Reconstruction après Première Guerre mondiale. Le village est également touché.
Près d´un embarcadère sur le canal de la Somme, au nord du village, la société anonyme des sucreries et raffineries Say fait élever une bascule (1908) et un hangar (1913), qui seront démolis au début des années 1960.
La Notice géographique et historique rédigée en 1899 par l´instituteur G. Lefebvre offre une synthèse de l´état de la commune à cette date.
Le territoire, d´une superficie de 1244 hectares, comprend alors le village (291 habitants) et 2 hameaux : Tronville (23 habitants) et le Petit-Blangy (9 habitants), soit 323 habitants (1896) contre 461 en 1845.
Les 750 hectares en terre de labour (céréales) sont divisés en de nombreuses propriétés. L´extraction de la tourbe des marais communaux occupe 20 ouvriers et quelques ouvriers travaillant dans la bonneterie et la cordonnerie pour les grands magasins d´Amiens.
L´auteur indique que le hameau de Tronville comptait 103 habitants en 1416.
Le canal de la Somme assure le transport des produits agricoles et du bois mais la commune souffre du manque d´industrie.
Selon le Dictionnaire historique et archéologique de Picardie (1919), la commune est formée de Blangy, citée en 1149 et de Tronville, cité en 1105, qui dépend de la paroisse de Blangy. La maladrerie de Tronville est rattachée à l'hôtel-Dieu d'Amiens, en 1695 et 1697. Le hameau est desservi par une chapelle dédiée à saint Honoré, fondée à la fin du 17e siècle qui appartient au château de Tronville. La seigneurie dépend de la châtellenie de Boves et de l'abbaye de Corbie. La paroisse compte 230 habitants en 1698 et 199 en 1724.
Pour Maurice Crampon (1980), la toponymie Blangiacum est attestée en 1200, celle de Tronville en 1105 sous le nom de Trucivilla. De nombreuses découvertes archéologiques attestent de l´occupation du territoire depuis la préhistoire. Les seigneurs de Tronville sont attestés au 13e siècle. Au début du 17e siècle, des protestants se rassemblaient près d´une fontaine, au lieu dit le Pré-à-Huguenots. L´arrêt Blangy-Tronville est créé sur la voie ferrée Amiens-Laon, à la fin du 19e siècle. Des tranchées situées dans le bois de Tronville témoignent des combats de la Première Guerre mondiale.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.