Selon H. Josse (1889), la seigneurie est établie par le chapitre d´Amiens, vers 1130. Elle se composait d´un manoir isolé au centre du village, sur la rive gauche de la Selle, avec parc, potager et douves et de plus de 46 journaux trois quartiers de terres. En 1282, Gaucher de Villers, dit le chevalier de Lentilly, seigneur de la Mairie de Vers, est autorisé à reconstruire le manoir à l´exception de son système défensif. Son successeur, Raoul des Fossés amortit le fief en 1319 et le donne au chapitre, qui inféode la mairie à Gaucher de Famechon, en 1360, puis à Pierre de Porécourt en 1458. Le fief devient à nouveau la propriété du chapitre en 1524, puis de Josse de Saveuse à la fin du 16e siècle, qui fait agrandir la contenance de l´enclos. En 1730, il appartient à Louis d´Aboval, écuyer et se compose alors d´un grand lieu et tènement amassé de cour, maison, colombier à pied, jardin potager, vergers, prés, bois et autre nature de terre, le tout compris dans un enclos fermé de bâtiments, de haies vives et fossés, d´une contenance de 25 journaux ou environ, tenant d´un côté à la rivière de Selle et au fossé du moulin, d´autre à la route de Bacouël à Saleux, d´un bout à la rue de Vers à Cléry, d´autre bout à la veuve de Nicolas Compère, Charles Dequais, dit Réal, et aux prés de l´église. La propriété comprend le fief noble de la Mairie et des terres en roture, au surplus dudit enclos.

Selon M. Crampon (1980), la mairie rurale est établie par le chapitre Notre-Dame en 1130. Le manoir, incendié en 1472, a été plusieurs fois reconstruit. L'édifice actuel conserve des vestiges du 13e siècle (chapiteaux à colonnettes sur la porte du logis). En 1730, il se composait d'un logis et d'un colombier avec cour et verger.

L´édifice est visible sur le cadastre napoléonien (doc. 1), qui figure un canal délimitant un enclos à l´intérieur duquel apparaissent des bâtiments et parcelles disposés autour d´une cour à l´est, et des jardins à l´ouest. Un pont enjambant la rivière de la Selle et prolongé par une avenue relie le manoir au village ; de l´autre côté de la Grande-Rue, une deuxième avenue mène à l´église isolée à l´est du village. Au nord, une rue, dite Haudière, aboutit également au canal formant la limite nord du manoir. Un deuxième canal relie la douve du manoir au moulin, situé au sud.

Les sources conservées aux archives départementales (série G) indiquent que la seigneurie de la mairie de Vers a été achetée par Raoul des Fossés, archidiacre de Ponthieu, et donnée au chapitre en 1319, à charge de trois messes du Saint-Esprit du vivant du donateur, et de trois messes pour les défunts, après son décès, dans lesquelles tout le revenu de ladite mairie sera distribué aux chanoines présents. Le manoir de la Mairie est l´un des deux manoirs acquis du chapitre par Robert de Heroguievre et Marguerite Eugière, sa femme. Les édifices, manoirs et masures, "ars et périlz par feu bouté en ladite ville de Ver par les Anglois, et rendus inutilles", avaient été abandonnés au chapitre. En 1426, Robert et sa nouvelle femme Robine, demandent au chapitre de leur bailler à nouveau les lieux. Ils sont tenus d´y faire reconstruire une demeure habitable dans les quatre ans. En 1619, Firmin Ducroquet, seigneur de Guyencourt, Estrées et autres lieux, vend le fief de la Mairie à Noël Fresnelet, marchand et ancien consul à Amiens, et à demoiselle Élisabeth Sallé, sa femme. En 1720, une sentence du bailliage d´Amiens condamnera Firmin-Antoine Ducrocquet, seigneur de Guyencourt, fils émancipé et héritier de feu Me Firmin Ducrocquet, conseiller au bailliage d´Amiens, à baillier aveu et dénombrement au chapitre de la cathédrale d´Amiens, pour son fief de la Mairie de Vers.

Les matrices cadastrales conservées aux archives départementales indiquent que l´ancien manoir (D 447 à 459, 362) et le moulin voisin sont la propriété de Dame Arnault, puis d´Emile Lizet-Debary, vers 1824. Lui succède Jean Monnoyer-Debary (vers 1860), puis Maurice Monnoyer, en 1915. L´édifice comprend une maison (D 451), plusieurs jardins (D 449, 450 et 452), une pépinière (D 448), un verger (D 453), un bâtiment (D 456) et une cour (D 455), ainsi que des prés et des marais, au sud de la rue du Moulin (D 457 à 461) et deux avenues transformées en chemin (D 362 et 221). Il est agrandi d´une maison de ferme, construite en 1860 pour Jean Monnoyer-Debary (D 451), d´un atelier et d´un magasin, construits en 1893, dans l´ancien verger (D 453). L´ancien logis est agrandi en 1894 et en 1935, date de la construction d´un garage.