La forteresse élevée à cet emplacement est rasée par les Bourguignons en 1472. Vers 1555, lorsque la seigneurie appartient à Louis d'Ongnies, cette forteresse est remplacée par un vaste château de plaisance. Au 17e siècle, le château, siège d'un duché-pairie, est augmenté : plan à 4 corps de bâtiment autour d'une cour carrée, cernés de douves, entourés d'un parc à la française de 70 hectares (vue de Mariette).
La marquise de Sévigné en donne une description en 1689, date de son séjour au château.
Le bâtiment dit de la garde d'honneur, à gauche de l'allée d'honneur, est construit vers 1750 pour servir d'habitation aux officiers du duc. Le domaine souffre du manque de ressources du dernier duc de Chaulnes et de son abandon pendant la Révolution. Il est vendu en 1806 avec les 350 hectares qui l'entourent, puis rasé.
L'annuaire des Châteaux et des Départements signale Louis des Coutures en 1897 et 1899, qui réside également à Paris. L'édition de 1897 précise "On voit encore dans ce domaine de très beaux restes du château du duc de Chaulnes gouverneur du Roi Louis XIV en Bretagne, dont il est si souvent parlé dans les lettres de Mme de Sévigné". Les recensements de population de 1906 et 1911 indiquent la présence de la veuve de Louis des Coutures, qui habite le château avec son fils. Elle figure dans l'annuaire des Châteaux et des Départements jusqu'en 1920.
De l'ancien domaine des ducs de Chaulnes ne subsistent, à la veille de la guerre de 1914-1918, que le bâtiment de la garde d'honneur, appelé "grand commun", situé dans l'avant-cour, à gauche de l'allée d'honneur, qui servait au logement des officiers du duc. Cette destination explique la sobriété architecturale du bâtiment, les fondations massives et l'épaisseur des murs de refends, enfin les effets décoratifs obtenus par l'alternance des panneaux de briques et des encadrements de pierre calcaire. Il est alors nommé communément château. Il faisait l'objet d'une mesure de classement au titre des monuments historiques (portail en ferronnerie, saut de loup et 2 pavillons en rez-de-chaussée, parc comprenant jardin potager, verger, allée creuse, ferme de la Grange, également dans l'enceinte du domaine).
Le dossier de dommages de guerre signale également la présence d'une salle de billard.
Pendant la guerre de 1914-1918, le parc du château est occupé par l'ennemi qui y entreprend des ouvrages souterrains, abri de mitrailleuses et observatoire bétonnés. Ces ouvrages font l'objet d'un arrêté de classement en date du 23 janvier 1922 comme vestiges de la guerre.
Au lendemain du conflit, l'entrepreneur de travaux publics parisien Alfred Chouard, propriétaire du domaine, bénéficie d'indemnités de dommages de guerre pour la reconstruction des divers éléments du domaine et la reconstitution des terres agricoles entre 1926 et 1928. La ferme, reconstruite en 1927 sur les plans d'Arthur Régnier, architecte à Roye, un logis implanté dans l'axe historique du domaine en 1929, également attribuable à l'architecte.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.