La seigneurie de Bertangles, dont le premier seigneur connu est Bernard de Bertangles (1148), passe aux Quiéret puis aux de Glisy, par le mariage de Jeanne Quiéret et Jean de Glisy, en 1524. A partir de 1611, date du mariage de Gabrielle de Glisy et de Jacques de Clermont-Tallard, elle appartient à la famille de Clermont-Tonnerre.
La terre fut érigée en marquisat par Charles X en 1829, au profit d'Amédée Marie de Clermont-Tonnerre, qui avait servi dans les armées royales. Le domaine, toujours transmis par successions et mariages, n'a jamais été vendu.
Le château de Bertangles est construit autour de 1730, pour Louis-Joseph de Clermont-Tonnerre, comte de Thoury. Sa conception est attribuée à Germain Louis Boffrand qui travaille à Paris pour la famille Lannion, à laquelle il est apparenté. L'exécution des travaux aurait été confiée à un membre de son atelier, Antoine Verlo (ou Verno**), ingénieur-architecte.
Il est reconstruit au nord-est de l'ancien manoir reconstruit au début du 17e siècle, après sa destruction par les Espagnols en 1597, sans doute pour Jacques de Clermont-Tallard et Gabrielle de Glisy. De cet ancien manoir, il ne subsiste que le portail qui dessert actuellement la ferme (étudiée), et l'ancienne chapelle, actuelle église paroissiale (étudiée).
La demeure est complétée dans le 2e quart du 19e siècle, après l'érection de la terre en marquisat en 1829, par de nouveaux communs et par des aménagements paysagers, un parc à l'anglaise signalé par A. Goze (1849) et par la pose d'un portail, acquis en 1847. La grille exécutée pour le marquis de Gouffier, par le serrurier Jean-Baptiste Veyren, dit le Vivarais, établi à Corbie, était destinée au château d'Heilly.
Endommagé par un incendie en août 1930, il ne conserve de son décor d'origine attribué à François Cressent, que l'escalier et sa rampe en fer forgé. Les pièces de réception et la bibliothèque ont été refaites à l'identique, de 1930 à 1934, par André Mailfert.
L'aménagement du parc, dans lequel A. Goze signale la présence, au milieu du 19e siècle, d'une faisanderie et d'un enclos à chevreuils, et celui de la cour d'honneur reproduisent en partie l'aspect du 18e siècle reconstitué d'après des documents authentiques par l'architecte-paysagiste Duchesne.
Chercheur du service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Picardie, puis des Hauts-de-France, depuis 2002.