Les dossiers conservés aux AD du Pas de Calais (2 o 612. 1 et 2) permettent de documenter l'histoire de la construction de l'école primaire supérieure dont il ne reste plus une trace aujourd'hui. C'est une des six écoles primaires supérieures du département.
Les discussions au conseil municipal pour envisager sa construction commencent dès 1905, en remplacement de l'école de garçons dont, ainsi que le souligne un courrier l'inspecteur d'académie au recteur d'Arras de juin 1907 le bâtiment "menace ruine et est déplorablement installé". Dans ce même courrier, l'inspecteur insiste sur la nécessité de cette construction devant laquelle "la municipalité ne saurait reculer plus longtemps sans faillir à son devoir". La décision n'est cependant définitivement arrêtée qu'en janvier 1909 !
Le programme est une école avec internat, qui doit accueillir 50 enfants minimum, répartis dans trois niveaux d'étude, avec les salles de classe et d'études afférentes, ainsi qu'une école élémentaire de quatre classes pour 200 enfants environ ("Questionnaire pour la construction d'une école", rempli par l'inspecteur d'académie en mars 1909). Ce document précise aussi que l'école sera construite sur un terrain "plan, de 40 40 ares, appartenant à la commune", loin du cimetière et de tout voisinage malsain ou bruyant... Le Conseil Départemental de l'Enseignement Primaire, lors de sa réunion d'avril 1909, valide le projet. Le compte-rendu de la réunion détaille les principales contraintes techniques que doit respecter le nouveau bâtiment : pour l'école primaire supérieure, comme pour celle élémentaire, les classes doivent faire 4 mètres de hauteur et 9 mètres de longueur, pour une largeur de 6 ou 7 mètres. Le bâtiment doit compter trois salles pour l'école primaire supérieure et quatre pour celle élémentaire, une salle de dessin, un atelier de travail manuel, ainsi qu'un dortoir "d'un volume suffisant pour accueillir 50 internes", un réfectoire, une cuisine, un parloir, une infirmerie avec deux chambres d'isolement et une salle de bains-douches. Il doit être accompagné d'une cour de récréation de "18 ares", de "6 water-closets et 10 urinoirs faciles à surveiller", et d'un préau couvert. Il est également prévu un logement pour le directeur, installé dans le presbytère, qui appartient à la commune et n'est plus occupé par le curé depuis 1907 (courrier de l'inspecteur d'académie référence ci-dessus), ainsi que des logements pour les adjoints, dont l'emplacement n'est pas précisé. Enfin, "L'école sera installée avec tout le confort moderne et abondamment pourvue d'eau potable ; elle sera chauffée par des radiateurs où circulera de la vapeur d'eau à basse pression". Le budget prévisionnel de 127 400 francs, dont 6 500 francs pour le mobilier scolaire, est jugé tout à fait raisonnable.
Les travaux de construction de l'école sont financés par un emprunt de la ville de 93 000 francs, complété par des subventions de l’État et du département.
La construction est confiée à l'architecte arrageois Ludovic Roussel qui, à la demande du maire Gaston Stenne avait, dès octobre 1908, proposé à la commune des plans, des élévations et un devis estimatif. Le choix de l'architecte est celui du maire, et non du conseil municipal, qui avait à l’unanimité choisi le projet porté par un autre architecte.
L'adjudication des lots a lieu en mars 1910.
En 1911, la commune vote un budget supplémentaire pour compléter l'école avec un laboratoire de physique accompagné du matériel nécessaire aux expériences.
La réception des travaux pour l'ensemble de l'école a lieu en octobre 1912. Les protestations émises par l’Évêché, il est vrai après le démarrage du chantier, "car le mur de derrière de l'école [devant] avoir 9 mètres de haut et [étant] surmonté d'un toit de 4 mètres environ (...) à deux mètres 25 seulement du contrefort de l'église, les sacristies et chapelle Notre Dame seront absolument privées de soleil" n'auront pas empêché la construction de l'école.
En juillet 1914, sur décision du conseil municipal, l'école est rebaptisée "Institut Faidherbe".
Détruite pendant la Première Guerre mondiale, elle n'est pas reconstruite. Le terrain laissé libre sera partiellement utilisé pour ériger le monument aux morts de Bapaume ; on y aménage également un jardin public, "le square des mères".
Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.