Photographe au service de l'Inventaire du patrimoine culturel de la région Hauts-de-France (2023).
- patrimoine de la Reconstruction
- enquête thématique régionale, La première Reconstruction
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Communauté de communes du Sud-Artois - Bapaume
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Commune
Bapaume
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Adresse
boulevard des écoles
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Cadastre
2017
000 AB 01
419, 421
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Dénominationsgroupe scolaire
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AppellationsEcole Legrand, Ecole Carlin, Ecole Blériot, collège Carlin-Legrand
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Destinationsgroupe scolaire, collège
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Parties constituantes non étudiéeslogement, cour, jardin
Plusieurs écoles primaires existent à Bapaume avant-guerre ainsi qu'une école primaire supérieure. Toutes sont détruites pendant le conflit. La municipalité décide de reconstruire une école unique en remplacement de celles détruites et les plans, bien que validés seulement en mars 1925, sont établis par l'architecte communal Eugène Bidard dès avril 1923. Le nom de l’école est un manifeste républicain et patriotique : Carlin est le nom du premier directeur de la première école laïque de garçons créée à Bapaume en 1883 et Legrand est le premier (et unique) directeur de l’école primaire supérieure, fusillé en 1918 par les Allemands pour acte de résistance. Quant à Blériot, c'est un instituteur de Bapaume, mort au front en juillet 1916 (Dégardin, p. 77).
Le respect de la Charte des sinistrés
La charte des sinistrés précise que, comme pour tous les bâtiments publics, les écoles doivent être reconstruites dans des conditions matérielles identiques à celles existant avant-guerre et qu’elles remplacent : même caractère, même destination, et même garantie de durée ! S’y ajoute le respect des contraintes règlementaires spécifiques aux écoles primaires qui datent de 1887. Il est donc intéressant de voir comment cette école respecte (ou pas) à la fois les contraintes propres à la reconstruction et les règlements scolaires en vigueur.
Cette école en remplace une (et même deux) autre(s), elle est reconstruite avec les dommages de guerre de ces écoles et d'autres biens communaux, elle n'est pas strictement au même emplacement mais reste sur le territoire de la commune... Elle a donc une destination équivalente. Cependant, elle est différente des écoles qu'elle remplace car elle n'offre pas le même niveau d'instruction (l'école primaire supérieure a disparu) et regroupe dans un même lieu des écoles auparavant dispersées sur le territoire de la commune. Elle n'a donc pas le même caractère. C'est en fait une création et pas une reconstruction, qui respecte l'esprit mais pas la lettre de la Charte des sinistrés. Quant à la garantie de durée, le fait que l’école soit encore utilisée aujourd'hui apporte la preuve que cette clause a bien été respectée !
Le respect des règles de construction scolaire
Pour juger du respect des règles de construction scolaire, on peut regrouper ces dernières en 3 grands ensembles : l'emplacement, l'organisation des locaux, et les matériaux.
- L’emplacement doit être :
* central ou facilement accessible : l'école n'est pas au centre-ville, mais elle est dans une zone proche du centre, facile à rejoindre. Une route est construite spécialement pour desservir l'école.
* éloigné des établissements dangereux et bruyants : rien d’autre n’est construit sur la zone, en particulier aucune usine.
* éloigné des cimetières : ce dernier est à l’opposé de la ville
Le choix de l'emplacement est validé par l'inspection académique : "l'emplacement est bien situé, bien aéré, éloigné du cimetière. Dans le voisinage se trouvent des cafés, mais à titre provisoire et qui disparaîtront quand les cafés définitifs seront reconstruits à leurs anciens emplacements éloignés des écoles."
- La disposition des locaux doit privilégier :
* une seule fonction par bâtiment (c'est à dire qu'on ne doit pas trouver de mairie-école dans les mêmes locaux… ce qui n’exclut pas le regroupement dans un même ensemble immobilier de bâtiments dédiés à des foncions différentes) : il n'y a dans le groupe scolaire Carlin-Legrand que les bâtiments dédiés à l’école,
* des bâtiments en rez-de-chaussée, les étages n'étant justifiés qu'en cas de forte population scolaire : seuls les pavillons d’angle ont trois étages mais ils abritent des bureaux en rez-de-chaussée et des logements de fonction dans les étages. Toutes les salles de classe sont donc en rez-de-chaussée, dans les galeries qui leur sont exclusivement destinées,
* dans le cas de groupe scolaire, des bâtiments indépendants les uns des autres, avec des entrées distinctes… et qui ménagent un espace entre l’école des filles et celle des garçons : on trouve ici trois groupes de bâtiments pour l'école de filles, celle de garçons et la maternelle, chacun disposant d'une entrée et d'une cour indépendante. L'école de garçons est même séparée de celle de filles par une rue !
* chaque classe doit bénéficier d’une entrée indépendante, l’accès se faisant directement par l’extérieur quand le climat le permet. Ici, à cause du climat du Nord, l'accès aux classes ne se fait pas directement depuis l'extérieur mais le bâtiment est semi-double, c'est à dire présentant une suite de pièces distribuées par un couloir longitudinal. Chaque classes ouvre ainsi sur le couloir,
* un bâtiment en simple épaisseur pour faciliter circulation de l’air et de la lumière : c'est le cas, en particulier grâce aux galeries,
* un préau couvert orienté afin de protéger les élèves des pluies dominantes, ainsi que sanitaires (orientés pour ne pas être sous les vents dominants) : chaque cour bénéficie d'un préau ouvert au sud, et de sanitaires installés dans l'angle opposé aux salles de classes.
- Les matériaux :
* des sols en bois durs incombustibles ou en terrazzo : les sols sont en terrazzo pour les espaces d'accueil et en chêne (donc un bois dur et résistant) pour les salles de classe,
* l'utilisation de matériaux locaux pour les élévations extérieures car ils sont moins coûteux et bien adaptés au climat. L'architecte a abondamment utilisé la brique, matériau local par excellence. Il spécifie même que ces briques doivent venir de Bapaume ou de sa région. S'y ajoute le ciment armé, matériau typique de la reconstruction. Ce sont à la fois des matériaux locaux et ceux facilement accessibles au moment de la reconstruction. Seules les tuiles mécaniques de la couverture viennent de l'extérieur de la région, sans doute parce qu'elles sont très particulières et de ce fait pas fabriquées dans les usines locales.
En conclusion
La construction du groupe scolaire intègre la quasi totalité des contraintes relatives à l'architecture scolaire. Bidard s'est montré particulièrement bon élève ! C'est d'ailleurs la conclusion du rapport du conseil spécial : "L'impression première résultant de note examen est bonne et peut se résumer en quelques lignes. Le projet est étudié convenablement, et peut donner toute satisfaction aux règlements en la matière. L'orientation d'ensemble, du Nord-est au Sud-ouest, est acceptable. L'emplacement choisi, légèrement en dehors de l’agglomération urbaine nous parait convenable et d'accès facile. Les cours sont spacieuses, les préaux correspondent par leur surface au nombre d'élèves. L'éclairage unilatéral des classes est assuré par de grandes baies, les hauteurs sous plafond et d'appui sont correctes. (...) Les prix sont ceux de la série ministérielle de 1923. En résumé, ce projet nous donne satisfaction."
Comme pour les autres bâtiments qu'il reconstruit, Bidard associe brique et béton pour les éléments de structure et les murs, du ciment travaillé façon pierre pour souligner des éléments qui scandent la façade (frises, bandeaux, soubassement, clefs ou sommiers...), ainsi que de l'enduit tyrolien pour enjoliver certaine surfaces.
L'architecte apporte également quelques éléments de modernité, comme un chauffage central en lieu et place d’un poêle dans chaque classe. Mais la plus grande originalité proposée par l'architecte est sans aucun doute la rue qui sépare les bâtiments Carlin et Legrand.
Le délai de réalisation du groupe scolaire de Bapaume (3 ans) est dans la moyenne. Ici, la principale difficulté pour mener à bien le chantier ne semble pas avoir été l’approvisionnement en matériaux, mais plutôt la difficulté à trouver une main d’œuvre qualifiée...
La comparaison entre le projet imaginé et la réalisation
La comparaison de l'existant et du projet d'Eugène Bidard montre que, hormis le bâtiment réfectoire-dortoir initialement prévu au fond de la cour de l’école de filles, la construction du groupe scolaire s'est faite en suivant les plans de l'architecte. De même, les affectations des espaces n'ont pas changé depuis la construction : bureaux de l'administration autour des rotondes, salles de classes dans les ailes en rez-de-chaussée, logements de fonction dans les étages des avant-corps (même si certains sont aujourd'hui insalubres et inoccupés).
L'apparence des façades est en revanche légèrement différente de celle imaginée par l'architecte : la forme des baies sur la façade principale des pavillons est inversée : les linteaux droits se trouvent au premier et second niveaux et sont cintrés au troisième ; les portes d'entrée sont en plein cintre, en retrait par rapport au droit du mur et encadrées de voussures en boudins de briques ; les tables portant le nom de l'école sont entre le second et le troisième niveau et pas directement au dessus de la porte ; des panneaux avec jeux de briques et carreaux de ciments blancs, qui ne figurent pas sur les projets dessinés, occupent les parties hautes des trumeaux du troisième niveau.
Éléments de contexte
Une première école laïque de garçons est créée à Bapaume en 1883. Située rue de la Fontaine (actuelle rue Marcelin-Gaudefroy), elle était dirigée par Jean-Baptiste Carlin (1849-1892). La ville compte aussi une école primaire supérieure, ainsi que des institutions privées comme l'institution Saint-Jean-Baptiste. Toutes ces écoles sont détruites pendant la Première Guerre mondiale.
En 1921, la ville de Bapaume a rouvert ses écoles publiques dans des bâtiments temporaires. Le rapport de l'Inspection académique de novembre 1921 indique que la ville dispose d'une école maternelle (enfants jusqu'à 7 ans) de deux classes et 80 élèves, de deux écoles primaires de garçons et de filles de trois classes et 130 élèves chacune. Mais les conditions d’accueil des enfants ne sont pas satisfaisantes (locaux humides, trop chauds ou trop froids, trop petits...). La simplification des procédures et des modes de financements de la reconstruction d'écoles mises en place en janvier 1922 incitent la municipalité à réfléchir à la reconstruction rapide de ses écoles.
La chronologie du projet de reconstruction
En juillet 1922, les discussions s'ouvrent au conseil municipal pour savoir s'il convient de reconstruire les écoles à l'identique et à leur emplacement ou de construite un nouveau groupe scolaire regroupant une école maternelle, une école primaire de filles, une école primaire de garçons, et une école primaire supérieure sur un nouveau site. C'est finalement cette seconde solution qui est choisie. Les plans et devis du groupe scolaire, établis par l'architecte en avril 1923, sont validés en conseil municipal en novembre de la même année, pour un montant prévisionnel de travaux de 2,416 millions de francs, financés sur les dommages de guerre de la commune. Les plans sont établis par l'architecte de la commune, Eugène Bidard, qui est également chargé de surveiller l’exécution des travaux. Le choix de l'emplacement est validé par le conseil spécial et l'Inspection académique en décembre 1923.
Dans les documents qui valident la localisation, ces deux instances rendent également un premier avis favorable sur le projet architectural. L'inspection académique insiste sur la communication à créer, pour chaque école, entre les vestiaires des classes et le préau et la nécessité d’éloigner les sanitaires des préaux. Mais, "sauf les réserves qui précèdent, le projet est bien conçu et la réalisation en est très désirable". Le rapport du conseil spécial permet d'en savoir un peu plus sur le programme architectural initial du groupe scolaire, qui comporte désormais une "école de garçons avec les logements du personnel enseignant, une école de fille avec internat et une école maternelle". Il n'y est plus question d'une école primaire supérieure. Mais l'internat est absent des plans et du devis descriptif... pourtant antérieurs à la validation par le conseil spécial ! Le groupe scolaire devra donc compter cinq classes et une salle de dessin pour les garçons, cinq classes et une salle de travail manuel pour les filles, et trois classes pour la maternelle. Chaque école devra d'autre part avoir une loge de concierge, un bureau pour le directeur ou la directrice, un autre pour son adjoint(e) qui fera également bibliothèque, ainsi qu'un préau et des "privés". Enfin, le groupe scolaire devra intégrer des logements pour les personnels, différenciés selon qu'ils sont célibataires ou en famille. Les plans définitifs sont validés par la préfecture en mars 1925.
L'école de garçons porte le nom de Carlin, celle de filles celui de Legrand, et la maternelle celui de Blériot.
L'adjudication des travaux est votée en conseil municipal public en avril 1925. Parmi les dix candidatures reçues, c'est M. Albert Deneuville, un entrepreneur arrageois, qui remporte le marché. Les travaux semblent commencer assez vite, mais en février 1927, le directeur de l'école se plaint auprès de l'Inspecteur d'académie d'être toujours dans des locaux provisoires, lesquels sont de plus en plus délabrés : "Le maire de Bapaume ne fait rien pour nous. Il promet toujours mais ne tient jamais. [...] Je suis allé visiter les nouveaux locaux jeudi dernier, il n'y avait que trois ouvriers. Non seulement ces locaux ne seront pas prêts à Pâques, mais tout laisse croire qu'ils ne seront pas prêts en octobre prochain." Quelques jours plus tard, l'architecte envoie au préfet un courrier justifiant des retards "Il n'est pas tout à fait exact que les travaux aient été interrompus. Après avoir été poursuivis normalement depuis leurs débuts, ils ont en effet subi au cours du dernier trimestre de 1926 un certain ralentissement qu'il y a lieu d'attribuer aux difficultés rencontrées par l'entrepreneur dans l'emploi de la main d’œuvre spécialisée pour la charpente, la couverture et la plâtrerie. La réduction sensible de des travaux de reconstitution ayant en effet provoqué l’exode des ouvriers de certains corps d'état. Malgré ces lenteurs passagères, les travaux des écoles n'entrent pas moins dans la période d'achèvement définitif pour ce qui concerne les bâtiments des classes. [...] Tous les travaux intérieurs de plâtrerie, carrelages, menuiserie, peinture seront terminés dans les premiers jours d'avril. Il reste actuellement à édifier les préaux." Les archives du Pas-de-Calais n'ont conservé aucun document attestant que ces délais aient été tenus, mais la délibération du 13 août 1928 validant la réception définitive des travaux indique que "les locaux scolaires [sont] occupés depuis un an".
Cette délibération, qui établit le montant définitif des travaux à 2,177 millions de francs et les honoraires de l'architecte à 109 000 francs, montre que la commune a financé la construction du groupe scolaire grâce aux dommages de guerre perçus sur de nombreux biens communaux : ceux des écoles bien sûr (école primaire supérieure, 880 000 francs ; école maternelle, 289 000 francs ; école de garçons, 394 000 francs), ainsi que d'autres plus insolites : bâtiment du fer à cheval, maison du bedeau, corps de garde et maison du concierge (pour un total de 308 000 francs), ainsi que des fonds provenant du bureau de bienfaisance (305 000 francs).
Le projet de l’architecte : les plans
Le groupe scolaire doit être édifié entre l'arrière des maisons reconstruites de la rue Gambetta et le boulevard (qui prendra par la suite le nom de boulevard des Écoles), créé à l'emplacement des anciens remparts et fossés lors du démantèlement des fortifications en 1847-48. Avant guerre le boulevard, qui n'est même pas carrossable, est bordé par des jardins (Dégardin, 1945, p. 75 à 77). C'est donc une zone peu construite qui nécessite peu de travaux de déblaiement. De plus, la totalité des terrains appartient à la commune.
Le groupe scolaire est organisé autour d'un axe de symétrie constitué par la rue Florian-Delcroix, même si l'ensemble école primaire et école maternelle, réunies dans un même bâtiment, n'est pas strictement identique au bâtiment de l'école de garçons. Bien que chaque école ait donné lieu, dans le détail, à une organisation spatiale spécifique, on constate qu'il existe une ligne directrice commune à l'ensemble du groupe scolaire : les écoles sont bâties sur cave, comptent une aile en rez-de-chaussée exclusivement dédiée aux salles de classes qui s'achève par un pavillon demi-hors œuvre de deux étages destiné aux logements de fonctions des instituteurs/trices et des directeurs/trices. L'entrée de l'école se fait par le pavillon d'angle. Un petit vestibule d'entrée donne accès aux escaliers qui desservent les étages du pavillon et à une rotonde autour de laquelle se trouvent les bureaux de l'administration, la loge du concierge et le départ des couloirs qui distribuent les salles de classes ou les préaux couverts. Ceux-ci sont tous orientés est-ouest et ouverts côté sud, ce qui permet de bénéficier toute la journée de l'ensoleillement. Dans l'aile des salles de classe, le couloir qui court sur toute la longueur du bâtiment est situé du côté de la rue, les salles de classe n'ayant ainsi vue que sur la cour.
Le projet de l’architecte : les élévations
Les baies de cette aile, sur cour comme sur rue, sont en arc surbaissé, ce qui est beaucoup plus simple que le premier projet qui proposait des baies géminées en plein cintre réunies sous une arcade en plein cintre. Les façades des pavillons sont ordonnancées à travées, les baies ayant une forme cintrée pour les deux premiers niveaux, et rectangulaires pour celles du troisième niveau. Les pans coupés montrent deux grandes baies cintrées superposées. La porte d'entrée principale, de forme rectangulaire, est entourée par deux forts piédroits. La toiture à longs pans s'achève par des croupes pour les ailes comme pour les pavillons d'angle.
Hormis une table saillante avec le nom de l'école au dessus de chaque porte d'entrée, les murs extérieurs des écoles ne portent pas de décors. Seules les formes des baies et le jeu sur les matériaux de construction viennent animer les façades : briques posées à plat pour les murs ou de chant pour les linteaux supérieurs des fenêtres cintrées, appuis et angles supérieurs des fenêtre en béton, bandeau en crépi tyrolien sous la corniche des pavillons...
Les différences existant entre les écoles
Les écoles ne comptent pas le même nombre de salles de classe, conformément au cahier des charges : cinq classes plus une salle de dessin côté école de garçons, trois classes pour l'école maternelle et cinq pour l'école de filles. Ces dernières sont réparties non pas exclusivement dans l'aile qui longe le boulevard des écoles comme pour l'école de garçons, mais dans une aile en retour d'équerre qui longe la rue Florian-Delcroix. L'aile commune à l'école de filles et à l'école maternelle est interrompue par un avant-corps central couvert par une toiture en pavillon qui abrite une salle dédiée aux travaux manuels. Cet avant-corps n'existe pas dans l'école de garçons. La cour de l'école des filles et de l'école maternelle est séparée en deux par un mur, alors qu'elle est libre dans l’école de garçons. L'école de garçon ne compte qu'un seul pavillon d'angle, au bout de l'aile en vis à vis de l'école de filles, tandis que de l'autre côté, l'aile s'achève par une salle de dessin, qui s'inscrit dans la largeur de l'aile et ne donne pas matière à un avant-corps. Ce pavillon, comme celui de l'école de fille qui lui fait face est à pan coupé sur la rue Florian-Delcroix, tandis que le pavillon d'angle de l'école maternelle forme un carré régulier. Il faut noter que le bâtiment de deux niveaux abritant le réfectoire et un dortoir situé au fond de la cour de l'école de fille et formant une aile perpendiculaire au préau qui figure sur le plan n'a pas été construit.
Les matériaux préconisés dans le devis descriptif
Les trois écoles sont construites avec les mêmes matériaux : les devis descriptifs de chaque école sont les mêmes, mot pour mot ! L'architecte utilise des matériaux traditionnels de la reconstruction : brique et béton, sapin, tuile mécanique... Il prend soin cependant de différencier les types de briques en fonction de l'endroit où elles sont employées, afin de réduire les coûts de la construction sans nuire à l'esthétique du bâtiment. Ainsi, les parties qui ne seront pas visibles sont en "briques de meule" (briques de qualité inférieure cuites dans un four en terre) : murs porteurs des caves ensuite enduits en ciment de même que les murs des préaux, murs de refend enduits en plâtre, souches de cheminées. Mais les murs des façades, où la brique est laissée apparente sont en "briques cuites au four continu, provenant de Bapaume ou des environs" et jointoyées au ciment Portland "les joints lissés au fer et à la règle". Le béton sert aux éléments structurels comme le plancher haut des caves où il est armé, mais aussi pour les appuis des croisées et des châssis en "aggloméré Coignet [béton sans armature] moulurés sur la face et les retours". L'architecte utilise également du fer IPN pour les planchers entre la cave et le rez-de-chaussée, ainsi que pour les planchers sous les pièces d'eau des appartements. Le fer est également utilisé pour renforcer les "arrières-linteaux des arcs en brique" (porte d'entrée et fenêtres des salles de classe). Sans doute pour réduire les coûts, seuls les seuils et marches d'accès aux bâtiments sont en "pierre dure n°4" (référence aux matériaux listés dans la série ministérielle de 1923). Pour les éléments décoratifs de la façade : "les clefs, sommiers, frises, bandeaux, corniches, soubassements [qui seront] moulurés et lissés avec soin pour imiter la pierre", l'architecte préconise d'utiliser un "enduit en ciment-pierre Poliet et Chausson". La frise sous les entablements bénéficiera, elle, d'un enduit tyrolien.
A l'intérieur des bâtiments, Bidard choisit de faire des "cloisons de distribution" en plâtre. Plafonds et murs sont enduits en plâtre, puis peints à l'huile pour les salles classes et les couloirs, mais les murs des rotondes et des bureaux de l'administration sont décorés en partie basse par un faux lambris "composé de cadres en sapin moulurés" et ceux des appartements sont recouverts "d'un papier de tenture au prix de 6 francs le rouleau pour les salons et salles à manger et de 3 francs pour les autres pièces". Le sol des vestibules, couloirs et vestiaires est "dallé en mosaïque Granito au prix de 45 francs le mètre carré", celui des classes et des bureaux est parqueté de chêne et les appartements (sauf les cuisines et sanitaires qui sont carrelés "en carreaux d'Auneuil rouges et blancs") sont parquetés en sapin. Le sol des préaux est en terre battue, et celui des toilettes dallé en "béton de gravillon". Les huisseries extérieures (fenêtres et portes) sont en chêne mais celles intérieures sont en sapin. Toutes sont peintes à l'huile. Enfin, les escaliers sont en orme. Pour les portes d'entrée dans les écoles et celles des classes, l'architecte précise qu'il veut des impostes vitrées en partie haute.
Pour les bâtiments des écoles, une toiture "en tuile mécanique grand moule, double emboitement et double recouvrement, marque Boulanger et Cie de Vitry sur Seine" vient recouvrir une charpente en sapin. Les bâtiments annexes, comme les préaux ou les latrines, sont quant à eux recouverts en zinc.
Le mobilier scolaire
Les archives départementales conservent un marché de gré à gré signé en février 1921 entre la ville et Monsieur Lansel, "entrepreneur en menuiserie et marchand de meubles à Bapaume" pour l'acquisition du mobilier scolaire. Celui-ci est également payé grâce aux dommages de guerre calculés sur la perte du mobilier scolaire des trois écoles de la ville. La commande comprend des tables basses à une ou deux places, avec ou sans banc, des tableaux noirs muraux ou sur chevalet, des "chaises de maitre" et des bureaux, des estrades, des bibliothèques, des stores pour les fenêtres... et 500 ports-manteaux sur barres, 415 encriers fixes, trois "œil de bœuf sans sonnerie" et une "cloche en bronze de dix kg". Le montant total est de 29 000 francs.
Les modifications ultérieures
Les murs percés de porte charretière et les clôtures qui viennent fermer les écoles sur tous les côtés font, en mars 1929, l'objet d'une seconde tranche de travaux. Au même moment, la municipalité procède à l'aménagement paysager des cours : elles seront plantées de tilleuls "avec corselet de fer" (12 pour l'école maternelle, 30 pour l'école de filles et 33 pour celle de garçons), ainsi que de troènes le long des murs de clôture. Le marché pour la fourniture des arbres est passé de gré à gré avec un horticulteur de Bapaume.
Quelques modifications ont été apportées au bâtiment, comme la suppression des multiples cheminées sur la toiture dans les années 1950. L'étude des vues aériennes (IGN) permet de voir que l'école est agrandie une première fois vers 1955, avec l'ajout d'une aile en retour d'équerre au bout de l'école de garçons, puis de nouveau en 2007, avec la construction d'une extension dans la cour de l'école maternelle, modifiée à son tour en 2015. Mais elles n'ont pas porté atteinte à la structure de l'école initiale ni à son élévation.
La transformation de l'école Carlin-Legrand en collège a eu lieu après 1975 au moment de l'instauration du collège unique.
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Période(s)
- Principale : 1er quart 20e siècle, 2e quart 20e siècle
- Secondaire : 3e quart 20e siècle, 1er quart 21e siècle
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Dates
- 1923, daté par travaux historiques
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Auteur(s)
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Auteur :
Bidard Eugènearchitecte communal attribution par sourceBidard Eugène
Architecte diplômé en 1895 de l’École supérieure des Beaux-Arts de Paris.
Membre de la société civile d’architectes La cité nouvelle fondée en 1919 par Charles Duval et Emmanuel Gonse.
(Pour plus d'informations sur la carrière d'Eugène Bidard, se reporter à l'annexe "Eugène Bidard, l'architecte de la reconstruction de Bapaume").
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Auteur :
L'emplacement, le long des anciennes fortifications, explique l'implantation tout en longueur du groupe scolaire.
L'édifice occupe deux vastes parcelles de près de 5 000 m2, séparées par la rue Florian-Delcroix qui n'est ouverte qu'aux piétons. Il comprend deux groupes de bâtiments. Au sud de la rue Florian-Delcroix (ancienne école de garçons) : trois bâtiments disposés autour d'une cour centrale, au nord (anciennes école de fille et école maternelle) un long bâtiment parallèle à la rue, auquel sont reliées trois ailes perpendiculaires déterminant deux cours.
L'ancienne école de garçons est formée d'un pavillon d'angle à pan coupé à 2 étages carrés, prolongé au sud par un bâtiment en rez-de-chaussée, en retrait d'une cour plantée et abritant des salles de classe et, rue Florian-Delcroix, d'un second bâtiment en rez-de-chaussée à usage de classes. Ces trois bâtiments sont construits en briques et couverts de tuiles mécaniques. La brique utilisée pour chacun des bâtiments est différente. Au sud, un bâtiment à 2 étages carrés, perpendiculaire au boulevard, est construit en parpaings de béton avec briques de parement (?) et couvert de tuiles mécaniques. Au centre la cour bitumée est fermée à l'ouest par un préau. Cartouche avec inscription : ÉCOLE CARLIN, au-dessus de la porte du pavillon ouvrant sur le boulevard.
Au nord de la rue Florian-Delcroix, l'ancienne école de filles et école maternelle est formée d'un pavillon d'angle à pan coupé à 2 étages carrés, prolongé, rue Florian-Delcroix, d'un bâtiment en rez-de-chaussée à usage de classes, et au nord par un bâtiment en rez-de-chaussée, en retrait d'une cour plantée et abritant des salles de classe et un second pavillon à 2 étages carrés. Ces trois bâtiments sont construits en briques et couverts de tuiles mécaniques. Le bâtiment en rez-de-chaussée est ponctué d'un fronton à demi-croupe au centre. Le pavillon d'angle est orné d'un cartouche avec l'inscription : ÉCOLE LEGRAND, au-dessus de la porte ouvrant sur le boulevard. Le pavillon nord est orné d'un cartouche avec l'inscription : ÉCOLE BLERIOT, au-dessus de la porte ouvrant sur le boulevard.
L'extension de 1955 est construite en briques. Elle reprend la même élévation que le pavillon d'angle existant mais présente sur la rue une façade aveugle, tandis que ses faces latérales, comme les pavillons d'angle de l'école initiale, présentent une façade ordonnancée à travées percée de baies rectangulaires.
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Murs
- brique
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Toitstuile mécanique
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Étages2 étages carrés, en rez-de-chaussée
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Statut de la propriétépropriété du département
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
- (c) Département du Pas-de-Calais - Archives départementales
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Documents d'archives
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AD Pas-de-Calais. Série 2O ; 2O 612.21. Bapaume. Bâtiments communaux - Groupe scolaire Carlin Legrand : élévations, coupes, devis descriptif, adjudication des travaux, validation du projet par le rectorat, procès verbal de réception de travaux.
Liste des documents figurés utilisés dans la notice :
- Groupe scolaire de Bapaume - École des Garçons : plan du 1er étage. Signé et daté par Eugène Bidard, architecte, le 30 avril 1923 ; signé pour validation par la préfecture le 31 mars 1925.
- Groupe scolaire de Bapaume - École des Garçons : coupe transversale, plan du 2ème étage de la maison d'habitation de l'école de garçons, plan de toiture de la maison d'habitation de l'école de garçons. Signé et daté par Eugène Bidard, architecte, le 30 avril 1923 ; signé pour validation par la préfecture le 31 mars 1925.
- Groupe scolaire de Bapaume - École des Garçons : façade sur cour, façade sur le boulevard. Signé et daté par Eugène Bidard, architecte, le 30 avril 1923 ; signé pour validation par la préfecture le 31 mars 1925.
- Groupe scolaire de Bapaume - École Garçons et filles : façade sur cour réfectoire et dortoir des filles, façade latérale garçons, façade latérale filles. Signé et daté par Eugène Bidard, architecte, le 30 avril 1923 ; signé pour validation par la préfecture le 31 mars 1925.
- Groupe scolaire de Bapaume - École des filles et maternelle : plan du rez-de-chaussée. Signé et daté par Eugène Bidard, architecte, le 30 avril 1923 ; signé pour validation par la préfecture le 31 mars 1925.
- Groupe scolaire de Bapaume - École des filles et maternelle : plan du 1er étage. Signé et daté par Eugène Bidard, architecte, le 30 avril 1923 ; signé pour validation par la préfecture le 31 mars 1925.
- Groupe scolaire de Bapaume - École des filles et maternelle :coupe transversale, plan du 2ème étage de la maison d'habitation de l'école maternelle, plan du 2ème étage de la maison d'habitation de l'école des filles, plan de toiture de la maison d'habitation de l'école maternelle. Signé et daté par Eugène Bidard, architecte, le 30 avril 1923 ; signé pour validation par la préfecture le 31 mars 1925.
- Groupe scolaire de Bapaume - École des filles et maternelle : façade sur cour, façade sur le boulevard. Signé et daté par Eugène Bidard, architecte, le 30 avril 1923 ; signé pour validation par la préfecture le 31 mars 1925.
Elévations, coupes, devis descriptif, adjudication des travaux, validation du projet par le rectorat, procès verbal de réception de travaux -
AD Pas-de-Calais. Série 2O ; 2O 613.2. Bapaume Bâtiments communaux - Groupe scolaire Carlin Legrand : plantation d'arbres et installation de la clôture : devis, dessins.
Liste des documents figurés utilisés dans la notice :
- Groupe scolaire de Bapaume - École des filles et Maternelle : projet de clôtures. Signé et daté par Eugène Bidard, architecte, le 10 mars 1929 ; signé pour validation par la préfecture le 21 novembre 1929.
- Groupe scolaire de Bapaume - École des Garçons : projet de clôtures. Signé et daté par Eugène Bidard, architecte, le 4 août 1929 ; signé pour validation par la préfecture le 21 novembre 1929.
Plantation d'arbres et installation de la clôture : devis, dessins. -
AD Pas-de-Calais. Série 2O ; 2O 613.7. Bapaume Bâtiments communaux - Groupe scolaire Carlin Legrand : plans de l'école primaire de garçons.
Liste des documents figurés utilisés dans la notice :
- Groupe scolaire de Bapaume - École des Garçons : plan du rez-de-chaussée. Bleu signé et daté par Eugène Bidard, architecte, le 30 avril 1923 ; signé pour validation par la préfecture le 9 avril 1927.
Plans de l'école primaire de garçons. -
AD Pas-de-Calais. Série 2O ; 2O 613.8. Bapaume. Bâtiments communaux - Groupe scolaire Carlin Legrand : Mobilier scolaire : projet et devis.
Mobilier scolaire : projet et devis.
Bibliographie
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CAPPRONNIER, Jean-Charles. L’agence d’architecture de Charles Duval et Emmanuel Gonse (1905-1937) et les enjeux de la Première Reconstruction. Thèse de doctorat sous la direction de François Loyer. Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 2007. (non publiée)
-
DÉGARDIN, Gaston. Rues et monuments de Bapaume. Arras : Presses de l'imprimerie centrale de l'Artois, 1945.
p. 75 à 77. -
WISKIELIS, Karine. La reconstruction des écoles après la Première Guerre mondiale dans le Pas-de-Calais. Mémoire de maîtrise sous la direction d'Eric BUSSIERE, Université d'Artois, Arras, 1998.
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Archéo - bulletin de la société archéologique et historique de Bapaume et sa région. n° 78, octobre 2005
n° 47, octobre 1987.
Documents figurés
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[Vue générale avec l'aile basse de l'école Carlin]. Photogaphie, vers 1930 (coll. part.). Vue orientée Sud-Ouest - Nord-Est.
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[Cour de l'école Carlin], photographie de classe, 1931 (Coll. Part.).
Annexes
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La reconstruction des écoles dans le Pas-de-Calais après la Première Guerre mondiale
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Les matériaux de la reconstruction à Bapaume
Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.
Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.