Photographe au service régional de l'Inventaire général du patrimoine culturel.
- patrimoine de la Reconstruction
- enquête thématique régionale, La première Reconstruction
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Communauté de communes du Sud-Artois - Bapaume
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Commune
Bapaume
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AppellationsSalle paroissiale Jean-d'Arc
Éléments de contexte
Le projet s'intitule "Patronage de Bapaume", c'est-à-dire la salle accueillant les activités du patronage paroissial, dont l'objectif est d'éduquer des jeunes gens des classes laborieuses, de leur apporter en cas de besoin une aide matérielle et spirituelle et d'organiser leurs loisirs.
La salle est rebâtie sur un "terrain avec ruines" (devis descriptif, AD Pas-de-Calais, 10R9/72, dossier 1033), occupé avant-guerre par le bureau de bienfaisance, elle sert d'église provisoire jusqu'en novembre 1929, date de la consécration de l'église définitive. A côté de la salle, un clocher hors-œuvre en bois abritait une cloche (Dégardin, 1945). Selon le journal La semaine religieuse de février 1925, la cheville ouvrière de cette reconstruction est "l’abbé Ledoux que l’on vit tour à tour exercer les professions de terrassier, maçon, charpentier, serrurier, menuisier".
La chronologie du projet de reconstruction
Le projet de reconstruction est porté par la Société immobiliére du Pas-de-Calais. Il est confié à Eugène Bidard, hors du cadre de la Coopérative de reconstruction n°1 dont il est l'architecte attitré, pour un coût de 133 000 francs. Les travaux de la salle Jeanne d'Arc commencent en 1923, date de dépôt des plans auprès de la commission cantonale. La clôture administrative du dossier a lieu en 1928.
Le projet de l’architecte : les plans et les élévations
Les plans dressés par l'architecte montrent une grande salle rectangulaire sans points d'appuis, couverte par des fermes métalliques. La salle doit accueillir une scène et des coulisses ainsi qu'une tribune au-dessus du petit hall d'entrée. Une salle de billard est également prévue au sous-sol.
La façade présente un pignon chantourné découvert interrompu par un petit fronton triangulaire et est décorée d'une grande croix.
Les matériaux préconisés dans le devis descriptif
Le devis descriptif apporte des informations sur les matériaux employés. Le sol du sous-sol est en mortier de briquaillons, le plancher haut en voutains de béton, les seuils et marches en pierre dure, les linteaux des baies et arrières-linteaux des arcs en brique en fer, les appuis de croisées en "aggloméré Coignet" , les murs de façade en "briques cuites au four continu, provenant de Bapaume ou des environs" et les murs séparatifs en briques de meule, les cloisons intérieures en carreaux de plâtre, la voute "hourdée et enduite en plâtre sur ossature en métal déployé", les huisseries extérieures en chêne et celles intérieures en sapin, le sol de toute la surface du rez-de-chaussée "dallé en carrelage granito sur forme en béton", la couverture en tuiles mécaniques "à double emboitement de marque Boulanger de Vitry-sur-Seine". La tribune sera en sapin avec un plancher en fer hourdé plein. La scène aura un plancher en sapin. L'architecte précise qu'il n'y aura aucune peinture sur les murs, seule "la frise sera peinte à l'huile". "Les parements des murs de façade seront parfaitement dressés, ainsi que les tableaux des baies. Les clefs, sommiers, frises, bandeaux, corniches et soubassements seront enduits au ciment Portland, teinté et mouluré - lissé avec soin pour imiter la pierre".
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Période(s)
- Principale : 1er quart 20e siècle, 2e quart 20e siècle
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Dates
- 1923, daté par source
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Auteur(s)
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Auteur :
Bidard Eugènearchitecte attribution par sourceBidard Eugène
Architecte diplômé en 1895 de l’École supérieure des Beaux-Arts de Paris.
Membre de la société civile d’architectes La cité nouvelle fondée en 1919 par Charles Duval et Emmanuel Gonse.
(Pour plus d'informations sur la carrière d'Eugène Bidard, se reporter à l'annexe "Eugène Bidard, l'architecte de la reconstruction de Bapaume").
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Auteur :
La salle Jeanne d'Arc est bâtie à front de rue, dans une zone où il n'y a pas d'habitations. Une grande cour, ceinte d'un mur en brique, jouxte la salle sur le côté gauche.
Entièrement construit en briques rouges, c'est un bâtiment d'un seul vaisseau, construit sur cave, à deux niveaux de façade et trois travées. Il est couvert par une toiture à deux pans légèrement débordante. Le pignon, qui suit le tracé de la rue, est légèrement de biais. Le plan ne forme donc pas un rectangle parfait.
Le mur droit ne porte aucune ouverture. Les baies se trouvent uniquement en façade et sur le mur gauche : un seul niveau de grandes baies rectangulaires inscrites dans un chambranle en briques légèrement cintré alternant avec des tables enduites en béton.
Le bâtiment ne porte aucun ornement, pas même une croix rappelant qu'il s'agit d'une salle paroissiale. Les seuls décors sont les éléments inclus dans l'architecture : le calepinage en damier des briques sous les petites baies du premier niveau, les voussures autour de la porte d'entrée, la corniche surmontant la grande fenêtre centrale, l'utilisation d'un enduit béton pour le sous-bassement, les linteaux et appuis des baies et les tables affleurées situées autour et en dessous des baies.
L'intérieur du bâtiment ne comporte aujourd'hui que deux petits bureaux situés de part et d'autre d'un petit hall qui donne directement sur une grande salle. Cette dernière ne comporte ni scène ni tribune. Il n'a pas été possible de savoir si ces derniers n'ont jamais été construits ou s'ils ont été détruits lors de d'aménagements ultérieurs.
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Murs
- brique
- béton
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Toitsciment amiante en couverture
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Étagessous-sol, 1 vaisseau
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Couvrements
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Élévations extérieuresélévation ordonnancée
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Couvertures
- toit à longs pans
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Statut de la propriétépropriété d'une société privée
La Société immobilière du Pas-de-Calais, dont le gérant est un chanoine, est également le maitre d'ouvrage du collège Saint-Jean-Baptiste (architecte Paul Clavier) et du presbytère (architecte Eugène Rousseau, AD Pas-de-Calais, 10R9/). Il est intéressant de noter que la Société n'a jamais adhéré à une coopérative. Pour chaque projet elle a fait appel à des architectes différents, bien que tous aient cependant travaillé pour l'une des trois coopératives de reconstruction de Bapaume.
Bidard propose une construction dont la structure (charpente métallique et remplissage en briques) est identique à celle des granges et écuries qu'il construit pour les grandes fermes situées à la périphérie de Bapaume. Les matériaux sont ceux que l'on retrouve pour toutes les constructions : brique avec quelques enduits (ici béton). L'utilisation parcimonieuse de la pierre, les murs laissés nus, le sol en terrazzo sont autant d'indices d'une construction qui doit être faite vite et à moindre coût... Seuls la porte bâtarde en retrait sous son arc en plein cintre souligné par des voussures aux arrêtes vives et le pas-de-porte constitué d'une volée de marches droites apportent un peu de monumentalité au bâtiment.
il est intéressant de noter que dans le marché avec l'entrepreneur et l'architecte, la Société Immobilière se réserve le droit "d'employer dans la construction les matériaux qui pourraient lui être fournis par l’État [et] dans le cas où il y aurait des difficultés à obtenir des briques à four continu, d'employer des briques d'autres provenances". Ceci confirme la pénurie de matériaux de construction à laquelle sont confrontés les acteurs de la Reconstruction.
Plusieurs différences apparaissent entre le projet et la salle réalisée : la façade offre un pignon triangulaire avec une toiture débordante et non un pignon chantourné débordant ; elle ne porte pas de croix...
Le bâtiment a servi d'église provisoire, mais il n'avait pas officiellement cette dévolution puisque le projet financé par les dommages de guerre s'intitule "salle de patronage". Sa construction n'a donc pas été imputée sur l'enveloppe des dommages de guerre affectés à la reconstruction de l'église définitive, comme cela aurait été le cas pour une église provisoire. Cela explique également que le projet soit porté par une société privée et non par la commune, ce qui aurait été le cas pour une église provisoire "officielle".
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
- (c) Département du Pas-de-Calais - Archives départementales
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- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
- (c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
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Documents d'archives
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AD Pas-de-Calais. Série R, 10R9/72, dossier n°1033 : dossier de dommages de guerre de la Société immobilière du Pas-de-Calais pour la construction d'une salle de spectacle - Eglise paroissiale temporaire, actuelle salle paroissiale : devis descriptif, marché, convention d'acompte, plans.
Liste des documents figurés utilisés dans la notice :
- Patronage de Bapaume : façade latérale ; coupe transversale ; coupe vers la tribune ; façade sur rue ; coupe vers la scène. Daté et signé par le propriétaire et Eugène Bidard, architecte, le 20 mars 1923.
- Patronage de Bapaume : plan du rez-de-chaussée ; tribune du 1er étage ; façade au fond du terrain ; plan du sous-sol. Daté et signé par le propriétaire et Eugène Bidard, architecte, le 20 mars 1923.
Devis descriptif, marché, convention d'acompte, plans.
Bibliographie
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BONIFACE, Hervé. La reconstruction des églises du diocèse d'Arras entre 1918 et 1939. Mémoire de maîtrise sous la direction d'Eric BUSSIERE, Université d'Artois, Arras, 1998. Non publié.
p. 28 à 31 (p.29 pour Bapaume).
Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.
Chercheuse de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Hauts-de-France.