La nécessité d’une piscine couverte à Saint-Omer
La ville de Saint-Omer a fait construire en 1966 un stade nautique municipal à bassin olympique (projet confié à l’architecte Gilbert Platiau), le long des remparts Vauban, à côté du parc municipal. Mais cette piscine, à eau réchauffée, n’est utilisable que pendant les mois d’été. Elle ne répond donc pas aux besoins en matière d’apprentissage de la natation, inscrite dans les programmes scolaires à raison de 12 heures par an pour le 2nd degré. D’où la nécessité de mettre à la disposition des scolaires une piscine couverte, utilisable toute l’année. Si un projet de couverture de la piscine découverte est proposé, cette option est finalement abandonnée au profit de la construction d’une piscine et d’un gymnase, installations sportives rattachées au Lycée Ribot.
Pour répondre à la règle du plein emploi des équipements sportifs (c’est-à-dire suppression de la dissociation entre piscines scolaires et municipales afin de permettre la pleine exploitation des piscines), voulue par Maurice Herzog, Haut-Commissaire à la Jeunesse et aux Sports, et instaurée par la circulaire du 27 novembre 1962, la piscine Solaris est destinée non seulement aux élèves du lycées, mais également aux scolaires des autres établissements de la ville et des communes alentours, ainsi qu’aux clubs sportifs, et au public les heures restantes. La piscine universitaire José-Savoye à Lille (1966), fonctionne également de cette manière : elle est ouverte pendant les mois d’été au public. La gestion et le contrôle de la piscine Solaris est assurée par la ville, déléguée par le Lycée par convention.
Un projet long à aboutir
Le projet de cet équipement sportif est supervisé par l’État. Il est inscrit au programme du Ve Plan (1966-1970). Les crédits sont alloués le 28 février 1966 pour la première partie du programme (gymnase) et le 10 février 1967 pour la deuxième partie (piscine). L’élaboration du projet est confiée à Maurice Ego, architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux, spécialisé dans les grands ensembles scolaires. Du fait de l’exiguïté du terrain disponible, l’architecte choisit de superposer les deux installations : piscine au rez-de-chaussée et gymnase à l’étage. On retrouve cette disposition dans d’autres piscines scolaires, par exemple au Lycée Paul-Langevin de Suresnes (1927).
L’exécution du projet est retardée par les délais nécessaires à l’homologation technique obligatoire de la part du secrétariat d’État à la Jeunesse et aux Sports, ainsi que par le service des Monuments Historiques, qui a bloqué le projet, dans un soucis de faire respecter le site protégé de la chapelle du Lycée et de l’ancien hôpital Coste, annexe du Lycée. D’abord prévu dans l’enceinte du lycée, la municipalité propose alors de déplacer l’équipement sur un terrain proche, entre les rues Thiers et de la Manutention, terrain partiellement occupé par des lotissements vétustes (qui sont démolis, après le relogement des habitants). Le projet est finalement accepté par les services des Monuments Historiques, de l’Éducation Nationale et ceux de la Jeunesse et des Sports.
Des subventions supplémentaires sont négociées, au vu des augmentations du coût des travaux. Une nouvelle adjudication est proposée le 4 décembre 1969, mais l’État refuse car les écarts de prix étaient trop importants par rapport à ceux proposés en 1966. Des économies sont alors recherchées dans le projet. Des subventions sont finalement octroyées par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, et par le département du Pas-de-Calais en septembre 1970, à hauteur de la moitié des emprunts contractés par la Ville de Saint-Omer.
Le chantier est lancé en juin 1971 et la piscine ouvre le 29 octobre 1973. Les entreprises de constructions audomaroises André Quéret et la Société Commerciale d’Etudes industrielles sont chargés des travaux de gros-œuvre et de charpente métallique, pour un montant total de 4 808 311 francs.
L’utilisation au cours de la première année d’exploitation (1974)
Comme le décrit le Bulletin municipal d’informations de décembre 1974, la piscine Solaris a d’emblée trouvé son plein emploi. Elle est utilisée tous les jours par les scolaires de 8h à 12h et de 14h à 17h, sauf les mercredi et samedi après-midi, et le dimanche ; les heures restantes, la piscine est ouverte au club des Dauphins audomarois (qui comprend un groupe d’apprentissage/ initiation, un groupe de perfectionnement et un groupe de compétition). Pas moins de 28 343 élèves ont fréquenté la piscine, entre octobre 1973 et l’été 1974. Ces chiffres montrent que la piscine répond donc à une très forte demande de la part de nombreux établissements publics et privés, de la ville ou des alentours. La surveillance et les cours sont assurés par trois maîtres-nageurs et un chef de bassin.
La piscine aujourd’hui
La piscine ne semble pas avoir connu de gros travaux de rénovation, mis à part en 1987, suite à un incendie criminel, provoqué dans la nuit du 10 février 1987. Déclenché dans la caisse, l’incendie a surtout atteint les circuits électriques et les installations techniques. L’architecture a ainsi été préservée.
Au début des années 2010, la piscine souffre de vétusté. Un projet de nouveau complexe aquatique intercommunal émerge, visant à remplacer la piscine des remparts (fermée en 2003) et à terme la piscine Solaris, obsolètes et qui ne sont plus à même de répondre aux nouveau besoins en matière de loisirs aquatiques et de bien-être. Cette dernière, se détériorant, connaît quelques travaux de réparation urgents en 2010, afin d’assurer la sécurité des nageurs avant sa fermeture, déjà annoncée. Ainsi, les structures ont été renforcées, le bâtiment désamianté et l’étanchéité refaite, ainsi que le système de goulotte. Des disques colorés rouges sont fixés sur les façades en plaquettes en terre cuite afin d'animer l'esthétique du bâtiment, jugé austère.
Le complexe aquatique Sceneo, situé à Longuenesse, est inauguré le 20 janvier 2015, sonnant le glas de la piscine Solaris, qui ferme définitivement au public le 15 février 2015. Elle est utilisée une dernière fois le 14 mars 2015 lors de la « Nuit de l’eau » (évènement caritatif).
Aujourd’hui elle est à l’abandon, son bassin a été vidé et le matériel vendu aux enchères par la ville. Pour le moment la salle de sport à l’étage est toujours utilisée par les scolaires, mais le bâtiment reste menacé de destruction.
Né en 1918. Architecte DPLG actif en France de 1946 à 1978 environ. Il entre en1938 à l’École des arts décoratifs et achève ses études à l’École des beaux-arts de Paris, refondue durant la guerre. Il participe après 1945 au concours du prix de Rome. Établi à Paris, il devient rapidement architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux.
Il est notamment l'auteur de plusieurs grands ensembles scolaires, par exemple : le lycée Joliot-Curie à Hirson (62), 1957-1964, ou encore le lycée et gymnase Gérard de Nerval à Soissons (02), inauguré vers 1964.