Fondé par Bertin, Momelin et Ebertram, moines missionnés par Omer afin d'évangéliser cette contrée, le monastère fut le centre d'une vaste propriété foncière et constitua avec Saint-Amand et Saint-Vaast d'Arras l'une des abbayes les plus puissantes du nord du royaume. La richesse et la beauté de ses bâtiments en faisaient l'un des monuments les plus prestigieux de la région. Des fouilles archéologiques et quelques dessins exécutés au 19e siècle permettent de retracer les dispositions architecturales des églises qui s'y sont succédées. De l'église romane édifiée à partir du milieu du 11e siècle subsistent de beaux chapiteaux et les fragments d'une mosaïque conservés au musée de l'hôtel Sandelin. Le chantier de l'église gothique qui s'y trouve s'est échelonné de 1325 (choeur) à 1520 (façade ouest).
Le site fut bouleversé à partir de 1830 lorsque la municipalité entreprit la destruction de l'édifice en épargnant toutefois la tour occidentale qui s'effondra cependant trois ans après les bombardements de 1943.
D'une hauteur modeste (25 mètres sous voûtes), l'église comprenait un vaste sanctuaire en hémicycle desservant cinq chapelles rayonnantes. Celui-ci a servi de modèle à l'ensemble de l'église dont la construction achevée deux siècles plus tard présentait cependant une grande unité. Au-dessus des grandes arcades courait un triforium aveugle dont le mur de fond avait été décoré de figures peintes dans le choeur. Sur la partie sud de la nef, ce triforium avait été aménagé en tribunes afin d'accueillir les hôtes de marque. Cette tribune donnait accès au quartier des princes construit au 15e siècle dans le cloître. Elevée à l'avant de la nef, la tour, haute de 48 mètres commandait l'ensemble du monastère entièrement isolé par les eaux canalisées de l'Aa.