Au moment de la construction du premier hôpital, monsieur Lens, conducteur des Ponts et Chaussées à Etaples, propose à l´Etat de vendre les lais et relais de mer qu´il possède sur la plage. Il compose les lots selon un plan orthogonal. Le 26 décembre 1863, trente-trois lots répartis sur 60 hectares 15 ares et 88 centiares sont cédés par les Domaines. Cela signe la naissance de la station de Berck, qui devient la deuxième station balnéaire créée sur la côte d'Opale, la première étant Boulogne-sur-Mer, créée en 1824.
Il y a trois grands acheteurs : Jean-Baptiste Simon Dubois, propriétaire à Paris, venu soigner sa fille malade, Alfred Albert (?) Macquet, et Emile (?) Delhomel, banquier à Montreuil, qui achète le lot de garennes entre la rue de l´Impératrice et le chemin au Raisins, au sud de l´Entonnoir, devenu quartier Lhomel. Dès 1866, les différents "grands" propriétaires redivisent le terrain en vingt-sept lots, couvrant une superficie de 7 hectares, 84 ares et 68 centiares, composé d'environ 150 parcelles, qui sont vendus comme spécialement à bâtir, indiquées sur le "plan de lotissement des terrains à vendre " (fig.1) et formant en 1885 les quartiers "Central" et "Rothschild".
Le plan de 1866 montre les différentes constructions déjà existantes ; celles concentrées autour de l´Entonnoir, avec notamment les deux hôtels (hôtel de la Plage à côté du calvaire et l´hôtel des Bains), quelques chalets (?) le long du rivage, les rues qui portent les noms des différents propriétaires (Theillier, Macquet, Dubois) et les terrains et parcelles à vendre. Les candidats à l´achat peuvent s´adresser aux différents propriétaires : messieurs Dubois ou Theillier (architecte) à Paris, l´hôtel des Bains, de la Plage ou de Berck, ainsi qu´aux notaires Cachelou installé à Montreuil ou Lecomte à Verton. Les noms de Dieudonné, Macquet, Cachelou y sont les plus fréquents.
En comparant ce plan avec le "plan de la plage divisée en quatre quartiers " de 1885 (conservé à la Bibliothèque Nationale) et le "plan dispositif des chalets et villas" de 1912 (Archives privées), on constate que les lots à bâtir vendus en 1866 sont délimités par l´hôpital Maritime et le corps de garde, emplacement sur lequel est construit l´hôpital Rothschild. Cela rend compte du caractère déterminant du développement hospitalier du site dans le processus d´urbanisation. Jusqu´en 1881, la presque totalité des chalets reste comprise entre ces deux hôpitaux, matérialisant les limites nord et sud de la plage. Les plans successifs permettent également de mesurer l´évolution des parcelles et de la construction des chalets : en 1885, le quartier de la plage accueille déjà 250 habitations, plutôt concentrées dans le quartier Central, le quartier Rothschild abritant les propriétés privées de la famille Rothschild. Une analyse fine du parcellaire ainsi qu'un dépouillement systématique des matrices cadastrales permettrait de retracer l'évolution complète. Quelques sondages dans les matrices cadastrales ont permis de faire quelques constats : Jean-Baptiste Dubois, propriétaire de 8 parcelles de sable, réalise une "construction nouvelle" en 1868, qui sera vendue ou partagée en parcelles à partir de 1870 à 1878. Macquet achète une parcelle en 1869 et la revend au baron James de Rothschild en 1871 qui y construit un hôpital, agrandi en 1882. Sur cette parcelle, la veuve du baron, Laura de Rothschild, construit également un chalet appelé Oyats, d´après les plans d´Emile Lavezzari.
Les chercheurs Guy et Michèle Crepin ont mené un travail sur l'identification des chalets par une comparaison et analyse d'une large iconographie.
Chercheur de l'Inventaire général du patrimoine culturel.